Je suis capable de vivre avec le fait que des couples se séparent. Je suis capable de l'accepter, de comprendre que les séparations sont parfois salutaires pour l'un, pour l'autre et parfois même pour les deux jadis bien-aimés. Je suis capable de comprendre les déchirures, les dualités, la rancune, le fiel, l'amertume mais aussi la gratitude pour l'autre, pour ce qu'il fut, pour ce qu'il a apporté, partagé, investi de lui-même, pour sa sincérité, ses gestes tendres, sa bienveillance, son authenticité ou sa capacité de faire des compromis durant la relation.
J'ai connu un certain nombre de couples séparés et à peu près tous sont passé par la colère, le mépris, l'incompréhension, le dénigrement de l'autre avant qu'un équilibre revu et parfois, amélioré ne finisse par revenir s'installer dans la nouvelle configuration de la relation.
Ce qu'en dépit de tous mes efforts je n'arrive pas à comprendre, c'est le désinvestissement total d'un père (le plus souvent) de ses enfants lors d'une séparation après avoir été un père présent et aimant durant des mois, voire des années.
Je cherche, je cherche vraiment comment une coupure émotive nette peut se faire pour des petits (ou grands) humains qui n'ont rien à voir avec la séparation des adultes. On peut avoir mille raisons valables d'en vouloir à celle qui fut notre amoureuse mais je ne comprends pas, en fait, je n'arrive pas à ressentir que l'on puisse aussi projeter cette coupure affective sur ses propres enfants dont la loyauté envers les deux parents n'est de manière générale pas affectée par la séparation.
J'ignore comment m'expliquer cela. Est-ce une manière involontaire et inconsciente pour le père de se couper de tout ce qui pourrait encore le lier à la mère qu'il n'aime plus ou au contraire, qu'il aime encore trop cruellement? Est-ce du rejet volontaire de sa progéniture visant à affecter par ricochet l'autre parent? Un parent jadis investi, tendre et affectueux auprès de sa marmaille peut-il réellement arriver à ne strictement plus rien ressentir pour son enfant? Est-il engourdi par la déchirure et donc non lucide dans ses agissements et ses choix? Le détachement est-il le résultat d'une influence extérieure? Le père est-il tellement aveuglé par sa rancune pour l'autre parent qu'il est désensibilisé à la souffrance et au rejet qu'il inflige à ses enfants? Est-ce un nécessaire (bien que dévastateur) mécanisme d'auto-protection pour permettre un recul au parent embourbé dans son ire afin d'ouvrir la voie d'un éventuel retour de l'équilibre? La souffrance des enfants deviendrait donc un inévitable dommage collatéral?
Je ne doute pas de l'amour des pères séparés pour leurs enfants. Loin de là. L'existence de cet amour rend justement doublement difficile à comprendre le détachement absolu dont certains font preuve à l'égard de leurs marmots comme si plus rien de la relation entamée avec eux n'avait d'importance.
Il existe nécessairement une explication. Un état psychologique que je n'ai pas bien cerné, sans doute?
16 commentaires:
C'est difficle à comprendre. Parfois, la famille, femme aimée et enfants, est considérée comme un package-deal, quand tout s'écroule, l'homme se fait une nouvelle vie ailleurs. On connaît tous des hommes qui sont des pères présents et aimants pour les enfants du deuxième lit tout en se contentant de droits accès minimaux pour ceux du premier lit. Comme si la famille se vivait intacte ou pas du tout. Étrange.
Il y a maintenant des femmes qui adoptent de tels patterns, plus qu'avant. J'en connais...
Il y a aussi le phénomène relativement répandu des mères qui s'accrochent aux enfants et ne lui en laissent pas de place au père. La rancune peut passer bien malheureusement par la bataille pour "avoir" les enfants. C'est parfois par amour, pour ne pas les entraîner dans des chicanes sans fin, que certains pères choisissent de laisser les enfants à la mère.
Vos propos sont toujours pertinents et bien nuancés Femme Libre. Le premier fait du sens.
