mardi, mars 29, 2011

Déstabiliser le statu quo

Il y eut cette dernière année réforme dans plusieurs pans de ma vie. Rien de véritablement digne de mention mais pourtant, si. Nous, humains, tolérons mille situations inconfortables parce qu'elles ne sont pas intolérables mais qui nous grugent suffisamment d'énergie à la longue pour nous épuiser psychologiquement.

J'ai réformé. De ces réformes qui nécessitent parfois de faire d'abord un pas en arrière pour pouvoir mieux avancer ensuite. J'ai fait des choix, du ménage dans mes relations drainantes, changé mes attentes stériles en investissement minimum, mais sincère. Certains choix rendent notre vie plus complexe mais nettement plus agréable.

Je voudrais toute ma vie ainsi : ne pas étirer advitam aeternam une situation qui me tue à petit feu, faire des pas en arrière lorsque nécessaire pour demeurer fidèle à mon coeur et mes principes, ne pas hésiter à écarter de ma vie une situation ou personne pourtant bien intentionnée même si elle ne me convient plus, demeurer libre. Libre, libre, libre comme l'air. Libre de mes choix, libre d'esprit, libre d'être heureuse ou candidement et éternellement tolérante.

Dans les faits, pourtant, l'énergie disponible pour servir ses principes passe parfois ailleurs : les responsabilités, l'interminable liste de tâches et de feux à éteindre, les exigences du quotidien, la fatigue.
Par contre, lorsque dans l'esprit, une décision est prise, watch out. La perspective avec laquelle on regarde une situation, un problème, un pan de notre vie change. Grand sentiment de pouvoir sur sa propre vie.

Plus complexes, que certains pans de ma vie, oui. Mais est-ce que je renoncerais au bien-être procuré par certains choix?

Non.

dimanche, mars 27, 2011

En parallèle

Lecteurs, lectrices, vous aurez constaté que je rôde moins par ici. Je cours après ma queue et prends des shortcuts lorsque possible. Je mijote plusieurs billets pour le blogue et réserve mes mots d'enfants et cocasseries pour la vélocité Facebook.

Rejoignez-nous y !

Et tape, et tape sur le clou MÀJ

Une poussée sournoise dans un casier, un croche-pied, une vacherie pour impressionner ses amis, des sobriquets réducteurs, des regards méprisants, baveux, moqueurs qui déversent dans votre vulnérabilité le poids d'un fiel tantôt désinvolte, tantôt tristement aigü, qui n'en a pas été victime, qui n'en a pas infligé à plus vulnérable que soi sans conscience réelle de son impact? Une fois. Une seule. Suffisant pour amorcer l'escalade de démolition d'une personne en pleine construction de soi.

Il y a aussi toutes les fois où l'on tape sur le clou. Encore, encore et encore. Arrêt de bus, récrés, cafétéria, durant les insupportables trajets de bus, bref, lors de tous ces moments où les élèves sont laissés en toute intimité avec la cruauté de leurs semblables. Vous pensez que vous y échapperez peut-être l'année suivante? Détrompez-vous. Enfonce, enfonce le clou.

Il y a aussi les amis de la gang. Pas les vôtres, non. Les amis de ceux qui vous harcèlent. Ils ne s'impliquent pas dans la violence psychologique, n'existent qu'à demi-mots, témoins silencieux des coups bas des têtes fortes auxquelles jamais ils ne diront: "C'est assez, tu vas trop loin."

La fondation Jasmin Roy existe maintenant et se déploie pour sensibiliser, soutenir les victimes et les intervenants, faire pression sur les instances en place pour faire front commun devant le monstre qu'est l'intimidation.

J'ai été bouleversée par les témoignages de plusieurs victimes sur le site et également par le courage de plusieurs jeunes qui ont accepté de briser le silence devant la caméra.


Bravo et longue vie !

MÀJ: On craint souvent que nos petits chéris ne subissent l'intimidation mais j'affirme ceci: nos anges à la maison ont tout ce qu'il faut pour savoir être AUSSI bourreaux à l'abri de notre regard. Eh oui, les nôtres aussi. Il m'arrive de demander à mes fanfarons -pourtant sensibles et ouverts aux autres- qui me rapportent leurs amusements TELLEMENT drôles les réactions des autres, ceux-là même qui sont supposés être impliqués dans la farce: et eux, ça les a fait rire? Le ton était à la blague? L'autre l'a-t-il compris? C'était amusant et partagé ou t'étais le seul à te trouver drôle? Tout n'est souvent que question de perception... Je me demande si les deux filles qui m'ont intimidée durant toute une année avaient l'impression que je riais avec elles. Savaient-elles que plusieurs fois, je me suis cachée pour pleurer...

jeudi, mars 17, 2011

Conseils d'ados

"Parce qu'on (les deux plus vieux) a remarqué que les petits (#3 & #4) étaient arrogants, paresseux et irritables, il faudrait leur donner plus de tâches et moins de privilèges pour les corriger et pour que leur comportement ne se reproduise pas sur les plus jeunes." -Fils Aîné, 16½ ans.

