dimanche, janvier 09, 2011

La charité -MÀJ

Je n’avais jamais vraiment songé à « disséquer » quelques fondements de notre "charité culturelle" avant qu’un « incident » ne vienne secouer ma réflexion à ce sujet. L’incident en question : un jeune homme début vingtaine vint sonner à notre porte pour nous demander nos bouteilles vides consignées.


-Euh…et c’est pour? (pensant que la collecte est pour un organisme)

-Moi.

J’ai refusé avant même de savoir que mes enfants les avaient déjà ramenées au dépanneur du coin, puis ai refermé, perplexe.

Quelque chose me dérangeait dans l’approche sans que je n’arrive vraiment à l’identifier.

Que la charité de chacun soit constamment sollicitée, soit. Il y a une part de devoir collectif, puis une part de conscience personnelle et de réel altruisme dans la charité.

Des divers organismes qui téléphonent à intervalles réguliers pour quémander des articles, meubles ou vêtements usagés aux téléthons, radiodons, organismes d’aide internationale, centres de bénévolat, fondations diverses, chacun réclame sa part de charité collective.

Il est encore aisé de se soustraire à ces campagnes de sensibilisation intensives qui empruntent des médias pour sensibiliser les gens à donner puisque l’appel à la collectivité est tellement large et vient parfois de si loin que la « responsabilité » individuelle s’en trouve diffuse, voire abstraite.
Quand le quémandeur se trouve devant vous avec ses cheveux bleus hirsutes, ses piercings, son squeegee et son geste décidé au coin de Sherbrooke et St-Denis, il vous faut un peu plus de fermeté pour affirmer s’il est le « pauvre » que vous souhaitez aider. Vous y êtes confronté directement. Peut-être préférerez-vous le guitariste en coton ouaté de la station Henri-Bourrassa, les quéteux de la sortie de la 720 ou ceux qui pénètrent dans les cafés avec leur histoire synthétisée sur un carton en la présentant aux clients sans prononcer mot, espérant faire assez vite pour ne pas se faire prendre par les proprios.

Mais c’est ok, vous allez au centre-ville, vous vous attendez à de la sollicitation individuelle sous toutes ses formes. Dans notre Québec, il y a des lieux pour demander la charité pour soi et le centre-ville en est un.

Ce qui m’a rendue mal à l'aise avec cet homme venu quémander mes bouteilles, c’est sa transgression d’une des règles du code tacite de la charité (code qui assurément doit changer selon le lieu, la culture): on ose déranger les gens chez eux que si on le fait pour une organisation plus grande que soi qui elle cible, connaît et aide un milieu précis : les scouts réclament les bouteilles vides que vous tardez à échanger, les jeunes du club de patinage veulent vous vendre du chocolat, ceux de l’école secondaire du quartier désirent que vous les encouragiez à payer leur voyage en Suisse, ceux du club de hockey financent un voyage, etc.

Quêter pour soi en faisant du porte-à-porte est audacieux. Faut-il le voir comme un service rendu : je vous débarrasse de ces bouteilles qui vous encombrent et vous me permettez un revenu supplémentaire ou comme une entrée d’argent facile ou de la pure charité? Je ne sais pas encore.

Quoi qu’il en soit, il est nettement plus aisé de « choisir sa cause » que de « choisir son pauvre ». De cette manière, pas de discrimination possible.

MÀJ: Je me relis et j'ai l'air impitoyable et sans coeur. Vous les "sentez", vous, les espèces de règles tacites du quêtage à domicile?

4 commentaires:

Une femme libre a dit...

Je suis exaspérée par la quête de charité à domicile, au téléphone et sur la rue! Par écrit aussi, tiens! Surtout quand on sait que les sollicitateurs sont payés douze dollars de l'heure comme salaire de base (qui peut monter) pour nous sauter à répétition dessus sur la rue Ste-Catherine. C'est devenu une carrière d'avenir la sollicitation charitable et parfois agressive."Je suis passsée ici il y a dix minutes, Jeune Homme et je vous ai dit fermement que je ne vous donnerais rien. Vous ne me reconnaissez pas?" C'est pour le sida ou bien pour Green Peace. L'année passée, j'ai donné des milliers de dollars pour Haïti, touchée que le gouvernement accote mes dons. Et on se rend compte que rien ou presque n'a été fait un an plus tard.

Alors, maintenant, je parraine un enfant par l'entremise de Soleil des nations, la dame qui s'occupe du parrainage est au-dessus de tout soupçon et s'occupe totalement bénévolement de les donner à l'école qui nourrit et instruit ma filleule.

Valéry a dit...

Pour ma part je suis agressée par la sollicitation en tout genres... :-S Vivant moi-même à Mtl, dans les quartiers centraux, je me bute à ça à tous les jours... :-S Ce qui me dérange moi de cette façon de faire c'est que trop souvent, les gens qui me quémandent de l'argent ont deux bras, deux jambes et sont jeunes et en santé!!! :-S Comment osent-ils me demander de leur donner de l'argent à moi, mère de famille monoparentale, qui trime dur pour gagner chaque sou??? Ils n'ont qu'à se prendre en mains et à aller travailler de toute façon, pour avoir déjà été moi-même dans la rue, je ne sais que trop bien que tant que tu ne pognes pas ton bas-fond, tu ne remontes pas!!! :-(

Je suis ouverte pour donner à des organismes par contre, surtout locaux et que je connais bien... L'aide internationale m'interpèle beaucoup mais le problème est que je suis loin d'être sûre que l'argent va à la bonne place et ça me dérange... :-( Disons que je n'ai pas trop confiance... :-( J'ai aussi donné un montant pour Haïti via la Croix-Rouge... J'entends tellement souvent parler par mon amoureux et mes amis africains de comment ça se passe le financement des projets de coopération de l'ACDI là-bas et tout le tralala que j'ai de la misère à avoir confiance là aussi... :-S

Je veux bien donner, mais je ne veux pas me faire prendre pour une tarte et me faire niquer!!! :-S Et je ne veux surtout pas qu'on me harcèle dans la rue ou chez moi par téléphone: ça m'agresse et ça me met sur la défensive plutôt que de m'ouvrir... :-o

Méli a dit...

C'est dérangeant en effet... Une fois, il y a longtemps, une dame voulait me vendre un gugusse ou que je lui donne un montant pour financer ses études... Là, ou j'ai reculé, c'est lorsqu'elle m'a sorti un argument super culpabilisant, du genre : si vous me donnez pas, la vie vous punira, ou quelque-chose qui voulait dire ça ou à peu près... Là, ça m'a écoeurée, je lui ai dit : désolée, bonne journée ! Ce genre de "menaces", pas capable !

Julie a dit...

Et bien... je ne vois pas ça de cette manière. Vendre mes bouteilles,c'est une corvée, s'il m'en débarasse tout en se faisant de l'argent, tant mieux. Je trouve que c'est plutôt un service qu'il offre et qu'il est rémunéré via la vente des dites bouteilles ramassées.