Quant au deuxième, il me laisse mitigée. Plusieurs mères cherchent à avoir entière mainmise sur leur progéniture mais il serait pernicieux de voir dans la fuite des pères une conséquence de cette quête de contrôle.
Je connais plusieurs femmes qui "courent" après le père pour lui faciliter l'implication, qui lui offrent un genre de paternité "clé en main" parce que la loi du moindre effort prédomine, qui sont prêtent à se tasser, piler sur leur orgueil, qui endurent de pitoyables méchancetés et bassesses du père pour le garder dans le décor de leurs enfants.
Sans réel succès.
Que penser?
"C'est parfois par amour, pour ne pas les entraîner dans des chicanes sans fin, que certains pères choisissent de laisser les enfants à la mère."
Je réfléchis à ça. Cela m'attristerait que vous ayiez raison.
"C'est parfois par amour, pour ne pas les entraîner dans des chicanes sans fin, que certains pères choisissent de laisser les enfants à la mère."
Mon conjoint actuel avec qui j'ai deux enfants est un père qui a été déchiré de perdre sa fille(qu'il voit une fin de semaine sur deux )et il a décidé de baisser les bras par amour pour sa fille...''Je l'aime assez pour ne pas lui faire vivre cela''quand elle sera assez grande elle comprendra et verra quel père je suis.''..et c'est un père très investi et très présent qui acceuillerait sa fille les bras ouverts si elle voulait venir vivre avec lui.La mère étant si contrôlante et maternante qu'elle ne laisse aucune place au père ou si peu...vraiment dommage..
Elyse
J'ajouterais aussi que c'est aussi pour pouvoir vivre pleinement sa vie actuelle sans amertume et rancune qu'il a décidé d'arrêter les chicanes à propos de sa fille.Sinon ce n'était pas une vie de vivre ainsi ni pour sa fille ni pour sa famille actuelle...
Donc oui il y a un détachement mais pas un détachement du coeur par contre...
Plusieurs facteurs qui me viennent à l’idée:
- D’un côté, ça peut être pour ne pas être tenté d’y retourner. Je connais pas mal de gars qui disent qu’ils sont tentés d’essayer de supporter la femme pour pouvoir garder leurs enfants. Donc de s’éloigner des enfants, ça leur permet d’échapper à la femme.
- Dans un sens, les enfants ne sont pas seulement des petites personnes mais aussi, peut-être surtout, un signe tangible de la relation avec l’autre parent. Moi quand je cherchais à avoir des gosses, ce qui me tentait peut-être le plus c’était de voir leur père jouer avec, parce que c’est tellement mignon, les hommes qui jouent avec leurs petits. Donc quand il n’y a plus d’autre parent, on perd une partie importante de la façon dont on voyait ses enfants.
- Une fois que l’homme a perdu ses enfants et ne les voit que les fins de semaines, d’abord ça lui gâche ses fins de semaines parce qu’il faut tout faire tourner autour des gosses, alors que peut-être qu’il aimerait les voir en semaine et sortir les samedi; et ensuite il faut qu’il recommence à zero, et donc il se distance de sa vie d’avant.
- Et puis il a horreur de voir son ex quand il vient chercher les gosses, et d’avoir à dire au revoir aux enfants le dimanche soir, et puis elle lui met des bâtons dans les roues, elle l’achale, il en a marre de se faire maltraiter et tout lui fait mal, et il veut juste avoir la paix.
Enfin le mieux, si tu peux, ça serait de demander au gars à qui tu penses en écrivant ce billet. Ça serait intéressant de le savoir de la bouche du cheval.
Elyse, ça peut donc être de l'abnégation par amour. Déchirure, quand même. Je compatis.
Moongoose, parfois, ce serait juste déplacé de poser la question. C'est le cas cette fois.
L'idée d'un "forfait clé en mai" me fait beaucoup réfléchir...
