mercredi, mars 31, 2010

L'exhibitionnisme involontaire

Dans mon billet précédent, une lectrice s'est indignée de ma manière d'étaler des pans de la vie de mes enfants sur le net.

J'en ai été étonnée puisqu'il me semble que heurter la dignité de ceux qui me sont chers (enfants ou autre) est quelque chose que je cherche à éviter et que je réussis à parler d'eux de manière cocasse et amusante. Bien que je ne sois qu'à moitié d'accord avec ses reproches, je me suis passé la réflexion suivante sur mes années de blog.

Au départ, le blog se voulait un espace créatif où partager des tranches de quotidien familial, des réflexions sur différents sujets et obtenir de l'interaction. Les finesses, commentaires charmants des enfants, moments tendres issus des tranches de vie voient leur valeur bonifiée lorsque partagée et nourrie de l'expérience perso des lecteurs.

Aussi, la plupart des blogs de maternité permettent de dédramatiser certaines situations qui autrement exaspèrent. Sous le joug de l'humour, on arrive à voir les choses autrement, à s'amuser secrètement, puis plus si secrètement que ça des couleurs que nous font voir nos marmots.

Mes enfants lisent mon blog depuis plusieurs années. Être la vedette d'un billet de maman, susciter des commentaires, faire rire le lectorat est très recherché chez nous, chez certains plus que chez d'autres.

Fils Aîné fut élu par le lectorat de mon blog, il y a deux ans, au Gala Blog'Or organisé par La Fêlée au titre de meilleur second rôle masculin. Quelle fierté chez lui lorsque je lui ai annoncé qu'il avait gagné !

Avec du recul, je peux affirmer que l'humour que permet le blog pour partager une situation est une lunette dans laquelle mes ados aiment regarder. Le blog de maman: sa perception, son humour, ses idées, ses silences.

"Est-ce t'as écrit un nouveau billet?", "Ça fait longtemps que tu n'as pas parlé de moi.", "Tu parles de lui plus que de moi, on dirait que je te fais plus rire", "Arrête de mettre des photos de tes savons, ton blog était plus intéressant avant."

Évidemment, ils ne sont pas toujours d'accord avec ma lecture de la situation. Ils rectifient parfois mes propos dans les commentaires.

Le blog sert aussi de véhicule d'auto-dérision. S'énerver, se mettre les pieds dans les plats, auto-critiquer ses propres agissements, y réfléchir, changer son fusil d'épaule, cogiter à voix haute. Les vicissitudes de la vie sont une pâte malléable que l'on peut façonner comme on veut. Je choisis, parfois, de les façonner en quelque chose de rigolo. Le blog permet cela. S'émouvoir, rire de soi, de ses faiblesses, de ses travers.

Les enfants contribuent aussi à cela. Ils ont appris à rire d'eux-mêmes et apprécient avoir un public pour leurs bons coups, leurs facéties. Évidemment, parfois, la thématique du billet peut être plus embarrassante. Nous possédons alors la fabuleuse faculté d'en parler. S'ils ne sont pas à l'aise, out.

L'indignation de la lectrice quant à mon "manque de respect envers mon fils" nous a donné un bon prétexte pour rediscuter de cela. Si Fils Aîné fut amusé de mon billet, ce n'est pas le lectorat de mon blog qui aurait pu le mettre mal à l'aise, mais un effet pernicieux spécifique à une personne de qui se préserver est pour lui un must et cela, de manière préventive.

"Alors, tu préfères que je le supprime ou pas?"

Regarde en haut, regarde à gauche, à droite, puis droit dans mes yeux: "Ouais. Je pense qu'on est mieux."

Alors voilà.
C'est fait.

dimanche, mars 21, 2010

Orientation

En bordant mon fils de dix ans, celui-ci me demanda, comme chaque soir, comment avait été ma journée. Comme chaque soir, je lui racontai en détails ce que j'avais fait pendant qu'il était à l'école, puis partageai avec lui une réflexion.

"Bof, c'était pas une super journée" que je lui dis. "En fait, depuis que j'ai envoyé mon livre à des éditeurs, on dirait que je ne sais plus trop où concentrer mes énergies. J'ai beau travailler sur la deuxième partie de mon livre, je sais plus trop où je m'enligne, c'est comme si je repartais à zéro..."

Mon étonnant Tout-Doux de me répondre: "Je pense, maman, que t'as besoin d'un nouvel objectif."

L'acuité de cet enfant me stupéfait.

**

Bien sûr, il a raison. Je fais quoi? Chercher du boulot? Me lancer dans la confection de la courtepointe de Frédéric, que je lui avais promis une fois mon livre terminé? Poursuivre l'écriture de la deuxième partie de mon livre, dont je trouve la qualité du texte plus savoureuse que la première et donc la limpidité de l'écriture satisfaisante? J'ai peut-être besoin d'une pause, de distance par rapport à l'écriture. Le hic: je suis incapable de vivre sans écrire.

En passant par chez Peccadilles, comme je m'intéresse et me questionne sur mille professions (n'ayant souvent rien à voir entre elles) et que je m'inscrirais à autant de nouveaux programmes à l'université, j'ai eu la curiosité d'essayer le même test pour voir quel champ professionnel on me suggérerait.

