vendredi, septembre 29, 2006

Posez-moi la question

Aujourd'hui est une journée spéciale dans ma vie professionnelle. C'est le lancement du site web corporatif de mon entreprise. Beaucoup de stress, de semaines de labeur, de tergiversations, de certitudes puis d'hésitations, de désir de perfection, beaucoup de fébrilité et très peu de sommeil. Ça y est, j'ai fait le saut. Il y a enfin un aboutissement à tout ça, et c'est aujourd'hui que ça se passe.

Cette grande étape implique beaucoup de boulot, de déplacements, de téléphones, de courriels, de gestion, quoi.

Mais puisque je suis mère d'abord et avant tout, je prends tout de même le temps d'aller, entre deux obligations professionnelles, acheter des souliers pour mon fils de cinq ans, dont les souliers actuels "peuvent faire des bouches lorsqu'on décolle la semelle, regarde maman, mes souliers parlent!".

Certaine d'avoir fait un choix judicieux qui le fera sauter de joie et de gratitude, je lui présente la boîte contenant ses nouvelles chaussures lorsqu'il vient dîner à la maison. Son air est méfiant, à croire qu'il sait déjà qu'il sera déçu des goûts exécrables de sa mère. À peine la boîte ouverte, l'Insatisfaction dans toute sa splendeur, la Criiise!

"Beeeeen làààà! C'est pas ceux-làààà que je voulaiiiiiis! (en continuant pourtant de les sortir de la boîte et de les observer, en ouvrant le tiroir pour prendre les ciseaux et couper le ti-fil de plastique, en s'asseyant par terre pour les essayer).

"Ils sont pas beauuuux, je voulaiiiiiis des souliers avec des SpiiiderMaaaan, c'est ceux-là que j'aime moi, c'est ceux-là mes préférés!!"

-Poupou, il est hors de question que je t'achète des souliers avec des bonhommes, tu le sais, je trouve ça affreux.

-Ouiiiiiiiii mais ceux-là, ils sont pas beaux, ils sont vraiment laids et en plus, ils ont juste "une tite ligne" (on appelle ça un velcro mon amour) au lieu de deux et c'est pas des comme ça que je voulais!!

Dernière chance, je joue la corde sensible, la corde proscrite, la corde manipulatrice.

-Je vois que tu es déçu. C'est dommage, j'aurais bien espéré te faire plaisir. J'aurais apprécié entendre quelque chose comme "Oh, merci maman ! C'est gentil d'avoir pensé à remplacer mes vieux souliers, je suis content".

Il continue de protester, puis soupire.

Je lui enlève les souliers, les remets dans la boîte et essaie de ne plus écouter ses vilaines paroles visant vraisemblablement à dénigrer mon sens esthétique en matière de souliers pour enfants et ainsi détruire une partie de mon estime maternel.

-Beeeeen làààà!! Merci quand même, tsééé! dit en soupirant avec exaspération avant de me rappeler une énième fois que ces horribles souliers ne lui plaisent pas.

Deux de ses grands frères toujours reconnaissants pour la moindre attention assistent à la crise d'insatisfaction, impassibles, le regard compassif pour leur si gentille maman rejetée de la sorte par la dureté de son Capricieux. Mon Grand vient me flatter le dos en guise de soutien moral, je dois l'avouer, fort apprécié.


****

C'est l'heure de dîner. Wow, maman a acheté des beignes. Il n'y en a que deux et nous sommes quatre pour dîner. Nous devrons donc les couper et les partager. Grand frère coupe le premier au chocolat, Moyen frère coupe le deuxième à l'érable. Les deux mangent les deux moitiés au chocolat (si vos compétences algébriques sont correctes, vous devriez arriver à un tout).

Petit Capricieux, voyant ses frères manger le beigne au chocolat, tombe en mode "crise extrême", tasse son restant de soupe illico, sort de table et se rue sur Moyen frère, tente de lui arracher sa moitié de beigne au chocolat de la bouche, tire sur son chandail, pousse, tire-pousse-tire-pousse-tire-pousse.

