samedi, juillet 30, 2011

Croisière urbaine ou la nature à proximité

Laval...oui oui, on sait, les centres d'achats, mais vous le savez, je déteste magasiner alors je ne vous en parlerai guère.

En fin de journée récemment, c'est sous son visage nature que nous l'avons explorée. Déjà des adeptes du boisé Papineau pour ses randonnées (et avouons-le, lâcher les enfants lousse dans le silence), du centre de la Nature (presque bis = pas autant de silence) et des vergers lavallois l'automne venu, nous ne l'avions pas encore visitée depuis la rivière.

Nous avons eu l'occasion d'aller serpenter à dos de Héron Bleu la rivière des Milles-Iles et de contempler avec un certain détachement la beauté des rives que l'on chevauche habituellement plus par nécessité que par envie de s'évader...pas trop loin de la maison.

D'abord, fidèles à notre habitude, nous sommes arrivés en retard. À deux voitures pour notre grande famille, le défi était d'arriver à l'heure et en même temps ! De justesse, nous y sommes presque arrivés (quelques minutes de retard...oui, nous nous efforçons d'entretenir notre pitoyable notoriété en matière de ponctualité !). Le personnel a eu la clémence d'attendre les retardataires (gratitude !).

Juste de mettre les pieds sur le quai et voilà, les enfants étaient aux anges, nous partions à l'aventure et surtout, nous partions !

Durant la ballade commentée (d'une durée d'une heure et demie), nos enfants (ceux qui n'étaient pas en train de se promener d'un siège à l'autre pour rejoindre la fratrie éparpillée, de trébucher dans le fil du micro ou de vouloir devancer l'animaterice) en ont appris plus sur la faune et la flore marines de la rivière des Mille-Iles, son histoire, la géographie environnante, les berges (dont la maison de Céliiiiine, sur laquelle l'animatrice a beaucoup insisté) et la construction des ponts qui la chevauchent. Bon, les plus jeunes étaient trop fébriles pour être réellement attentifs à l'aspect pédagogique de l'aventure mais les raisons pour lesquelles ils ont apprécié la ballade sont quand même là : des animaux empaillés à caresser (oui, même morts, ils méritent de l'affection et justifient un changement de place 56 fois à la minute pour prolonger le privilège de l'animal "de compagnie"..hm...), le caractère désinvolte d'une ballade en bateau, les canes qui nagent sur la rivière avec leurs canetons à la queue leu leu (bonheur que nous n'avons pas eu avec Coquette), les maisons de riches à faire rêver sur les rives (ben oui, on peut toujours fantasmer) et toujours un siège avec des grands frères prêts à nous accueillir chaleureusement malgré notre remarquable agitation.

Sympathique petite ballade qui clos agréablement une chaude journée d'été.

Pour plus d'information, c'est par ici : Parc de la Rivière-des-Mille-Îles .

jeudi, juillet 21, 2011

Le courage que j'aime

Mon Coco vient d'avoir 10 ans. C'est un garçon jovial, libre, heureux, souriant. Il est toujours prêt à rendre service, il est affectueux, intègre, généreux. Il y a dans ses yeux une lueur constante de gaieté, d'authenticité. Il est franc mais n'aime pas faire de peine, il culpabilise facilement et rayonne quand il est fier de lui.

C'est le seul sur lequel Fils Aîné, qui l'appelle son 'mini-moi' (ils se ressemblent vraiment beaucoup) n'a jamais eu d'emprise et pour cela, il le respecte profondément.

Coco, donc, par sa personnalité simple et gaie, a beaucoup d'amis et sa compagnie est recherchée. Un de ses meilleurs amis vient souvent à la maison. Tous les jours, en fait. C'est un bon garçon que j'aime beaucoup: il est poli, jovial, d'ordinaire respectueux et il apprécie le reste de la fratrie. Cet excellent ami a un défaut: il se montre parfois insistant.

Il y a  quelques jours, l'ami téléphona pour venir à la maison. Coco lui mentionna qu'il n'en avait pas vraiment envie. Grand-Charme me fit remarquer qu'il avait de l'admiration pour son jeune frère qui savait être franc et dire ouvertement à ses amis quand il n'avait pas envie de jouer avec eux.

Or, la franchise de Coco ne suffit pas et l'ami retontit à la maison quelques minutes plus tard. Coco essaya de se montrer poli mais n'avait visiblement aucune envie d'être avec lui. L'ami insista pour qu'ils aillent tous deux s'acheter des bonbons. Coco refusa. L'ami insista. Coco refusa. Durant une dizaine de minutes, en préparant le dîner, je les entendais tenir sur le patio leurs positions respectives.

Puis, Coco rentra dîner et l'ami insista pour l'attendre dehors et jouer avec lui après son repas. Coco accepta à contrecoeur et rentra la mine basse. "Coco, que je lui dis, tu n'as vraiment pas l'air motivé à jouer avec lui. Tu sais, tu as le droit de lui dire non. Tu n'es pas obligé de faire ce dont lui a envie juste parce qu'il te met de la pression".

-C'est vrai me dit Coco. (On aurait dit à sa pauvre mine qu'il avait une tonne de pression sur les épaules). Je n'ai pas envie de jouer avec lui.

Il sortit bravement sur le patio et interpella son ami qui attendait. Attendrie, je l'écoutai: "Ami, je n'ai pas vraiment envie de jouer avec toi aujourd'hui. J'ai accepté parce que tu insistes beaucoup mais je me sens mal parce que je me sens obligé."