Je trouve le résultat plutôt amusant. En fonction de mes réponses, on me propose les professions suivantes: adjoint médical, agent de libération conditionnelle (!), agent de probation (!!!), bibliothécaire, andragogue, catalogueur, coordonnateur de département dans un collège, directeur d'école, dépisteur en sport professionnel.

Ironie

Au sujet de certains anti-dépresseurs, Santé Canada a émis la mise en garde suivante, qui est d'une exquise ironie.


"Mise en garde (Santé Canada)

Médicaments inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS), commercialisés notamment sous les marques Prozac, Zoloft et Paxil.

OTTAWA (Juin 2004) - « Santé Canada avertit les Canadiens que tous les nouveaux antidépresseurs vendus sur ordonnance, appelés inhibiteurs sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS) ou inhibiteurs du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRS), sont maintenant accompagnés de mises en garde plus vigoureuses».

« Ces nouvelles mises en garde précisent que les patients de tous âges qui prennent ces médicaments peuvent présenter des changements comportementaux et/ou émotifs pouvant être associés à un risque accru de poser des gestes autodestructeurs ou de faire du mal à autrui ».

En mai 2006, la Cie pharmaceutique Glasko Smith Kline a admis que des analyses de données provenant d'études cliniques montraient que le Paxil pouvait entraîner 6 fois plus de risques de causer le suicide chez des adultes que la prise d'un placebo."

N'est-ce pas pour le moins surprenant qu'un anti-dépresseur, supposé régulariser les humeurs et contrôler les angoisses, puissent avoir de tels effets secondaires?

jeudi, mars 18, 2010

Ménage

Dans mon élan de renouveau printanier, le blog aussi y passe. Je taponne, essaie, explore et on verra ce que ça donne.

Trier, élaguer, reclasser. Gros boulot en perspective. Je le fais dans tous les racoins bordéliques de ma vie, espace virtuel compris.

Vous serez peut-être un tantinet dépaysés.

mercredi, mars 17, 2010

Le pouvoir parental

Ado, alors que je marchais avec ma copine Ève, elle me confia qu'elle ne désirait pas avoir d'enfants lorsqu'elle serait adulte. Étonnée de sa position radicale, je l'ai questionnée et nous avons parlé du pouvoir parental qui la terrorisait tant. Un parent a tous les pouvoirs face à la vulnérabilité d'un enfant, qu'elle affirmait. Ce pouvoir lui faisait craindre toutes les possibilités qui s'offraient à un parent mal intentionné. Et si elle, un jour, utilisait ce pouvoir à mauvais escient? Elle se craignait elle-même en cas d'hypothétique dérape.

Je pense à elle souvent lorsque je me retrouve en position de force face à un de mes enfants. Par exemple, en "torturant" Béatrice pour qu'elle prenne le médicament qu'elle déteste tant, j'utilise mon pouvoir contre elle. Je vais à l'encontre de sa faiblesse (pour son bien -ce qu'elle ignore- mais tout de même) d'enfant.

Ce matin, en offrant un jus de pruneau peu appétissant à ma fille en simulant que ça allait être délicieux, j'ai abusé de mon pouvoir pour l'influencer. Pour son bien. J'ai encore pensé à Ève lorsque Béatrice s'est fiée entièrement à moi pour l'ingurgiter. Confiance absolue. Cette confiance totale et gratuite d'un enfant envers son parent est porteuse de toutes les possibilités.

On mise sur l'amour et la bonne foi du parent pour ne jamais utiliser cette confiance acquise contre la vulnérabilité, l'intégrité et le bien-être d'un enfant.

Ce pouvoir surpasse tous les types de pouvoirs. On n'a qu'à concevoir un enfant et hop, il nous appartient sans effort, sans validation qu'on l'utilisera uniquement de manière judicieuse. C'est un pouvoir absolu qui vient avec toute maternité.

On prend pour acquis que ce pouvoir vient avec l'amour et la bonne foi et ça devrait être le cas. Cependant, on sait que ce n'est pas le cas. N'est-ce pas terrible d'avoir un tel pouvoir à sa disposition?

lundi, mars 15, 2010

L'espace

J'observe à quel point mon rapport à mon espace physique a changé au fil des naissances de mes enfants.

Chaque fois, il y a bien sûr la fusion avec mes bébés, qui est de plus en plus importante et de plus en plus longue à chacune des nouvelles naissances, mais le plus ironique, c'est la manière dont les besoins de ce même espace par rapport aux autres grandit lui aussi lorsque la famille accueille un nouveau membre.

Non que je ne les tolère plus dans mon espace vital, ils demeurent très présents mais plutôt que comme je suis physiquement très sollicitée, je me sens plus rapidement agressée par les contacts qui sont des "proximités nécessaires" de leur mère pour des enfants et des ados sans qu'elles ne soient des caresses ou de l'affection.

