Fidèles à leurs habitudes, mes fils de cinq et sept ans s'obstinent pendant le déjeuner. Les deux font face à la boîte de céréales.
Je surprends des bribes de conversation. Mon fils de sept ans affirme que les trois bonhommes sur la boîte se nomment Cric, Crac et Croc.
Mon contestataire de cinq ans, qui ne connait rien à l'escalade graduée, part au front pour défendre haut et fort que ce n'est pas vrai.
Son frère affirme de nouveau, entre deux bouchées, son allégation: il s'agit bien de Cric, Crac et Croc.
Contestaire s'objecte. Impossible. Qui aurait pu donner des noms aussi primitifs à trois personnages aux gueules somme toute sympathiques? Il ignore leurs "vrais" noms, mais il est hors de question que ce soit ceux que son frère propose.
Le ton est à la hausse dans la cuisine, il n'y a aucun consensus en vue. Mon homme intervient. Contestataire cherche un appui de son côté. Il déchante rapidement, mon homme connaissant intimement les noms des familiers copains de son enfance.
Au cas où il y aurait conspiration contre lui, un Contestataire bien désespéré vient tout de même valider auprès de moi. "Je suis désolée, ton frère a raison. Il s'agit bien de Cric, Crac et Croc."
Contestataire est littéralement décontenancé et continue de s'obstiner un peu, pour la forme, puis le ton redescend, même s'il n'admettra jamais qu'il a tort...
Cette charmante anecdote m'amène au coeur de ma réflexion, qui concerne plutôt le dos de la boîte. En fait, je suis rebutée par les ignominies que l'on imprime au dos des boîtes de céréales (pas spécifiquement celles-là) pour divertir les enfants. "Du plaisir pour toute la famille!", "Hé mon ami, sors tes ciseaux et aies des heures de plaisir!". C'est moi qui suis snob, ou il y a vraiment une clientèle qui découpe ces niaiseries pseudo-pédago-ludiques?
Si Cric, Crac et Croc ont passé à travers les années comme de fidèles compagnons que l'on reconnaît aisément, ne devrait-on pas les utiliser comme renforcement d'un concept marketing qui a déjà fait ses preuves? Cric, Crac et Croc à la rescousse de l'endos de la boîte...
Je lirais volontiers une bande dessinée sur les aventures des trois gais lurons, ou encore des capsules-info sur les ingrédients (genre le nombre de gerbes de blé nécessaire à la fabrication d'une boîte de céréales, le nombre de boîtes de céréales X vendues quotidiennement au pays, le nombre de fleurs ayant dues être butinées par l'abeille pour mettre la quantité de miel (en supposant que ce soit du vrai miel) présente dans la boîte etc.
On lit à peu près tous le dos de la boîte (dans mon cas, à cet âge, la boîte devait obligatoirement être placée entre mon frère et moi pour m'éviter de devoir le regarder, et semble-t-il que mon joli visage rebutait également Frérot, qui avait aussi besoin de son écran). Aussi bien y lire des choses intéressantes...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire