dimanche, février 18, 2007

Les évènements et moi

J'oublie de noter les dates importantes concernant les enfants. Mes livres de bébés avec premier mot, première bouffe, premières dents, premier guili-guili, premier goulou-goulou, premier pipi sur le pot et autres sont loin d'être remplis.

À l'inverse, j'ai des dizaines de cahiers à spirales qui racontent leur vie au quotidien, des centaines de pages d'anecdotes attendrissantes, de conversations loufoques ou d'odes à l'amour que je leur porte.

Il n'y a pas de photos avant/après des premières coupes de cheveux, pas de gâteau joliment décoré et une page vide à "mon premier voyage à Walt Disney World".

Je suis incorrigible; un anniversaire sur deux, deux évènements sur trois, j'oublie la caméra et aux baptêmes, je dois souvent faire une halte de dernière minute au dépanneur pour acheter de quoi immortaliser mes rares visites à l'église.

***

Hier après-midi, Fils Aîné et moi avons été apprécier le spectacle Contes et légendes de son idole, Bryan (belle virilité d'ours)Perro.

À mon grand bonheur de mère, il m'a été donné d'observer un phémonène aussi rare qu'exceptionnel: Fils Ainé a sourit. Oui-oui, tout le long de l'excellent spectacle, IL A SOURI. Pas de ces sourires légers qui se dessinent poliment ou timidement à défaut de RESSENTIR plus profondément le plaisir, je parle ici des vrais sourires, ceux qui naissent dans le ventre et qui pourtant nous font mal aux mâchoires, aux joues, ceux qui nous font nous sentir divinement VIVANTS.

Il a même RI. Discrètement, du coin de l'oeil, je me suis délecté des images de mon féru de légendes fantastiques et de mythologie le sourire fendu jusqu'aux favoris naissants durant UNE HEURE ET DEMIE. Plus d'une fois, j'ai observé à ma droite, oubliant quelques instants mon propre amusement pour apprécier le sien.

Et puis, en voyant tous les flashs de caméra autour de moi, j'ai réalisé que j'avais ENCORE oublié la caméra. Merde! Dire que j'aurais pu immortaliser ces moments!

Entendre rire de bon coeur son jeune adolescent et s'émouvoir de réaliser que sa capacité si peu exploitée existe encore, quel soulagement, quel bonheur!

Je suis toujours émue d'entendre des gens rire. C'est si succulent le rire, ça donne illico envie d'en être contaminé.

Je me rends bien compte qu'en dépit de nos précieux moments de niaiseries amoureuses, de mon attendrissement devant les folies de mes enfants, de mes agréables moments entre copines, mes rires ne sont plus aussi intensément profonds depuis onze mois et demi. Un peu comme s'il y avait toujours des racoins que l'ivresse du rire n'arrivait pas à atteindre pour être habité entièrement par l'infini bonheur du moment présent.

Le rire, pourtant si libérateur, offre parfois un arrière-goût. Au début, cet arrière-goût, c'était la culpabilité d'avoir encore cette capacité alors que j'étais affligée d'une insupportable douleur qui, même en riant sincèrement, demeurait présente en permanence dans mon esprit.

Finalement, mon fils bête, assurant habituellement toute retenue d'expression joyeuse, mon fils qui plus souvent qu'autrement critique est un peu l'incarnation physique de ce que je suis en-dedans depuis presque un an: mièvre, lourde, sans couleurs.

De voir rire avec tant de légèreté cette partie de moi-même m'a réchauffé le coeur de la même manière que si j'avais retrouvé entièrement ma propre capacité de m'amuser.

5 commentaires:

Shônia a dit...

Je me rappel un fou rire après m'avoir fait croire que l'ongant anti-fongique à Fred était plutôt celui que je devait mettre aux hémoroïdes de ton frère... et quel fou rire... :P

Grande-Dame a dit...

Quel délicieux fou rire effectivement...et quelle honte pour moi de rire autant trois jours seulement après la mort de Thomas...:-S ;-)

Une femme libre a dit...

Brian Perro, un nouveau héros pour les jeunes qui a en effet une apparence très masculine et qui a du fun dans la vie. Un héros littéraire! C'est super je trouve.

Rire aux éclats malgré les épreuves atroces qu'on a pu vivre est un signe de santé mentale et de résilience. Pas de quoi avoir honte, bien au contraire!

Pur bonheur a dit...

C'est bien le signe que la vie continue, malgré nos chagrins et nos deuils. Il ne faut pas se sentir coupable de vivre.

Marie Eve a dit...

Je suis bien contente d'être tombée sur tes pages. À bientôt!