Je tente de calmer mon hystérique tandis que Moyen frère se protège la tête d'une main, le beigne de l'autre. Petit Capricieux pleure et crie, est dans une grande colère, sautille sur place, les joues humectées de perles de détresse (c'est beau hein!). Je tente de le resaisir, de capter son attention. En vain.

Il est pris dans un tourbillon de colère, "il avait RÉSERVÉ le beigne" et Moyen frère (qui l'avait en réalité réservé bien avant) l'a trahi. Petit Capricieux est au bord de l'agonie tandis que je demeure perplexe. C'est mon fils, ça? MOI, si digne, si respectueuse, si reconnaissante lorsqu'il le faut, j'ai engendré un ingrat caractériel pareil?

Petit Capricieux refuse la moitié de beigne à l'érable qui lui était destinée, ne bronche même pas en voyant Grand frère l'engloutir. C'était le chocolat qu'il voulait, et rien d'autre. Il aurait agressé son frère jusqu'à sa dernière bouchée, prêt à lui enfoncer les doigts dans la gorge et la volonté assez grande pour se rendre jusqu'à l'estomac pour être sûr d'avoir son dû s'il avait pu.

Moi qui ai tant jugé les parents des enfants qui pétaient des crises aux caisses des centres d'achats. ..."Petits morveux", que je me disais, "tes parents vont bien finir par te ressaisir, te faire comprendre qui est le boss". Pfff! Foutaises!!!

Pourquoi mes trois aînés sont-ils raisonnables et reconnaissants? Pourquoi eux comprennent-ils mes limites? Au même âge, ils étaient déjà si raisonnables, jamais une seule crise, et s'il y avait l'ébauche d'une crise, ils étaient ressaisis sur-le-champ. Crise et maman, ça ne rime pas DU TOUT ensemble.

Posez-moi la question, juste pour voir, si j'aurais fait autant d'enfants si Petit Capricieux était né le premier....allez....osez....

mercredi, septembre 27, 2006

Le derrière de la boîte

Fidèles à leurs habitudes, mes fils de cinq et sept ans s'obstinent pendant le déjeuner. Les deux font face à la boîte de céréales.

Je surprends des bribes de conversation. Mon fils de sept ans affirme que les trois bonhommes sur la boîte se nomment Cric, Crac et Croc.

Mon contestataire de cinq ans, qui ne connait rien à l'escalade graduée, part au front pour défendre haut et fort que ce n'est pas vrai.

Son frère affirme de nouveau, entre deux bouchées, son allégation: il s'agit bien de Cric, Crac et Croc.

Contestaire s'objecte. Impossible. Qui aurait pu donner des noms aussi primitifs à trois personnages aux gueules somme toute sympathiques? Il ignore leurs "vrais" noms, mais il est hors de question que ce soit ceux que son frère propose.

Le ton est à la hausse dans la cuisine, il n'y a aucun consensus en vue. Mon homme intervient. Contestataire cherche un appui de son côté. Il déchante rapidement, mon homme connaissant intimement les noms des familiers copains de son enfance.

Au cas où il y aurait conspiration contre lui, un Contestataire bien désespéré vient tout de même valider auprès de moi. "Je suis désolée, ton frère a raison. Il s'agit bien de Cric, Crac et Croc."

Contestataire est littéralement décontenancé et continue de s'obstiner un peu, pour la forme, puis le ton redescend, même s'il n'admettra jamais qu'il a tort...

Cette charmante anecdote m'amène au coeur de ma réflexion, qui concerne plutôt le dos de la boîte. En fait, je suis rebutée par les ignominies que l'on imprime au dos des boîtes de céréales (pas spécifiquement celles-là) pour divertir les enfants. "Du plaisir pour toute la famille!", "Hé mon ami, sors tes ciseaux et aies des heures de plaisir!". C'est moi qui suis snob, ou il y a vraiment une clientèle qui découpe ces niaiseries pseudo-pédago-ludiques?

Si Cric, Crac et Croc ont passé à travers les années comme de fidèles compagnons que l'on reconnaît aisément, ne devrait-on pas les utiliser comme renforcement d'un concept marketing qui a déjà fait ses preuves? Cric, Crac et Croc à la rescousse de l'endos de la boîte...