L'ami demeura perplexe un instant, puis s'enligna pour insister à nouveau.

Je sortis alors appuyer Coco, que j'avais trouvé bien courageux. "Ami, dis-je gentiment mais fermement, Coco a passé la fin de semaine chez son père, il vient de rentrer et aujourd'hui, il a envie de prendre ça relaxe sans stress à la maison."

-Ah. Ok. fit-il avant de rembarquer sur sa monture.

Je songeai aux paroles de Dumbledore écouté la veille à l'École des sorciers: "Cela demande beaucoup de courage pour affronter ses ennemis mais plus encore pour affronter ses amis."

Pour cela, je donne 10 points à mon Coco franc qui a si bien su faire.

samedi, juillet 09, 2011

Les guerres des nôtres

Je me demande depuis un bon moment combien de temps devraient durer les guerres de nos ancêtres.  La mémoire collective est essentielle, certes. On ne désire et ne doit pas oublier ce qu'il y eût avant nous. Ce qui fut demeurera historiquement immuable . Une partie de l'histoire de nos aïeuls fait intrinsèquement et culturellement partie de ce que nous sommes, serons et transmettrons.

Comme en dépit des horreurs indéniables de l'Holocauste je suis lasse du brandissement constant de l'histoire collective d'un peuple pour justifier le massacre gratuit, actuel et toléré de Palestiniens en plus de toutes les misères collatérales (blocus, contrôle des infrastructures et de l'aide humanitaire, etc.) qui leur sont imposées, de l'indulgence particulière que l'on "devrait" diplomatiquement avoir envers les bourreaux intouchables sous prétexte de ce qui fut il y a 70 ans, de l'allégeance qui, faute de leur passé souillé, devrait aller de soi si un jour il fallait faire un choix, comme si on devait toujours en faire un, je me questionne à propos de l'hostilité polie francos / anglos au Québec.  

Je me souviens avoir pensé un jour que le jour de la St-Jean, fête nationale des Québécois, si Leonard Cohen était de la partie, lui et son pacifisme naturel, sa voix envoûtante et son universalité  pourraient réussir à nous faire mettre de côté nos maux de colonisés en dépit de la langue d'appartenance de l'artiste, synonyme d'oppression.

Dans mon fantasme, il était le réconciliateur de deux nations distinctes mais peut-être pas si incompatibles humainement malgré leurs distinctions culturelles majeures (nombre d'entre nous avons de bons amis anglophones mais on préfère parfois juger l'individu autrement que son peuple). Et je ne m'embarque même pas sur le terrain glissant de l'indépendance, juste sur celui d'une hypothétique harmonie, d'une volonté commune de rendre l'avenir plus coopératif que le passé....

Puis, il y a quelques semaines (avant la St-Jean...eh oui, j'ai enfin eu le temps de terminer ce billet !), j'ai entendu en entrevue à la radio Normand Bratwaithe (ayant maintes fois été animateur du show de la St-Jean), qui avait eu une réflexion semblable. Il affirmait avoir pu intégrer dans des shows de fête nationale des artistes chantant en plusieurs langues pour souligner notre diversité culturelle: de Florence K en espagnol à Elisapie l'Inuit en passant par la musique africaine, les Québécois sont ouverts...mais n'essayez pas de leur refiler une fratrie Wainwright, aussi exquise soit-elle, sous prétexte d'ouverture culturelle. Comme la plaie béante des Juifs, celle des Québécois français saigne encore en entendant la langue du conquérant.

Bratwaithe expliquait que dans cette dynamique de foule-là, ce soir-là, c'était impensable et que lui, en tant qu'animateur, n'aurait pas voulu se porter garant d'être l'hôte d'invités anglos qui assurément se seraient fait huer à la quasi unanimité.

Cela a alimenté ma réflexion au sujet des coups de sabre historiques mais je ne sais toujours pas combien de temps un peuple "devrait" porter les guerres de ses ancêtres pour être à la fois ouvert sur l'avenir et conscient et respectueux des souffrances passées et parfois encore fragiles de son peuple. Je ne comprends pas non plus pourquoi au nom de l'oppression de vos ancêtres vous devriez entretenir une certaine hostilité non seulement envers un peuple mais également envers des représentants de peuples qui individuellement ne vous ont jamais porté atteinte, ni pourquoi on devrait avoir envers vous des égards bien supérieurs à ceux que nous avons pour les autres parce que plusieurs générations plus haut, il y eut des vainqueurs, des vaincus et que les vôtres ne se trouvaient pas nécessairement dans la meilleure position. Il est possible que je me sente lésée de l'état actuel des choses mais mon voisin anglo, si mes calculs sont bons, ne se trouvait pas sur les Plaines d'Abraham le jour fatidique....Je ne te connais pas mais je te déteste parce que mon arrière-arrière-grand-père a haï le tien. Je comprends le principe mais n'ai pas le réflexe de cette rancoeur naturelle.

L'entretien de ces haines est symbolique et j'ignore combien de temps un peuple devrait -et s'il est sain et souhaitable qu'il le fasse- entretenir pour leur conscience collective les guerres de leurs honorables aieuls.

Roméo et Juliette ont dû se cacher pour s'aimer, comme tant d'autres, pour éviter la grogne de deux familles qui se détestaient. On les admire pour cela. L'histoire manquerait-elle de romance?

Passer collectivement à autre chose ne signifie pas oublier, tout comme ressentir un instant de joie après la mort d'un proche ne signifie pas l'avoir effacé de sa mémoire...