(Grand-Charme tient à ce que je spécifie qu'il n'aime pas que l'on parle en son nom et qu'il n'est pas d'accord avec "ces propos complètement disgracieux")

Qu'est-ce qu'on ferait sans leurs précieux conseils, hm?

Le sens des affaires

Il faut savoir que Fils Aîné attend chaque semaine son cours de basse avec impatience. Il est devenu, depuis près de deux ans, un excellent bassiste. Il y a quelques semaines, nous avons dû, faute de moyens, lui demander de faire un choix entre son cours de basse et son cours de chant. La basse l'a emporté.

Il y a quelques semaines aussi, il a demandé à rencontrer un courtier pour faire des placements. Il possède quelques économies qu'il souhaite placer à un taux plus intéressant que celui d'un simple compte en banque.

Après que le courtier eût quitté la maison, faisant réaliser à mon cher Fils Aîné qu'il serait intéressant pour lui d'avoir un revenu régulier avant de se lancer dans des placements avec seulement quelques économies, il vint me retrouver avec une moue suppliante, sérieuse mais incrédule : "Maman, est-ce qu'on pourrait laisser tomber mon cours de basse et investir plutôt l'argent que tu y mets dans un fonds commun de placement à mon nom?"

Huh....
(je salue le sens des affaires, mais dommage quand même que ce soit au détriment de la musique)

mercredi, mars 16, 2011

N'empêche...

...elle va me manquer, notre fourgonnette. En fait, bien sûr elle, oui, d'une certaine manière mais surtout la possiblité de rapatrier tout mon monde dans la même voiture. Même si ça se chamaille, même s'ils chantent faux avec leur mp3 sur les oreilles, même s'ils laissent traîner leurs déchets dans l'auto, même s'ils s'obstinent tout le temps pour ne pas s'asseoir sur la banquette arrière et réservent avant chaque départ les places sur les sièges du milieu, ils sont miens, mes enfants, tous réunis dans ma belle synergie familiale et ce ne sera désormais plus possible avant un bout. Je ne sens pas encore cette possibilité "d'esprit" familial dans une si petite voiture.

Dans la fourgonette, proximité obligée, on y surprend aussi des grands qui replacent doudou en boule sous la tête des petits endormis pour éviter les torticolis, des discussions loufoques, de la coopération, une boîte de Timbits qui se promène d'une paire de genoux à une autre, des éclats de rire. Nous avons même eu droit à des garçons à la chasse à la guêpe qui venait de piquer leur bébé soeur en larmes.

Une voiture neuve, c'est beau, propre, impeccable, mais tristement impersonnel. Notre fourgonnette nous ressemblait: chaotique, pleine de vie et de travers, des jouets traînant partout, des sacs, des trucs qu'on oublie et qu'on finit par perdre sous les sièges, des morceaux de biscuits émiettés dans les sièges d'enfants, une mitaine égarée, un livre, des cd, des factures, de la monnaie. Elle nous ressemblait mais Dieu que je respirais bien chaque fois que je venais d'y faire un gros (et éphémère) ménage !

C'est aussi la voiture dans laquelle nous avons voyagé notre Thomas. Une voiture pleine de souvenirs, de petits voyages. Elle nous a causé tant de misères, jamais nous n'aurions cru avoir un tel pincement au coeur en lui faisant nos adieux.

lundi, mars 14, 2011

Famille nombreuse et achat de voiture: notre choix intelligent

Quand votre famille compte huit personnes, les voitures adaptées à vos besoins ne courent pas les rues. Je me rappelle avoir lu un article sur mamanpourlavie concernant l'achat de voiture pour les familles nombreuses. Dans leur considération, les fourgonnettes proposées s'arrêtaient à sept places. Or, notre famille compte huit paires de fesses.

Il y a cinq ans, nous avions opté pour un des rares modèles qui permettait les déplacements à huit : la Venture de Chevrolet....celle-là même qui est en train de rendre l'âme après de plutôt déloyaux services mécaniques mais qui somme toute était la nôtre puisqu'elle transportait ceux qui nous sont les plus précieux.

Évidemment, la question du nouvel achat/location a été longuement discutée ici et le choix, bien que nécessitant des compromis et ajustements dans notre manière de voyager, s'est imposé de lui-même.

