jeudi, juillet 24, 2008

La fermeture

J'ai hélas du mal à soutenir une conversation avec une personne dont le ton vous indique clairement dès le départ sa position indiscutable.

En situation extrême, la fermeture d'esprit et d'écoute à l'autre sont tellement palpables que vos paroles glissent sur l'imperméabilité de la non-réceptivité de l'autre.

Dès vos premiers mots, vous sentez son parfait hermétisme. Quoique vous ayiez à dire, il ne vous concédera rien. Il n'a rien à se reprocher et refuse d'envisager qu'il puisse parfois avoir des torts malgré toutes ses qualités que vous admirez. Cette personne est irréprochable en tout lieu et en toutes circonstances.

Les autres. Voilà à la fois la cause et la solution des maux de ces personnes: ce qu'on leur reproche est la faute des autres, ils se retrouvent donc quasi toujours injustement accusés. Les autres sont également la solution. Puisqu'ils sont toujours les fautifs, c'est donc à eux que l'on doit tenter de refiler le fardeau de la solution. Qu'eux n'aient jamais à faire le merveilleux mais fastidieux exercice de se remettre un seul instant en question.

C'est épuisant de tenter de créer une brèche pour secouer la conscientisation de ces personnes, de susciter la réflexion que tout le monde doit parfois savoir s'ajuster. C'est épuisant de tenter de responsabiliser, de tenter d'éveiller l'autre à l'observation de sa propre attitude à certains moments.

C'est épuisant et délicat quand il s'agit de son propre enfant et que ce trait de caractère qui vous fait réagir chez lui dès qu'il se manifeste un peu trop fortement vous rappelle ce trait qui était un frein au dialogue avec son père.

Il peut cependant y avoir pire. Pire, c'est lorsqu'à bout de nerfs vous lancez au visage de votre enfant le prénom de son paternel en guise de qualificatif pour remplacer le mot "fermeture".

Même si une discussion plus calme a lieu après la tempête verbale, même si vous vous excusez de votre piètre qualificatif et que vous nuancez vos propos, vous vous sentez quand même bien indigne d'avoir utilisé ce nom d'une façon qui avait sans doute l'air péjorative aux yeux de votre enfant bien-aimé. Parce que lui est naturellement (et heureusement) loyal à son père. Parce que lui n'est pas son père. Parce que lui, votre jeune, possède le potentiel de l'ouverture et que vous trimez dur pour le lui inculquer. Parce que vous espérez pour lui qu'il puisse tirer profit de la flexibilité et du dialogue pour être heureux et avoir de bons rapports avec autrui.

Parce que vous ne voudriez pas que ce frein au dialogue dans l'attitude nuise à votre enfant comme il a causé/cause des embûches à d'autres à une autre époque de votre vie.

5 commentaires:

Anonyme a dit...

Ouf, je pensais que tu allais parler des témoins de Jehovah !
Jeanne

La Souimi a dit...

Au début de ton message, je voyais certaines personnes de mon entourage. J'essaie le plus possible de laisser aller. Frapper un mur ne m'intéresse plus donc, je ne perds plus mon temps.
Mais, lorsque j'ai vu que tu parlais de ton fils, ça m'a fait penser à une copine qui m'a dit, un jour, lorsque son fils est devenu ado, qu'elle avait de plus en plus de difficulté à accepter les côtés de son enfant qui étaient identiques à ceux de son père et qui étaient à la source de leur séparation. Ça n'a pas été de tout repos car elle pensait tout le temps à son ex lorsque son fils adoptait tel ou tel comportement. Maintenant, c'est beaucoup mieux. À partir du moment qu'elle a réalisé justement qu'elle associait le comportement à l'ex, elle a pu réajuster son tir et ne plus se retrouver au milieu d'un conflit.
Merci pour ce beau billet.

Pur bonheur a dit...

Pas toujours facile d'être parent. On voudrait tellement être parfait et ne pas faire d'erreur. Mais vu qu'il n'y a pas d'école et qu'on apprend sur le tas, on fait de notre mieux en ajoutant beaucoup d'amour et on arrive à quelque chose de bien. Moi je te trouve pas mal bonne en tout cas!!

Nanou La Terre a dit...

Je comprends cette situation...

Bien que je sais pertinemment que mon fils adopte des comportements du père, je ne le vois pas comme "son père." Ce que je suis plutôt portée à faire c'est son éducation.

Certains comportements ne passent pas. Il sait à quoi s'en tenir.

Je ne tolère pas la manipulation, l'égocentrisme, la violence,l'impolitesse...Heureusement,
Fafouin n'est ni violent, ni impoli. Par contre il va avoir tendance à manipuler et quelques fois se foutre de ce qui se passe autour de lui. Çà je ne peux pas tolérer. Je deviens bleu royal!

Aussi je lui dis que dans la vie, çà ne fonctionne pas comme çà et que s'il veut avoir des relations valables et saines avec les autres, il doit mettre de l'eau dans son vin et s'ouvrir.

Aussi, le meilleur exemple à leur montrer c'est ce qu'on fait finalement. Mon fils n'a pas besoin que je le sermonne sur le pourquoi du comment que je n'ai jamais voulu demeurer avec son père.Il sait. Parce qu'il voit ce que je tolère et ce que je ne tolère pas. L'important c'est la stabilité des directives et valeurs claires.

Karim'Agine a dit...

La victime et/est le parfait. Effectivement, très difficile pour la communication!

Même en essayant le leur faire voir leur schéma, le peu d'ouverture dont ils font preuve nous laisse souvent en reste.

Existe-t'il une autre solution que celle d'ESSAYER d'accepter l'autre tel qu'il est sans mener une bataille pour le changer?