Atelier-discussion philosophique. Huit ou neuf personnes autour de la table. Un homme désire exprimer son point de vue, prend la parole. Les autres se taisent, l'écoutent.
Alors qu'il commence à exposer sa vision, un maringouin se pose sur son nez. Je souris intérieurement, trouve l'image cocasse. Je me dis que le moustique est encore en phase exploratoire, qu'il s'envolera, mais non, il reste, a trouvé le spot idéal pour sucer.
J'observe l'homme convaincu si absorbé par son propre discours qu'il ne réalise absolument pas le vol dont il est victime. Je me demande si un des autres participants osera interrompre son monologue pour lui mentionner qu'il est en train de se faire piquer. Personne ne dit mot.
Je déteste ces sales bestioles et étonnamment, je n'ai pas envie de faire preuve de sympathie (ç'aurait pourtant été mon genre -oui, moi qui vous le dis sans gêne si vous avez un morceau de persil entre les dents, si votre fermeture éclair est ouverte, si vous avez une feuille d'assouplisseur qui vous sort du bord de pantalon - quitte à interrompre la dynamique intellectuelle pour quelque chose d'aussi futile). Apparemment, personne n'a envie de l'interrompre. Peut-être la loufoque scène amène-t-elle un vent de fraîcheur dans une discussion où tout le monde se prend un peu trop au sérieux?
Durant un long moment, l'homme parla. Durant un long moment, notre petite assemblée "écouta". Durant un long moment, le moustique suça.
En rentrant à la maison, je repensai à la scène.
"Grand-Homme, as-tu remarqué, pendant tout le temps que mon voisin de table parlait, un moustique était en train de lui piquer le nez? J'étais si absorbée par le moustique que je n'étais pas attentive à son son point de vue."
Grand-Homme s'esclaffe alors comme si j'étais candide: "Mon Amour, tout le monde fixait le maringouin, personne n'écoutait l'homme."
C'est connu, plus il y a de témoins à un délit / meurtre / viol , moins il y a de chances que les gens réagissent, la responsabilité sociale étant divisible par le nombre de témoins présents.
Bon, on se parle d'une situation banale, mais cocasse et pourtant, le résultat est le même.
Le pauvre homme se gratte rageusement le nez à l'heure actuelle.
2 commentaires:
hummm difficile de savoir quoi en penser... de toute façon pour un moustique je ne m'aurais pas senti coupable ;)
Je me rappel quand j'étais toute petite en classe de maternelle, il y avait un garçon que je n'aimais pas beaucoup, il était parfois méchant avec moi. Un jour, lors d'un rassemblement de classe l'enseignante observait un enfant qui parlait et moi je me suis rendu compte que le petit méchant en question avait le nez qui coulait. Personne ne semblait l'avoir remarqué. Je me rappel avoir attendu que le sang tâche son linge et c'est à ce moment qu'un autre élève à remarqué et l'a dit à l'enseignante.... Je me suis longtemps sentie coupable. Maintenant que j'y pense je trouve ça bien drôle à quel point nos émotions sont emplifiés enfant... Peut-être qu'on devrait garder ça en vieillant??
Dis-toi bien qu'il y a toujours un truc (du genre maringouin) qui arrive juste au bon moment dans une rencontre plate pour nous faire focusser un peu ailleurs et déconnecter des platitudes...je suis super à l'affût de ce genre de truc rigolo...puis je ris dans ma barbe.
Ça passe le temps. Les aiguilles tournent plus vite sur l'horloge!
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