mardi, juin 30, 2009

Venise, jour 2

Jour 2. Je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit après une belle promenade en bateau-bus et une marche longeant le Grand Canal. Des angoisses. Encore (et toujours).

En dépit de ma méga fatigue et du décalage, je n’ai dormi que quelques heures. J’enviais mon homme qui ronflait à mes côtés. J’appréhende la suite du voyage. La logistique chargée avec si peu de bras, la fatigue de tout le monde, le territoire inconnu et la difficulté parfois de se faire comprendre me stressent. En choisissant de venir avec les tout-petits, il fallait s’y attendre. Dire que je voulais emmener aussi les grands! La logistique aurait été monstres, même si plus souvent qu’autrement ils sont des aides plutôt que des charges.

Venise est ravissante, racée, « architecturement » magnifique, raffinée mais aussi dense, humide, étouffante. Nous avons dû aujourd’hui serrer la bride de Frédéric, qui courait dans tous les sens et que nous peinions à suivre. La main est désormais obligatoire dans les agglomérats de touristes. J’angoisse à l’idée de le perdre.

Nous expérimentons de nouvelles avenues pour manger écono. Essais-erreurs. Nous approchons de la bonne formule. À vouloir parfois tant économiser, on se donne un trouble inutile qui aurait bien valu quelques euros.

En après-midi, sommes allés marcher sur une place St-Marc bondée (je te dédie la photo, Dr. Maman
).

Visite du palais des Doges. Une immensité architecturale, des détails à n’en plus finir. Je n'ose imaginer le nombre d'artistes qui y ont travaillé et le temps investi. Majestueux n’est pas suffisamment puissant comme qualificatif. Mes grands auraient adoré les salles de l’armurier avec des épées, arbalètes, armures, boucliers, canons, lances, tunnels secrets, prisons. Ça aurait inspiré Fils Aîné pour ses confections d'armes de combat de Grandeur Nature!



Les rues et ruelles à Venise sont tellement étroites qu’elles deviennent facilement labyrinthiques et oppressantes. Heureusement que les plans existent!



Béatrice est une voyageuse hors-pair. Nous avons troqué l’écharpe (que j’ai du mal à nouer correctement dans certaines positions) pour le sac dorsal. Elle y est joyeuse, babille et observe du haut du dos de son papa.

Les vitrines sont alléchantes et colorées. En ne magasinant même pas, j’ai déniché trois paires de chaussures qui m’ont plu du premier coup (exceptionnel, ça). Que je n’ai pas achetées, faute de budget et par souci de ne pas nous alourdir davantage. Les boutiques de chaussures ici sont d'un tel magnétisme, on dirait qu'elles ont toutes été faites sur mesure pour moi! Je succomberai peut-être à une avant notre départ. Si j'ai déjà une ampoule d'avoir tant marché, même dans des souliers confortables, c'est signe que j'ai besoin de nouvelles chaussures, non?



Mon Tout-Doux serait ravi de voir que beaucoup de vitrines proposent des meringues bien plus colorées que celles que je sais faire. Il adore!

Nous en sommes à trois voyages en bateau-bus. Frédéric en a marre des bateaux-bus maintenant qu’il sait ce que c’est. Besoin de nouveaux stimulis. Ce qu’il réclame à présent, c’est rien de moins qu'une ballade en gondole.



Demain, nous quitterons la ville. J'ai apprécié l'explorer, il me tarde maintenant m'extirper de la masse pour me diriger vers les montagnes et les espaces plus verts. Venise manque d'espace. Tout y est condensé, même notre chambre est minuscule. Je suis heureuse de l'avoir vue mais j'y ai étouffe.

Le sommeil est difficile ici. Le seul qui arrive à dormir, c’est Grand-Homme-le-loir. Les enfants et moi ne nous sommes pas remis du décalage et nous nous réveillons au milieu de la nuit pour nous rendormir à l’aube seulement.