Je lirais volontiers une bande dessinée sur les aventures des trois gais lurons, ou encore des capsules-info sur les ingrédients (genre le nombre de gerbes de blé nécessaire à la fabrication d'une boîte de céréales, le nombre de boîtes de céréales X vendues quotidiennement au pays, le nombre de fleurs ayant dues être butinées par l'abeille pour mettre la quantité de miel (en supposant que ce soit du vrai miel) présente dans la boîte etc.

On lit à peu près tous le dos de la boîte (dans mon cas, à cet âge, la boîte devait obligatoirement être placée entre mon frère et moi pour m'éviter de devoir le regarder, et semble-t-il que mon joli visage rebutait également Frérot, qui avait aussi besoin de son écran). Aussi bien y lire des choses intéressantes...

L'insulte matinale

Quelle vile parole peut être assez puissante pour provoquer une colère dévastatrice pendant cinq minutes chez un enfant de cinq ans d'humeur pourtant joyeuse depuis son lever?

Je veux bien vous le dire, mais vous devez d'abord promettre de ne jamais l'utiliser contre une autre personne, même si cette dernière vous a préalablement jeté quelques Légo par la tête.


Alors, vous promettez??


D'accord.



MachouPichou. Voilà l'Insulte Suprême. Qualifier votre petit frère de MachouPichou dans le but évident de l'humilier et d'écorcher son estime personnel peut vous valoir une crise d'hystérie digne de ce nom.

Bon, ne me demandez pas ce que ça mange en automne un MachouPichou, mais ce n'est sûrement pas gratitifant, et certains le comprennent plus vite que d'autres.

Tenez-vous le pour dit.

mardi, septembre 26, 2006

La boîte à lunch magique

Voilà l'objet de votre convoitise. La solution à vos maux du matin, en dépit de ce que toutes les chroniques "agrémentez la boîte à lunch de vos enfants" peuvent prétendre.

Votre aîné n'aime que les pommes jaunes. Il préfère le pain brun au blanc. Enfin au secondaire, il a maintenant droit à la plupart des proscriptions du primaire. Bonjour les noix, bonjours les pépites de chocolat inoffensives de vos divins biscuits! Votre aîné, à votre grand bonheur, fait son lunch lui-même. Un casse-tête de moins pour vous.

Votre deuxième fils a neuf ans. Il n'aime pas le melon d'eau, pas le melon de miel, pas les fraises, pas les bleuets, pas les framboises. Il réclame de la laitue dans son sandwich, juste par-dessus la moutarde. Il aime le yogourt, mais juste à la maison. Il aime les bananes, mais pas les prunes, ni les pêches. Il n'a pas droit aux graines de sésame à la collation à cause de l'allergie de Daphnée, "mais le midi, ça va puisque Daphnée ne mange pas avec nous". Il n'a pas droit aux kiwis à cause de l'allergie de Maxime, pas droit aux produits laitiers à cause de l'intolérance aux protéines bovines de Gabriel, pas droit aux noix à cause des dizaines d'allergiques de l'école. Ah. Et l'école autorise les pépites de chocolat dans les muffins et barres tendres le vendredi seulement, mais il ne peut profiter de cette journée spéciale car le vendredi, ses frères et lui mangent à la maison.

Votre quatrième fils a cinq ans. Il rafole des pommes, des bananes, des melons de toutes sortes. Il vous supplie chaque matin de consentir à lui mettre un yogourt dans son lunch "même s'il en a déjà mangé un pour déjeuner". Il rêve du jour où vous lui mettrez des sushis dans sa boîte à lunch. Il n'aime pas la moutarde dans son sandwich, ni le fromage, "surtout pas s'il a des trous". Il aime que son sandwich soit coupé en quatre triangles.

Comme pour ses frères, les noix sont interdites. Il ne peut manger de baklava "parce qu'Élizabeth-Jade est allergique aux piqûres d'abeilles" et n'a pas droit aux oranges, qui sont trop juteuses et font des gâchis collants. Un matin sur deux, vous oubliez de mettre la collation du matin dans la poche du sac plutôt que dans la boîte à lunch, comme le professeur l'exige.