Comme...

1) Nous ne voyageons que très rarement tous les huit (généralement que de 1 à 4 personnes);
2) Notre fourgonnette consomme énormément d'essence (et donc d'argent) ;
3) Nos ados vieillissent et suivent de moins en moins le reste de la famille ;
4) Nos ados vieillissent et réclameront probablement d'utiliser la voiture d'ici quelques mois/années ;
5) La famille sera amenée à voyager dans des directions opposées vu les activités et engagements de chacuns....

Nous avons décidé de nous tourner vers une voiture cinq places économique plutôt qu'une fourgonnette.

Mais diantre, comment voyagerons-nous toute la famille ensemble les quelques fois dans l'année où cela sera nécessaire?

Nous louerons une deuxième voiture, tout simplement. À paiements mensuels égaux, notre décision nous permet d'avoir un véhicule neuf (enfin, plus de réparations qui coûtent les yeux de la tête), d'économiser plusieurs centaines de dollars par mois en carburant et d'avoir -argument non négligeable- l'esprit en paix.

Ah, certes, notre choix ne nous permettra plus de déplacements spontanés. Dommage, car j'aime beaucoup les moments d'inspiration subite pour une destination du genre: "Là, là, là, préparez-vous, on part à Québec dans une heure (donc trois, par la force des choses, mais ça ce n'est qu'un détail.)". Dommage également car partir en vacances toute la famille génère une dynamique collective savoureuse, une fébrilité familiale unique (en dépit de la témérité de certaines configurations d'enfants dans la fourgonnette). Dommage également car il est à prévoir que dans un avenir rapproché, Grand-Homme et moi nous nous disputions le CD de Bernard Adamus et assurément quelques autres favoris. Dommage aussi car lors des moments de "voyagement à part", je ne pourrai plus flatter vigoureusement les cuisses de mon homme durant le trajet.

Quoiqu'il en soit.

Nous sommes heureux de notre choix et nous roulerons dans moins de 48h dans notre nouvelle bagnole.

OOooooh !

Je viens de publier mon 1000e message en cinq ans et demi.
Dois-je me sentir festive?

vendredi, mars 11, 2011

Une nouvelle association

Vous le connaissez sans doute... Perso, je l'aime pour son adorable ridicule, pour sa caricature, son impression naïve d'être in, ses métaphores farfelues et pleines d'humour pour aborder mille et une réalités adolescentes.

Je parle du Prof Laurier. Son succès auprès des jeunes (je ne prononce plus ce mot de la même manière depuis un autre personnage des Pieds dans la marge, Pierre-Paul Paquet), il l'a mis au service du MELS dans des capsules qui n'ont rien perdu des couleurs originales du personnage. Il y parle d'estime de soi, de l'importance de l'effort et de l'école et plus encore.

C'est ici que ça se passe.

Bon succès à l'association de cet adorable personnage (on s'y attache doublement parce qu'il nous rappelle tous un de nos propres enseignants du secondaire !)  favoris au ministère !

dimanche, mars 06, 2011

Notre Thomas


Pour l'occasion de notre cinquième année sans notre beau Thomas, Grand-Homme et moi avons concocté ce petit montage qui me remplit de fierté par ce qu'il transmet et aussi parce que de m'immerger intensément, symboliquement, dans la courte période de ma vie partagée avec lui m'a fait un bien immense au coeur et à l'âme.



Je ne compte plus le nombre de fois que je l'ai visionné et je suis bouleversée d'amour chaque fois de me rappeler à quel point notre fils était beau.

Il était précieux et dans mon coeur, rien n'a changé...en fait, peut-être dans mon âme, mais c'est un sentiment indescriptible...un genre de docilité presque indécente face à ce parcours qui est le mien sans pour autant altérer quoi que ce soit à l'amour que j'ai porté, que je porte et que je porterai toujours à mon Thomas parti trop tôt. C'est un genre de dignité que je porte au-delà de la souffrance parce que par-dessus tout, je me sens choyée de l'avoir porté, riche de l'avoir aimé, privilégiée d'avoir été sa mère.

Même si j'ai plusieurs regrets vis à vis cette époque, je ne peux changer le passé...que me remémorer ce que la présence de cet enfant unique a eu comme importance dans ma vie, mon coeur, mes choix, mes convictions personnelles et spirituelles.

Enjoy !

jeudi, mars 03, 2011

Le je-ne-sais-quoi

Je trouve si beau, depuis toujours, de les voir tous, réunis dans le gymnase de l'école cherchant les leurs parmi l'assemblée qui grossit, le coeur fier, l'oeil alerte, les gestes nerveux.