Béatrice dort déjà, mon homme aussi. Frédéric est exténué mais ne le sait pas. Il est au lit et vérifie avant de s’endormir : « Maman, est-ce qu’il y a des monstres en Italie? »

Tout le monde sait qu’il n’y a aucun monstre en Italie. Même le Grand Méchant cheval blanc ne s’est pas pointé une fois depuis notre arrivée.

lundi, juin 29, 2009

Quelque part entre Montréal et Paris...

Le découragement, je l'ai senti venir lorsqu'on nous a séparés, mon homme et moi, dans l'avion après nous avoir assuré que nous ne serions pas très loin. Aussitôt embarqués, Fred s'est mis à faire le clown sur son siège, gosser après tous les accessoires à sa portée, se rebiffer devant mon autorité. Les excès de fébrilité chez les enfants se mesurent en octaves d'épuisement chez les parents!

Ça y est, que je me suis dit, je suis complètement folle d'avoir envisagé ce voyage avec de si jeunes enfants.

Envie de pipi du grand, les bras chargés d'une Béatrice...heureusement que les agents de bord existent dans les avions!

"Mamaaan! Ze veux papa il vienne s'asseoir avec nous pa-que nous, on l'aiiiiime papa, hein maman!"

Finalement, après un moment, une gentille dame a changé de place avec mon amoureux et il a pu me donner un coup de main avec les enfants. Et puis je ne connaissais pas, mais les lits de bébé, dans l'avion, c'est génial. Tellement pratique pour laisser bébé jouer ou dormir et les parents se reposer les bras!

Entre Paris et Venise, paysages à couper le souffle. Je fus émue de voir le relief des Alpes et pré-alpes du Trentin Haut-Adige (si ma géographie est bonne). De toute beauté. Des montagnes majestueuses recouvertes de pics enneigés, de pics rocheux et de velours vert. J'ai déjà hâte d'y être, j'aurais passé mon séjour complet là-bas, dans toute cette immensité.





Au-dessus des montagnes que j’aime tant, je commence à décompresser (un peu) du stress de dizaines d’heures de planification, du manque de sommeil, de l’ennui (déjà) de mes quatre grands qui sont restés au Québec avec leur papa, de l’esprit contestataire de Frédéric, de plusieurs remises en question dans ma vie, de l’angoisse de devoir transporter tant de bagages avec si peu de bras (pas vrai, ça, ça m’angoisse encore!).



Nous avons réussi à nous rendre à bon port chargés comme des mulets. Heureusement, quelqu’un a inventé des valises à roulettes mais malheureusement, les ingénieurs civils vénitiens ont eu l’idée de concevoir certains de leurs ponts avec des escaliers.

Du haut de ma grande naïveté, j’ai cru que l’homme qui nous avait offert un coup de main pour traverser le pont avec nos bagages (pas même deux minutes de boulot) était un bon samaritain. Naaa! Il voulait se faire payer. Tout se monnaie pour les touristes, je n'y avais pas pensé! J'ai sans doute eu l'air stupide de le remercier si chaleureusement!

Après un petit repos éprouvant, sommes allés souper sur une terrasse vénitienne pour un prix exhorbitant pour ce que nous avons ingurgité. Frédéric était très impressionné par le canal.





Nous avons passé un fort agréable moment avec notre fils qui n’a pas cessé de geindre pour aller dans le bateau-autobus, critiquer le choix du repas et pleurnicher qu’il ne voulait pas de son jus de pomme (qu’il avait lui-même choisi) parce qu’il n’était pas de la bonne couleur.



Chez nous, le jus de pomme est jaune. Autre chose que ça, c'est suspect.



Promenade ensuite dans les rues touristiques aux mille kiosques. J’ai déniché quelque chose qui amuserait bien Fils Aîné et probablement aussi Grand-Charme. Je ris juste à imaginer leur réaction. Je retournerai l’acheter demain. J'espère qu'ils se creuseront la tête pour imaginer ce que c'est! :o)

Nous avons mangé une gelato (la mienne au café, délicieuse!), tel que recommandé par Marie-Julie puis pris le bateau-bus près du pont du Rialto pour rentrer, au grand bonheur de Frédéric, qui après s’être amusé à courir après les pigeons, avait retrouvé son sourire.



