samedi, septembre 20, 2014

Evelyne

Je me rappelle d'une fin de soirée il y a environ 11 ans. Les enfants étaient couchés, mon amoureux et moi étions assis sur le plancher du sous-sol et c'est là que j'ai senti bouger bébé Thomas dans mon ventre pour la première fois. C'est également ce soir-là que mon amoureux a, lui aussi senti son enfant à travers ma peau.

Il s'était inquiété que cette "première fois" ait moins d'importance pour moi parce que c'était ma cinquième "première fois". J'avais tenté de le rassurer: chaque grossesse était unique et ce bébé avait autant d'importance pour moi que les autres. Non, je ne m'émerveillais pas moins de cet instant singulier parce que c'était ma 5e grossesse. J'étais émue, bouleversée d'amour pour la pépite de petit gars qui grandissait en moi.

Il avait semblé avoir du mal à concevoir que ce fut possible et il avait téléphoné à sa maman, heureux de partager cet instant avec elle qui se réjouirait de son bonheur. J'avais été attristée qu'il ait du mal à me croire, moi qui étais si entière et si sincère dans mon émotion vis à vis ces premiers mouvements si précieux pour moi !

Il y a une semaine, notre bébé 8 est arrivée dans notre vie dans des circonstances particulières. Nous avons mis plusieurs jours à nous remettre de nos émotions. Depuis, dans le visage de l'homme de ma vie,  la plus grande fierté du monde. Chaque fois que ses yeux se posent sur le nouveau-né qu'il a lui-même accueilli sur le divan de notre salle à manger, une explosion d'émotion et de fierté. Je vois bien à quel point il l'aime follement, combien elle le fascine et combien il se dévouerait pour elle.


Je ne puis m'empêcher de penser à son inquiétude d'il y a onze ans que les enfants subséquents aient moins d'importance ou de valeur que le premier. Est-ce que notre petite Evelyne a moins d'importance dans son coeur parce que c'est son quatrième enfant? En a-t-elle moins pour moi parce que c'est ma huitième merveille du monde?

Je rirais insolemment au visage de celui ou celle qui oserait douter de cela.

Evelyne occupe mes journées autant que mes nuits depuis son arrivée. Je passe des heures entières à la contempler à travers tous les futiles petits accomplissements d'une journée. Pour la huitième fois de ma vie, je m'émeus devant l'amour infini et inconditionnel que l'on peut porter à son enfant que l'on ne connait pourtant pas encore simplement parce que c'est le nôtre.

Notre brunette mignonette a tout juste huit jours, nos nuit sont plutôt carencées en sommeil, notre efficacité est déficiente, notre organisation chaotique et pourtant, nous ferions pour elle tout le nécessaire pour qu'elle soit la plus heureuse des petites filles.