Votre troisième fils a sept ans. Il se nomme L'Exigence. Il n'aime pas les pommes dans son lunch, ni les bananes, les Ficello "juste s'ils sont blanc ET orange", pas de moutarde dans son sandwich, va pour le fromage, mais "juste s'il n'a pas de trous", non pour la salade de fruits "car ça fait splash quand on l'ouvre", non pour les raisins, sauf s'ils sont verts et très durs, non pour les noix à cause des allergies de Francis, Manoucheca et Émilie, non à tout ce qui est juteux "car ça fait des gâchis sur les cahiers quand on prend la collation", oui pour les pêches et les prunes. Il aime les raisins secs, "mais la madame qui est venue voir nos dents a dit que les raisins restaient collés aux dents et que c'est ça qui faisaient les caries et que c'est mieux d'en manger juste à la maison". Il aime les crudités à la maison, mais pas à l'école car vous ne lui mettez pas de trempettes.

Une fois le case-tête du lunch résolu, après que vous ayiez répété maintes fois aux lambineux de se dépécher, après avoir perdu patience, après avoir élevé le ton une énième fois "parce que c'est l'heure de partir à l'école", L'Exigence arrive lentement, sans stress, prend la boîte à lunch que vous croyiez réussie (et pour laquelle vous veniez de vous féliciter pour votre triomphe). Il en étale le contenu sur la table et vérifie si elle correspond à ses normes et à celle de l'école.

Soigneusement, il déballe le sandwich, s'assure qu'il n'a pas de moutarde, vérifie la couleur du Ficello, écarte les items indésirables et déclare sur un ton de grande évidence qu'il lui manque deux collations. Vous êtes bouche bée...puis vous vous ressaisissez, car vous n'avez bien sûr par le temps de demeurer bouche bée indéfiniment.

Vous décrétez que non, qu'il s'agit bien du lunch qu'il va ingurgiter aujourd'hui. Il soupire, tente de rouspéter, puis comprend que ce n'est pas négociable. Il remet péniblement le contenu de son lunch dans la boîte à lunch, courbant l'échine. Lentement, il met la boîte à lunch dans le sac à dos. Il fixe un instant le plancher et vous apercevez la narine battre. Il redresse lentement la tête, cligne des yeux, vous regarde un instant, s'assurant de vous laisser suffisamment de temps pour admirer sa magnifique larme scintillante au coin de l'oeil gauche. Il enfile lentement son kangourou, met son capuchon qui camoufle la moitié de son visage ravagé par le chagrin immense que vous lui avez infligé. Lentement, la mine basse, il installe son sac à dos et quitte la maison avec toute sa pitoyabilité.

Vous le regardez marcher à travers la fenêtre, le dos courbé sous le poids de sa misérabilité et de votre dureté. Leeeentement, il étire chaque pas. Ses frères marchent déjà devant et il ne cherche pas à les rattraper. On fait encore plus pitié quand on est seul.

Vous secouez la tête. Vous avez survécu un matin de plus. Vous pouvez maintenant aller déjeuner.

dimanche, septembre 24, 2006

Les Invincibles


Il y a de ces injustices dans la vie...

Perdue dans vos pensées, vous songez aux lois qui régissent les relations humaines. Vous songez à la hiérarchie, à la domination sous toutes ses formes. Vous songez à votre révolte vis-à-vis de l'abus de pouvoir. Vous êtes bien impuissante devant ce triste constat, mais c'est ainsi, c'est humain, il y aura toujours les forts, il y aura toujours les opprimés. Les loups et les moutons. C'est sans doute nécessaire pour ne pas sombrer dans la plus totale anarchie.

Or, en dépit de votre impressionnante érudition, vous ignoriez que le même phénomène existait chez des créatures apparemment inanimées. Vous ignoriez que certains clans de Légo étaient par défaut toujours plus forts que les autres.

Vous avez appris, au prix de nombreuses crises de larmes, de hurlements de désespoir et d'appels à la justice que les Légo de votre fils de sept ans (clan A) étaient toujours plus faibles que ceux de votre grand de douze ans (clan B).

