jeudi, octobre 19, 2006

L'arnaque du coin-coin


C'est avec beaucoup d'enthousiasme que je vous partage mes découvertes de la journée.

Complètement sous le charme des magnifiques oiseaux qui viennent se percher sur les échinacées de la plate-bande face à mon bureau, j'ai décidé d'apprendre à les connaître pour mieux pouvoir les nourrir par la suite.

Bon, je ne suis pas familière avec ces quelques espèces, mais ma patience devrait en venir à bout. Pour l'instant, ma culture ornithologique, je dois l'avouer, est assez limitée.

Avant aujourd'hui, je connaissais:

-Les mouettes (repoussantes et facilement identifiables près des poubelles ou sur les berges du lac Memphrémagog) ;

-Les pigeons (ils roucoulent et les mouvements de leur cou sont coordonnés avec ceux de leurs pas) ;

-Les geais bleus (quelles couleurs! quelle classe!) ;

-Les perruches (ben quoi?) ;

-Les outardes (j'adore leurs cris lorsqu'elles passent au-dessus de ma tête, je suis fascinée par leur organisation et leur cohésion sociale)

Avant aujourd'hui, j'avais la naïveté de croire que les oiseaux étaient séparés en deux catégories distinctes: ceux qui s'expriment par des pit-pit-pit et ceux qui sont plus confortables avec les cui-cui-cui.

Eh bien ce temps est r-é-v-o-l-u. À présent, je sais.

Ce matin, je me suis d'abord occupé des geais bleus. C'est fou la rapidité avec laquelle ils sont venus chercher mes peanuts. Les cinq beaux geais sont venus se servir à tour de rôle. De mon bureau, je les observais, admirative et enchantée.

Puis oh, en fin de journée, quelle divine gentillesse, mon amoureux est rentré du travail avec un guide d'initiation aux oiseaux pour satisfaire mon désir tout neuf de copiner avec la gente ailée de ma cour.

Je peux maintenant avoir l'air vraiment cultivé et vous impressionner un peu avec les cris typiques de quelques oiseaux. Mon oreille avisée commence même à capter des bribes de discussion ma foi, fort intéressantes.

Je sais maintenant et dorénavant que:

-Le plongeon huard chantonne ha-ou-ou en trémolo;

-La bernache mâle fait a-honk tandis que la femelle rouspète hink;

-Prétentieux, le canard branchu mâle soupire pfffuit et la femelle heureusement insolente rétorque wou-ik;

Au fil de ma lecture, j'ai également été désillusionnée sur le canard d'Amérique: moi qui ai toujours cru que les canards faisaient bêtement coin-coin, quelle stupéfaction de me rendre compte que non seulement j'étais dans l'erreur la plus totale, mais que pire encore, j'avais transmis cette fausse croyance à mes enfants.

Chers lecteurs, je vous informe en toute bonne foi que le canard ne fait point coin-coin et ne l'a jamais fait, contrairement à ce qu'on nous a toujours laissé croire. Le mâle crie plutôt whi whi whiou, ce auquel la femelle répond coua-ac (attention: le colvert, lui, fait arrmf, arrmf et le canard souchet fait touk-touk-touk...c'est à distinguer, car whi whi whiou peut être assez flatteur tandis que arrrmf arrmff peut être plus offensant pour le récepteur du message. On essaie d'éviter autant que possible les injures qui pourraient blesser les individus, pour la plupart assez susceptibles. Personnellement, un arrmff armfff surtout s'il est suivi d'un touk-touk heurte mon amour-propre et ne me donne pas envie de flirter).

Je poursuis...

-La sarcelle mâle fait tsip-tsip et fort ordinairement, la femelle ne lui répond qu'un vulgaire couac;

Quant au canard pilet, il s'efforce d'être original avec son prrrip-prrrip, mais lui non plus ne réussit à soutirer à la femelle rien de mieux qu'un simple couac.

Notons que la femelle sarcelle d'hiver innove par rapport à ses cousines avec son fantaisiste et ironique hin, hin.

Avec l'eider à duvet, on monte le standing d'un échelon: le mâle appelle aw-ouu-ourr et la femelle l'accote (enfin) aisément avec son kor-r-r.

J'ai appris, au cours de mes lectures, que la mouette tridactyle s'exprimait par des kaka-ouik ou des kitti-waak tandis que le goéland marin s'exprimait à grands coups graves de kiow et de âohk. Brrrr!

J'ai également mis fin à mon ignorance en ce qui concerne le goéland argenté, que je croyais à tort être une mouette. De mauvaise foi, mon oreille perfide a toujours cru entendre des waaaack-waccck en guise de cris. Détrompez-vous si vous le croyiez aussi car en vérité, le goéland argenté pousse des aillâk...aillâh...aillâk ou encore des yuk-yuk-yuk-yukl-yukll. Une telle méprise est impardonnable!

Je vous reviendrai bientôt avec quelques autres incontournables ainsi que des nouvelles de mes expériences ornithologiques. Il me semble de plus en plus essentiel de savoir bien communiquer avec les individus qui nous entourent.

J'ai déjà hâte à demain. L'idée d'échanger quelques onomatopées avec mes nouveaux amis me séduit littéralement. Avec un peu d'observation, je pourrais même trouver leurs noms. C'est réellement passionnant!

2 commentaires:

Shônia a dit...

Merci pour ce savoureux réveil parsemé d'humour. Heureusement écrit... car s'il avait fallu que tu puisses enregistrer ses sons, ç'aurait sans doute été moins exquis! :P

Anonyme a dit...

Génial !! Et tu écris drôlement bien !!

J'ai commencé ce trip là moi aussi, quand nous avons aménagés au bord de l'eau ! Je peux te dire que t'as pas fini de t'amuser avec eux !...ces temps ci, les geais bleus osent se mettre le nez dans le jardin d'eau...ils s'ébrouent un par un pendant que l'autre jette un oeil autour en guise de surveillant !

J'ai reçu la visite - ho combien rare! - de jaseurs boréals l'hiver dernier...des oiseaux ventrus, tout vert/gris, avec un masque noir à la zoro autour des yeux !...ils viennent manger les baies rouges restées dans mes arbutes...tiens, s'ils viennent je les envoie chez vous pour que tu puisses les admirer !
xx