lundi, avril 30, 2012

Chez l'un et l'autre : ces lieux qui habitent notre enfance

Nous ne sortons définitivement pas assez en amoureux. Lorsque nous avons le plaisir de nous retrouver seuls et que nos familles s'occupent de nos enfants, nous réalisons à quel point nous sommes chanceux d'avoir des proches chez qui les marmots peuvent s'installer et retrouver avec aisance "leurs" affaires comme ils les avaient laissées plusieurs semaines, plusieurs mois plus tôt.

Ainsi, lorsque les enfants se font garder chez ma mère, ils s'empressent d'aller retrouver les jouets de "notre temps", à mon frère et à moi, ou encore les baleines en gélatine sur le mur de la salle de bain ou la Beettle jaune en jouet. Les grands, eux, se mettent à la chasse de la chatte hystérique, agressive et profondément asociable de ma mère et s'amusent à se lancer des défis du genre: on lance un soulier sous le lit (où se cache l'animal) et celui qui a le courage d'aller récupérer le soulier est définitivement le plus brave.

Lorsque nous allons chez mes beaux-parents, Frédéric demande à ce que l'on sorte les bacs de Lego et Béatrice retrouve avec joie le panier d'épicerie en jouet ainsi que les poupées. Inévitablement, ils demanderont aussi à aller dans le spa. La télévision possède également un certain attrait pour nos enfants qui grandissent dans une maison où le télé est inexistante. Avant de partir, ils espèreront (de plus en plus subtilement) se faire offrir des rouleaux aux fruits.

Arrivés chez mamie Marianne, les enfants cherchent d'abord systématiquement le chat (qui se sauve), puis descendent au sous-sol chercher le vieux jeu de construction sur lequel on peut faire glisser des billes, se dépêchent d'aller réserver "leur" lit en y déposant leur bagage. Le cinéma maison de mamie est également fort prisé.

Du côté de chez mon frère, les enfants demandent à sortir la grosse ferme et les moult animaux avant de disparaître pour la soirée.

Il est rassurant de constater que ces environnements secondaires ont suffisamment été apprivoisés pour devenir des zones douillettes où renouer avec des jouets, de la chaleur humaine, des habitudes autres (et grandement appréciées précisément parce qu'elles ne sont pas nôtres).

Ces lieux précieux de notre enfance viennent, une fois adulte, nous gonfler le torse de nostalgie. Pour moi, il y a mon arbre (à Granby, j'y étais constamment perchée), la maison de mes grands-parents à Valcourt (le lac à truites, les champs, l'érablière, la trappe à chauffage au-dessus du poêle, et là aussi, un arbre à moi), le chalet de mon oncle adoré au Lac Libby, les cabanes que je me faisais dans ma garde-robe...

Et vous, quels étaient vos lieux secondaires chéris? Quels sont ceux de vos enfants?

8 commentaires:

Unknown a dit...

Moi je me rappelle que mes grands-parents avaient un chalet et devant il y avait un tronc d'arbre qui ressemblait à un indien ! :) On était tout le temps monter dessus !

Rémi Poséidon a dit...

Ach Grande Dame! Vous m'assassinez! De mon enfance, de ce que j'aurais pu "léguer" à mes enfants, il ne reste plus grand chose. Mes parents se sont séparés alors que je partais à Québec, j'étais donc déjà adulte. La maison et son grand terrain ont été vendus. Aujourd'hui, deux autres maisons se construisent là où j'imaginais un terrain de jeu pour mes enfants, mon arbre fétiche dans le fossé, sur lequel je grimpais après une dispute avec mon père, a été arraché. Il ne reste rien...
La plupart de mes jouets ont été vendus ou donnés. Je ne suis plus chez moi chez mes parents.
Reste les grand-parents. La maison de vacances dans le Berry, avec les jouets de mon père, ou la maison dans les bois de Saint-Étienne, avec ceux de ma mère. Là sont mes vrais souvenirs. Le billard du grand-père maternel, l'armoire à maquettes de mon père, le grenier de ma tante, les collines du Sancerrois, le moulin "cassé" au fond des bois, le terrain de tennis de mon arrière-grand-père...
Mais de mon enfance chez mes parents, il ne reste absolument plus rien, sinon des photos...

Grande-Dame a dit...