Vous avez joué les observateurs de l'ONU, et vous avez constaté l'injustice de vos propres yeux.

Immanquablement, lorsque les clans de Légo, de Bionicle ou encore les armées de soldats (notons que le même phénomène a été observé chez ces sous-espèces) se déclarent la guerre, le clan A n'est jamais de taille. Ce dernier a beau avoir des bombes atomiques, des balles suiveuses, des boucliers de force, des catapultes qui lancent des boules de feu, des lasers superpuissants, le clan B réussit toujours à s'en sortir indemne. Jamais morts.

Cela vous apparaît incroyable, mais c'est pourtant vrai: le clan B possède une défense du tonnerre, une riposte immédiate et qui ne pardonne pas. Que ce soit avec des balles miroirs qui détruisent les balles suiveuses, des capsules protectrices imperçables qui résistent aux bombes atomiques, des contre-poisons ultra-efficaces, des catapultes qui lancent des boules d'eau qui neutralisent les boules de feu, le clan B triomphe toujours.

À la limite, pour calmer la rébellion du clan adverse (et ainsi pouvoir s'assurer d'avoir encore des adversaires en jeu pour mieux continuer ultérieurement de les décimer) et uniquement lorsque muni d'un brin de pseudo-compassion, le clan B capitule et offre gentiment une égratignure, un ligament déchiré ou un orteil cassé à l'un de ses guerriers.

Cela révolte -avec raison- les dirigeants du clan A, qui sont de forts honnêtes belligérants. Des stratégies de guerre prometteuses, des ruses incroyablement adroites, des armes judicieusement choisies, des négociations diplomatiques justes, rien n'y fait: le clan B trouve toujours moyen d'échapper à la défaite.

Cette observation vous laisse grandement perplexe: comment espérer pour vos enfants un monde pacifique lorsque même les guerriers Légo, apparemment inoffensifs et amicaux, sont malhonnêtes et corrompus?

vendredi, septembre 22, 2006

Formule polyvalente

En cette ère des communications, il est essentiel de pouvoir livrer un message clair à ses interlocuteurs.

Mon fils de cinq ans m'impressionne grandement par sa capacité à avoir inventé une formule polyvalente pouvant être utilisée à tout un éventail de situations.

Ainsi, un "Beeen lààààà!" utilisé à l'endroit du grand frère de neuf ans transportant le sac de bouteilles vides en sortant de la voiture sur un ton pleurnichard signifie: "J'aimerais bénéficier du privilège d'échanger quelques bouteilles vides afin d'obtenir quelques sous qui me permettront à moi aussi la satisfaction d'avoir un certain pouvoir d'achat."

Un "Beeeen lààà!!!" lancé sur un ton découragé après la demande de maman d'aller prendre son bain signifie : "Je me sens heurté dans le plaisir que me procurent mes activités ludiques parce que je dois toujours être le premier à interrompre mon jeu pour satisfaire les exigences obsessives de maman en matière d'hygiène corporelle." .

De la même manière, un "Beeeeen lààààà!" employé après une demande pour aller se coucher traduit fort bien l'interrogation suivante "Diantre, est-il déjà temps d'aller au lit?"

De façon quotidienne, le "Beeen làààà! prononcé en soupirant lorsque maman va le chercher au service de garde signifie :"Les activités éducatives vécues ici me permettent de tisser des relations sociales essentielles à mon épanouissement personnel. Je crains de mal me développer si je ne puis bénéficier d'un peu plus de latitude de ta part. ".

Lorsque le "Beeeen làààà!" est utilisé lors de la compilation des points de la semaine (le "décompte", communément appelé ici), il signifie : "Bon Dieu de merde! Je suis vachement déçu! Je ne pourrai, encore une fois cette semaine, combler mon espoir de piger dans la boîte à surprises!"

Beeeen làààà! Serait-ce à cause de cette satanée formule polyvalente qui est au bord de ravager les nerfs de maman!?


mardi, septembre 19, 2006

Le silence humiliant

Il faut tout leur apprendre. Oh, pas que je m'en plaigne, ça fait partie de notre boulot de parent, mais reste que parfois, ça peut être irritant pour l'égo des autres.