De toute ma fierté, je les espionne alors dans leur univers plus si secret que ça. Spectacles de Noël, pièces de théâtre, spectacle de musique, spectacle de fin d'année. Chaque fois, je suis émue. Pas juste pour les miens, mais pour ceux avec lesquels je les vois grandir, aussi.

Il y a deux jours, on innovait. C'était une soirée poésie. Le mien de Tout-Doux, onze ans, était transformé. Du gamin qui cherche généralement à se fondre dans la masse pour éviter de s'en distinguer, qui remue les lèvres sans chanter pour éviter d'être entendu, qui se cherche une tête, un corps derrière lesquels se dissimuler à défaut d'avoir l'élan qu'il faut pour habiter l'espace, plus rien ne subsistait.

Et je ne parle pas que de sa présence sur la scène. Dans les coulisses improvisées en sièges de gymnase, de l'aisance dans le geste, une assurance nouvelle, un sourire franc (lui qui est plutôt économe). Il attendait son tour.

Sur scène, j'ai entendu sa voix et sa voix, chose impensable encore l'an dernier. Quelque chose avait changé en lui.

Mon Tout-Doux, il est pertinent, sensible aux autres, empathique. Il a de l'acuité, de l'esprit, une fabuleuse capacité de réflexion et d'introspection. Tout-Doux, il est aussi Shtroumf à lunettes sur les bords, à vous reprendre sur votre prononciation incorrecte, sur l'ironie qu'il n'a pas comprise ou sur vos contradictions.

Souvent, je l'ai regardé tristement interagir, chercher à faire entendre sa voix ou à se retirer, fatigué de chercher sans jamais trouver. "Vas-y, Tout-Doux, déride-toi, défends les idées en lesquelles tu crois, fonce dans le tas ou, comme dirait l'autre, défends-toi, fous-y un coup de râteau dans l'dos !"

Mais cela ne s'impose pas. Le parent-qui-sait-tout peut sermonner-pousser-encourager tant qu'il veut, tant qu'on ne sent pas en-dedans le je-ne-sais-quoi, l'effort, aussi sincère soit-il, sera aussi dénué d'effet que de crédibilité.

Lorsque le je-ne-sais-quoi opère, par exemple, watch out. Toutes les possibilités sont là.

En le regardant, je jaugeais avec attentrissement, fierté et soulagement sa capacité à faire, lui aussi, partie d'un tout. On désire toutes les voir trouver leur place parmi les leurs, interagir naturellement sans que la lourdeur de chaque move social ne représente un handicap.

Par sa manière de s'impliquer avec sérieux et engagement, de défendre ses idées et ses principes, de prendre sous son aile les plus faibles comme un bon précepteur, de s'émouvoir par procuration devant toutes les misères qui ne lui appartiennent pas, il devient tranquillement solide. C'est sa façon à lui.

Sur la scène, il a parlé de sa voix authentique. Il s'est tenu, n'a pas eu peur de s'entendre. Il a parlé vrai. Oh, ce n'était qu'un poème, ce n'était que quelques secondes, mais pour la première fois, il a habité l'espace entièrement.

Et puis, ce n'est pas tant la scène que l'ensemble qui m'a ravie : le Tout-Doux sur le banc avec ses camarades, désinvolte, préparé, souriant, au-dessus de ses affaires, qui reste lui, le Tout-Doux détendu qui est ce qu'il a envie d'être à l'instant présent sans effort, qui a les yeux rieurs et qui goûte l'accomplissement après la préparation.

Il n'est pas toujours facile pour un Tout-Doux tout en réserve, de prendre sa place parmi une fratrie plutôt extravertie, revendicatrice, fantaisiste, tapageuse et engagée. De tous les chatons yeux encore clos qui se chamaillent et s'écrasent en miaûlant pour obtenir la mamelle la plus généreuse, Tout-Doux a toujours été celui qui cède sa place aux plus vigoureux, qui attend son tour parce que de toute manière, il n'est pas combatif et puis comme il est si patient...

J'avais trois billets très convoités dans la fratrie pour la soirée poésie. C'est finalement accompagnée de mes deux ados que j'ai été entendre le poème, mais surtout me délecter du je-ne-sais-quoi de Tout-Doux, qui a tiré de la présence de ses frères attentifs une douce fierté.

Un souci discret s'est calmé dans mon esprit : celui que même les garçons posés, discrets, philosophes et vertueux finissent par trouver leur place dans une dynamique grouillante de diversité où les plus entendus ne sont pas toujours les plus pertinents. Espérons que le je-ne-sais-quoi continue d'opérer !