Oh, c'est triste Rémi de voir ainsi dilapidé son passé physique et émotif. J'ai passé ma jeunesse dans les arbres et j'aurais le coeur brisé de voir ces arbres coupés.

Votre famille vient du Berry, donc vous êtes de la région de ma douce et précieuse George Sand. :o)

Looange, j'aimerais tant que mes enfants aient des arbres auxquels grimper! Ils le font dans l'épinette devant la maison, dans l'érable aussi, mais ce sont loin d'être des arbres majestueux et centenaires comme ceux de mon enfance d'oü je pouvais TOUT voir de haut!

Anonyme a dit...

Mon enfance se passait en partie dans les Laurentides où 2 de mes tantes habitaient. L'été nous y avions un chalet et passions des vacances dans la nature et la liberté. Encore aujourd'hui quand je vais dans la grande maison de ma tante (92 ans)ou que je visite mes cousins et que l'on mange à une grande tablée.... tous les souvenirs remontent, beaux et chaleureux.
Louise St-Jacques

Rémi Poséidon a dit...

George Sand s'est installée à Nohant, dans le département de l'Indre. Ma famille paternelle est originaire de Sancerre, à l'est du département du Cher. Le Cher (au nord-est) et l'Indre (au sud-ouest) forment tous deux l'ancien Duché de Berry, mais bon... Il y a le Haut-Berry (le Cher, plus riche, avec l'ancienne ville de Bourges, son vin, ses collines) et le Bas-Berry (l'Indre, plus pauvre, ses champs, son pays fort). Ce qui n'enlève rien au talent de George Sand! Mais n'allez pas dire à un habitant du Cher que George Sand est berrichonne... C'est petit la France, et pourtant que de différences au sein même des régions.

Lucie a dit...

Comme ce billet me rejoint!

Chez mes grand-parents maternels, il y avait le panier à pique-nique en osier, les faux Lego (populaire parce que faux, car nous en avions plein de vrais à la maison!), le lit à deux étages et des bouteilles de savon à vaisselle MIR vides pour s'arroser dehors en été.

Au chalet d'une grand-tante, la plage sur le bord de l'Outaouais, la chasse aux grenouilles, le feu de camp.

À la ferme d'une autre grand-tante, où nous fêtions Pâques chaque année en famille très élargie (plus de 60 personnes), l'étable, les poussins, le grenier de l'étable rempli de foin, le grenier de la maison avec ses vieilleries.

Désormais, pour mes enfants, c'est pareil: ma soeur, ma mère et ma belle-tante ont chacune des jouets et des livres pour mes enfants, qui m'en parlent avec précision quand nous allons les visiter. "On va lire telle histoire", "Je vais jouer avec le tourne-vis électrique" ou "avec la caserne de pompiers"--même si nous avons des livres, des outils jouets et des casernes en masse, ce ne sont pas les mêmes... Et les enfants aiment tellement plus ces jouets que d'apporter les leurs chez des membres de la famille qui ne sont pas équipés. Même quand certaines personnes décident d'offrir un nouveau livre d'autocollants ou cahier à colorier à chaque visite, ça ne pogne pas autant que des jouets qu'on retrouve d'une fois à l'autre...

Julie a dit...

Beau billet!

Je partage.
http://www.la-mere-est-calme.com/2012/05/les-potins-du-dimanche-dans-de-beaux.html
(en ligne dimanche!)

Pur bonheur a dit...

Ils sont beaux tes souvenirs d'enfance Jen. Les miens aussi sont pas mal disparus. Maintenant les grand-parents se divorcent et s'achètent des condos ! J'ai tellement de beaux souvenirs chez mon grand-père, j'aimerais en donner de pareils à mes futurs petits enfants. Se cacher sous le saule pleureur, aller aux bleuets, entrer en cachette dans la salle paroissiale (il était maire) et ouvrir et fermer les rideaux de la scène avec le bouton électrique. Et chanter à plein poumon , comme si nous étions à la Place des Arts. Fouiller dans la remise de linges usagés, que les gens venaient porter pour les pauvres.Des montagnes de vêtements. On se trouvait des trésors pour les Halloween à venir. Des robes de mariées. Des chapeaux, tout! Ma grand-mère nous chicanait, elle disait que c'était plein de souris là-dedans. Nous, on avait peur de rien!