Ainsi, lorsque vous travaillez paisiblement dans votre bureau et que votre fils aîné, âgé de douze ans, entre pour venir vous embrasser tendrement et qui, en ressortant et passant devant la salle de bain s'exclame à tue-tête, complètement horrifié (avec raison, je dois l'admettre), que l'odeur qui émane de la salle de bain est infecte, qu'il n'a jamais rien senti d'aussi fétide (bon, pas dans un langage si soigné, on se parle d'un enfant de douze ans, quand même), qu'il va mourir sur-le-champ de ce poison olfactif, vous vous devez de réagir.

Vous devez réagir, parce que le propriétaire de ladite odeur, un vieux menuisier engagé pour la rénovation de votre cuisine, entend tout des insultes que l'on crie à l'endroit de ses effluves.

Vous faites donc de grands gestes pour attirer votre fils et pouvoir lui expliquer discrètement que ses propos sont probablement fort embarassants pour le menuisier, qui doit bien avoir conscience que son odeur n'a rien du parfum des jacinthes au printemps.

Vous vous devez également de lui rappeler ses propres effluves, qui sont AUSSI assez peu invitantes. Vous faites de votre mieux pour éviter de passer un commentaire sur le petit regard sournois qu'il vous envoie en réprimant son sourire.

Vous avez fait votre boulot (surtout ne pas pousser l'offense jusqu'à lui demander d'aller s'excuser auprès du menuisier, ce qui ne ferait que doubler l'humiliation pour lui), votre fils peut partir.

Toutefois, vous réalisez l'ampleur de vos lacunes en pédagogie maternelle lorsque vous voyez votre fils revenir quelques minutes plus tard avec son meilleur ami. Pas pour venir jouer, pas pour venir faire ses devoirs, non : votre fils a poussé l'affront jusqu'à aller chercher son meilleur ami pour lui faire partager le parfum, dont il n'avait pas réussi à rendre l'épouvantabilité verbalement.

Évidemment, vous ne réalisez que quelques minutes plus tard ce qui est en train de se passer. Vous retrouvez, dans la salle à manger, deux gamins se servant un verre de jus et rigolant à l'endroit du vieil espagnol par des signes, se pinçant le nez et rigolant de plus bel dans un silence impeccable.

Vous êtes à la fois outrée de ce manque flagrant de respect des deux amis et prise de compassion pour le menuisier pas stupide, qui doit bien se rendre compte que le silence suspect derrière lui lui est destiné.

Vous les réprimandez dans la salle à manger. Vous leur parlez de certaines limites à ne pas dépasser, de l'embarras, du respect, de la dignité. Vous êtes assez fière de votre discours et vous en félicitez intérieurement. Les gamins semblent enfin avoir compris, vous pouvez donc retourner travailler l'esprit en paix.

Lorsque, pour la troisième fois, vous apercevez votre fils aller prendre quelques inspirations volontairement senties dans la salle de bain avant de pouffer de rire, vous baissez les bras.

Lâchement, vous abandonnez. Vous vous dites qu'il n'y a rien à faire, que votre fils est vraisemblablement masochiste et que vos méthodes doivent être révisées. Seulement, vous ne savez pas comment devenir une mère plus persuasive...

samedi, septembre 16, 2006

À titre informatif


Vous êtes un couple d'amoureux. Vous avez envie d'une sortie. Vous optez pour le cinéma. Appelle mamie, appelle grand-maman. Pas de gardienne. Merde. Tant pis. Vous emmenez bébé au cinéma avec vous. Il sait se tenir, ce n'est pas la première fois. Et puis c'est la représentation de 21h20, il dormira certainement.

Trois coins de rue et vos prévisions sont confirmées.

Arrivés au cinéma, bébé se réveille. Il est calme. Vous écoutez les préviews. Il est toujours calme, lové contre l'épaule de papa. Vous dégustez votre pop-corn sur le qui-vive, appréhendant le hurlement annociateur de ses limites. Le film commence. Le hurlement survient à ce moment (vous n'êtes pas surprise).