Tiens, donc! Je n'ai jamais mis les pieds dans ces boutiques dont toutes les tambouilleuses vantent les produits et c'est à Venise que j'en croise un pour la première fois!



Nous avons survécu à la pire part du voyage pour le transport des bagages. Reste à faire le trajet sens inverse jusqu'à notre voiture louée.

Dans les épisodes ultérieurs: une journée avec des enfants et des parents reposés et conduire en Italie...

dimanche, juin 28, 2009

Le test

Trajet en voiture avec mes quatre plus jeunes. Je roule, puis m'arrête pour céder le passage.

J'attends.

Et attends.

Et at...

-Mamaaan! Pourquoi tu t'arrêtes? que demande Frédéric.

-Je dois laisser passer le petit garçon à bicyclette.

Il considère un moment celui qui nous empêche d'avancer.

-Ze veux pas tu arrêtes.

-Je dois m'arrêter Frédéric. Si je ne m'arrête pas, je vais frapper le garçon avec la voiture.

-...

-...

Dans le rétroviseur, je toise l'air songeur sur son visage. Ses yeux réfléchissent, il étudie intérieurement la question.

-Maman?

-Hm...?

"Frappe-le", il affirme le plus sérieusement du monde.

-Non Frédéric, si je le frappe, je vais l'écraser, il sera blessé et peut-être même mort.

Coco, indigné s'en mêle: "Frédéric, t'es méchant de dire ça, si on frappe l'enfant, il y aura beaucoup de sang, il sera mort et ses parents auront beaucoup de peine!"

-Oui, comme papa et maman quand Thomas est mort! renchérit Tout-Doux.

Frédéric demeure stoïque et réitère sa commande: "Frappe-le maman. Ze veux il soit mort. Ze veux son papa et sa maman ils l'aillent beaucoup de peine. Ze veux ils pleurent."

Et les deux autres de s'indigner plus fort, leur petit frère n'a pas de coeur, pourquoi est-ce qu'il tient à être témoin d'un spectacle aussi cruel?

Frédéric ignore leur quête de bon sens comme s'il ne les entendait pas.

Coco, ardent défenseur des opprimés, de secouer la morale (!) de son cadet, de tenter en vain d'y voir poindre une once de compassion.

Niet.

-Allez maman, vas-y, frappe-le, en tentant d'y mettre un peu plus d'impérativité.

Nous sommes arrivés à destination chez ma copine pour fêter la St-Jean.

Tous les enfants de la fête en sont sortis indemnes.

vendredi, juin 26, 2009

La dynamique

Nous entrons à l'époque de l'année ou la dynamique familiale change quotidiennement. Sorties de fin d'année scolaire, dodo chez les amis, va-et-vient continu dans la maison.

La famille est constamment renouvelée, la dynamique aussi.

Chaque enfant, par sa personnalité et ses demandes particulières, habite l'espace d'une façon précise, prend une place que personne d'autre ne peut saisir. Chacun est irremplaçable

Les soirs à table sont d'un calme étonnant sans l'un ou l'autre des enfants, ce qui nous incite à croire que l'activité intense de nos repas repose sur les épaules d'un seul enfant. Évidemment, c'est faux. Chaque membre de la famille influence les autres.

Fils Aîné est de nature mature, responsable, entêtée, calme (il me propose de rajouter "beau" et "célibataire" pour préciser le portrait), influence beaucoup ses frères et ne lésine pas sur l'ironie et les insultes subtiles pour écoeurer autrui (il aime particulièrement embêter Grand-Charme qui s'éternise au téléphone à ne rien dire à son amoureuse). Fils Aîné et Grand-Charme ont développé, au fil des années, une belle complicité. Mon grand ado, c'est un intellectuel, un gentlemen toujours à son affaire qui excelle en dessin.