Par exemple, je suis plus intolérante aux enfants qui s'accrochent à ma jambe, qui me bloquent le passage dans la maison lorsque j'avance librement, qui cherchent à me jouer dans les cheveux en me parlant, à s'approprier mes doigts pendant qu'ils me racontent quelque chose, à rapprocher leur chaise de la mienne à table jusqu'à ce que la proximité leur permette de s'accrocher affectueusement à ma main qui essaie tant bien que mal d'utiliser sans contraintes sa fourchette ou à verser un verre de lait sans subir les soubresauts des câlins à outrance, à m'approcher d'une manière étouffante. J'ai donné beaucoup physiquement et mon corps réagit vivement à tous ces envahissement physiques.

Ma mère m'a fait récemment le commentaire que j'étais moins affectueuse. C'est exact. Mon corps a besoin de se réapproprier de l'espace vital.

Lorsqu'un de mes garçons joue sur l'ordinateur, trois ou quatre membres de la fratrie s'agglomèrent autour pour le regarder jouer. Ce n'est pas moi qui suis assise et pourtant, leur agglomération m'agresse à un point tel que j'ordonne leur dissolution. Je peine même à comprendre comment ils arrivent à ne pas se sentir envahis à quatre ou cinq derrière le même écran !

L'espace physique, l'espace amoureux ont été grandement envahis ces derniers mois. Rares sont les moments où je peux me coller contre mon homme sans que les petits vampires ne viennent infiltrer l'espace douillet de la zone conjugale. C'est sweet, ces moments de colle-colle, mais c'est aussi intrusif dans le noyau.

Vivement quelques jours en amoureux, vivement le début de l'agrandissement de notre maison, vivement le retour du plein air, vivement l'espaaaace !

dimanche, mars 14, 2010

La compassion

-Maman, à l'école, M-A a eu trois contraventions la semaine passée.

-Ouch, c'est beaucoup.

-Même que la dernière fois, il en a eu une parce qu'il a donné un coup de pied sur la chaise de B, qui s'est renversée. B s'est fait mal.

-J'imagine.

-C'est pour ça que j'ai été voir N (l'enseignante) quand j'ai vu qu'elle allait lui donner une autre contravention. Parce que je sais que M-A, quand il reçoit des contraventions, son père lui donne des coups avec la boucle de sa ceinture.

-Qui t'a dit ça?

-C'est M-A. L'an passé. Son père enlève sa ceinture et le frappe. Cette semaine, il a déjà dû recevoir des coups à cause des deux premières contraventions. C'est peut-être pour ça qu'il était fâché et qu'il a donné un coup de pied sur la chaise de B.

-Et N, elle en a dit quoi?

(En haussant les épaules) -Ben, elle va en parler avec la directrice.

Il me raconte ça, mon Loup de dix ans, avec désinvolture. Il reconnait la rudesse du geste répréhensible mais avant tout, c'est ce qui se cache derrière qui suscite sa compassion.

Ça me laisse pantoise. Émue.

samedi, mars 06, 2010

La disponibilité

C'est fou ce que de laisser derrière quelque chose qui nous accaparait nous rend disponible d'esprit, léger, réceptif, ouvert à autre chose.

S'éloigner de l'arbre, regarder la forêt

À présent que mon manuscrit est envoyé, j'en ai débuté une relecture pour la vue d'ensemble. Exit la révision, juste le plaisir de lire fluidement.

C'est là que les coquilles, les abus de verbes et d'adjectifs qui ont visiblement l'air de mes préférés, les fautes idiotes me sont sautées en pleine figure.

Comment ai-je pu passer à côté de telles évidences?

Vous savez quoi, docteur?

J'en ris.

jeudi, mars 04, 2010

L'accomplissement

C'est d'être si fébrile d'avoir fait imprimer tout ce qui doit être envoyé aux quelques éditeurs sélectionnés qui fait que le sommeil ne viendra assurément pas mais on s'en fout, hein, quand on goûte enfin l'exquis sentiment d'aboutir, du moins de tendre vers quelque chose de concret.

Demain matin: tout ça à la poste.

Mes paquets m'émeuvent et cette fois, ce ne sont pas des savons !

PS. Avouez, je suis héroïque d'avoir réussi à finaliser tout ça avec la gastro qui s'est invitée cette semaine chez ma demoiselle (et possiblement chez Tout-Doux, oh que ça regarde mal), et tous les maux des autres qui couvent, tout cela pendant la relâche avec des enfants survoltés (bon, d'accord, quelques uns seulement, mais quand même, Grand-Charme ne donne TELLEMENT pas sa place qu'il en vaut plusieurs à lui seul.)

Je me pète les bretelles.

Ouais.

Je me pète les bretelles.

Curieuse coïncidence: c'est aujourd'hui que j'ai mis le point final. Aujourd'hui: quatrième "anniversaire" du décès de Thomas. Je suis tellement thématique que c'est quasiment arrangé avec le gars des vues.

Et puis tiens, un beau merci à Pur Bonheur de m'avoir suggéré il y a trois ans et des poussières d'écrire un livre. C'était une bonne idée, je pense. En tout cas, moi, je suis satisfaite de mon travail (même si demain soir je pataugerai dans le doute. 'Savez, éternelle insatisfaite.
Parlez-en à mon homme
).