Vous regardez votre amoureux et convenez avec vos yeux que la solution #1 s'impose: la suce.

Solution temporaire, bien sûr.

Après quelques minutes, vous devez passser à la solution #2: le biberon à peine rempli pris à la hâte au frigo. Vous le sortez de votre sac. Bébé le cale dans un temps record.

Et en redemande.

Vous regardez à nouveau votre amoureux. Il sent dans votre regard la patience qui déjà s'effrite. Il part avec le biberon vide en quête de lait. Vous mettez bébé au sein en sachant pertinemment que votre stock lacté n'assurera pas la demande.

Au bout d'un certain temps (et après avoir raté tout l'intérêt du début du film), votre amoureux revient avec un air triomphant.

Vous êtes étonnée. Vous vous demandez où il a pu trouver du lait. Vous êtes dans un cinéma, quand même!

Votre amoureux vous demande, fièrement: " Devine combien de cups de lait à café rentrent dans un biberon huit onces? Allez, donne un chiffre?"

Vous souriez intérieurement à l'idée d'imaginer votre homme ouvrir tous ces cups sur le bord du comptoir dans le but de soulager votre enfant (et vous-même).



Alors? Combien? Vous voulez la réponse? Au cas où...




Elle sort de la bouche de papa: "Dix-neuf".

Qui n'auront servi à rien: bébé s'est endormi paisiblement contre votre sein.

vendredi, septembre 15, 2006

Métamorphose

Voilà. C'est fait. J'ai osé, je suis sortie de mon ignorance de fille pour entrer dans l'univers des Dames. Avec un D majuscule, s'il-vous-plaît.

Je me suis étendue -et détendue tandis qu'elle étendait la cire et jouait des bandelettes et de la pince.

J'ai écouté attentivement les conseils beauté. J'ai entendu que ma peau avait besoin d'un bon nettoyage, que j'avais les pores obstrués, que si je voulais vieillir en beauté, je devais peut-être songer à différents traitements... Facial, vous dites? Crème de jour? Crème nettoyante? Crème de nuit? Mousse réparatrice? C'est bien ça? Eurh...

Elle était là, suspendue au-dessus de ma vulnérabilité et de ma peau mixte, la main habile, le maquillage impeccable, la peau lisse, pas un poil de travers. L'esthétisme dans toute sa splendeur.

Alors que je me sentais si légère et si libre, j'avais l'impression de jouer un rôle: celui de la Grande-Dame qui se préoccupe de son précieux teint.

Évidemment, cette jounée aurait été incomplète sans passer ensuite chez la coiffeuse.

Une fois les coups de ciseaux, les potins, les désaccords (pour faire changement) avec les opinions de ma coiffeuse toujours si magnifiquement pleines de préjugés, les mèches terminés, je suis rentrée en Dame rafraîchie de son nouveau look de sourcils "full design" et de cheveux aux mèches rouges pétant.

Le bonheur des uns fait le malheur des autres.

Il fallait voir le regard de mon fils de 5 ans, ahuri, désillusionné sur la si grande beauté de sa mère en un après-midi anéantie par son vif besoin de changement. La déception dans cet intense regard bleu, je vous dis pas...

En le bordant, le soir: "Maman, t'as des belles boucles d'oreilles, un beau corps et une belle face, mais tes cheveux, je veux qu'ils redeviennent comme avant. Ils sont pas très très jolis".

Et vlan pour ma belle métamorphose de Dame.

mardi, septembre 12, 2006

Présentation

Toute bonne chose a un début (je viens de décréter ça). Pour les besoins de la cause, je dois me présenter. Question de civisme. Quand on est une Grande Dame...

Moi, Grande Dame, début trentaine, jeune professionnelle des communications, mère de six garçons (oui oui, ils sont tous à moi), bien que le cinquième d'entre eux nous ait quittés récemment. Amoureuse d'amitiés riches, d'appéros savourés joyeusement en bonne compagnie, de rhétorique, de vérité, de chocolat noir, de jeux d'esprits, de jardinage, de piano, de mes enfants, et bien sûr, du Prof, mon homme à mooûûaa!


Telle est donc ma courte intro.

Au plaisir!