Je pense que c'est ce que ma mère a fait avec nous et notre père et ce dernier attend encore qu'on l'appelle et qu'on prenne soin de lui.
Je ne comprends pas d'ailleurs comment il a fait pour faire une si grande séparation dans sa tête au sujet de ses enfants, nus laissant avec une femme dépressive.
Même chose pour tous les autres parents... C'est d'une grande tristesse.
Il y a en qui aime trop, qui mal et d'autres qui n'aiment pas assez.
Tu dis juste Mamanbooh, il n'existe pas qu'une seule explication.
Tant de nuances et de perspectives dans autant de situations différentes...
Difficile à comprendre...
Réflexion juste avec probablement autant d'explications qu'il y a de situations de ce genre :-(
La prétentieuse,
tu touches là un point sensible...
Je ne peux parler pour les autres pères dont tu parles. Je me contenterai de parler du père de mon fils qui disait qu'il valait mieux s'éloigner de lui plutôt que de lui faire vivre une relation tendue entre lui et moi...
Ce que j'aurais souhaité moi, aurait été tout autre; une relation sereine dans l'intérêt commun de notre enfant. J'avais le détachement nécessaire, lui pas, pour des raisons que j'ignore encore.
Il a tenté de prendre ses responsabilités mais n'était pas fait pour être père, malgré toute sa bonne volonté. Je n'ai jamais saisi non plus la haine qu'il éprouvait et qu'il éprouve encore face à moi.
Mon fils a voulu connaître son père à l'âge de 6 ans et j'ai approché le père pour respecter le désir de mon garçon. Ce fut un pur désastre sur toute la ligne. De refuser sa demande aurait-il été mieux, je ne crois pas. Maintenant, il est libre de faire la part des choses.
pas facile a vivre je crois..
pas facile a comprendre..
Quand mes parents se sont séparés, après une vie de couple très mouvementée et une chicane mémorable sur la garde des enfants, mon père est partie travailler à la Baie James. Ma mère voyant ça, a décidé de partir travailler à Sept-Iles, sans nous. MOn frère a été placé chez un ami et moi chez une tante. Il avait 9 ans et moi pas encore 5. Ils sont partis, chacun de leur côté, pendant 5 ans. Je voyais mon père au 3 mois, mon frère une ou deux fois par année. Ma mère, c'est vague, très vague. J'ai ensuite été rester chez mon père jusqu,à mes 16 ans, pour aller chez ma mère. Mais à 18 ans j'ai pris un appartement. Je n'étais pas habituée à avoir une mère...
Depuis la naissance de mon fils, je ne saurais dire combien de fois je l'ai regardé monter les escaliers pour aller se coucher, admirer un dessin ou juste le coller pour lire une histoire en me demandant comme une mère peux en toute conscience se priver de ces moments magiques, de voir grandir son enfant. Je ne comprend pas et je crois que je n'y arriverai jamais. Je crois que j'ai eu plus mal à ces moments-là que lors de mon enfance.
Et dire que ma mère ne s'explique pas que notre relation ne soit pas une vraie relation "mère-fille". Oh, je la respecte, je m'occupe d'elle, je la vois au moins une fois par semaine et je trouve qu'elle est une merveilleuse grand-mère. Mais pour nous deux, je crois qu'il est trop tard.... L'attachement, ça se construit au quotidien.
Ça doit être une épreuve très difficile pour les enfants.
Les mamans cherchent sûrement comment leur expliquer, comment les aider à surmonter ce «gros bobo» dans leur petit coeur.
Je ne comprends pas non plus, ça me dépasse et même me dégoûte, désolée, mais c'est ce que je ressens... J'ai une cousine, son fils n'a pas connu son père, ce dernier ne s'en est jamais occupé, n'a jamais versé un cent pour lui... Je trouve ça horrible... Je ne comprends pas et en quelque-part, je pense que je ne veux pas comprendre... Mon ex a bien des défauts, mais je lui suis reconnaissante d'aimer sa fille et de maintenir le lien avec elle... C'est important !
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