Grand-Charme, qui est d'un narcissisme à faire rougir, écoeure continuellement Tout-Doux qui est le plus soupe-au-lait. Il est un peu dans une phase larvaire entre l'enfant et l'adolescent, insouciant, artisssss, théâtral, nonchalant, brouillon. Une chose importe pour lui: sa vie sôôôciale (comme dirait Desjardins). Et peut-être aussi son bordel, son théâtre et sa dulcinée Virginie. Il donne un peu l'impression de nous percevoir comme si nous venions d'une autre planète. Il me fait pourtant rire tant de fois dans une journée par son sens incroyable de la répartie, par son allure de grand flanc mou, par son vocabulaire à 150$. Il n'y en a pas deux comme Grand-Charme pour insulter ses pairs avec élégance. C'est un réel talent chez lui et il aime en abuser.

Tout-Doux est le messager en chef qui aime rapporter ce que ses frères pensent, aiment, disent, font, omettent de faire, refusent de faire, arrivent presque à faire, ont presque dit, presque pensé, pensé penser, refusé de penser, presque omis de penser. Il donne l'impression d'être en attente continuelle. Il attend que quelque chose se passe, qu'un ami téléphone, que quelqu'un ait l'éclair de génie de lui proposer quelque chose qui lui tente enfin. Il aime être l'élu qui m'aide à cuisiner, à jardiner, à savonner. Avec lui, il faut être patient, attendre qu'il s'ouvre, que les choses viennent de lui. Il peut donner l'impression d'être distant et un jour, sans crier gare, il se met à vous faire un tas de confidences qui vous laissent bouche bée. Mon Tout-Doux, il est sensible comme pas un et il arrive occasionnellement que je le retrouve recroquevillé sur lui-même à pleurer un incident survenu des semaines, voire des mois plus tôt. Il est beau, ses traits sont parfaitement doux, il est attentionné et est capable de réflexions très profondes pour son âge. Mon Tout-Doux, il est sérieux, introverti, ne sourit pas souvent (son visage s'illumine quand il sourit). On dirait qu'il médite constamment.

Coco est un rayon de soleil gambadant gaiement. Toujours souriant, amoureux de la vie (et de sa maman, et de Béatrice), il est apprécié de tous, sait ce qu'il veut, ce qu'il ne veut pas et sait solliciter (et harceler) pour obtenir ce qu'il désire. Il sait se faire respecter et est le seul réellement capable de braver corps et âme Fils Aîné. Ses amis l'apprécient pour sa simplicité, son intégrité et sa gaieté. Il est généreux, coopératif, séducteur, toujours prêt à rendre service. C'est un enfant intense aussi bien dans ses colères que dans ses élans d'amour. Fils Aîné le surnomme affectueusement son "mini-moi". Physiquement, ils se ressemblent beaucoup (mais spécifions que Coco est nettement plus beau). Coco, aussi adorable soit-il, est la victime privilégiée des élans despotiques de Fred). Ne jamais s'y méprendre avec lui: s'il débute une partie de Monopoly apparemment harmonieuse avec Tout-Doux, ça finira inévitablement en chicane. Toujours. TOUJOURS.

Frédéric est une peste séductrice. Du caractère, il en a à revendre. De la curiosité aussi. Il est très "gars" dans ses intérêts, adore le vélo, le parc, l'action, les voitures. Il possède également de la graine de police. Il n'est pas rare qu'il nous interrompe pour sermonner ses frères à notre place. Depuis la naissance de Béatrice, il a pris Coco en grippe. Pour mille raisons aussi insignifiantes les une que les autres, il l'engueule et se plait à affirmer que Béatrice est la soeur de tout le monde SAUF de Coco. Il se plait à affirmer que Coco est petit-petit-petit-minuscule (et Coco de tenter de solliciter son bon sens pour lui prouver le contraire en mettant preuves sur table). Il se met à pleurer dès qu'il apert que Coco a raison et qu'il ne peut plus le nier. Frédéric propose depuis quelque temps de mettre sa soeur dans la poubelle avec le camion de vidanges. Depuis qu'elle marche presque à quatre pattes, il se plait à lui écraser les mains et lui donner des coups de pieds innocents dans le dos quand il passe près d'elle. Quand il nous demande une faveur et qu'on lui refuse, son premier argument est: "Mais maman! Ze vais être saze et très zentil avec Béatissss". Frédéric est très amoureux de ses parents, revendique mille câlins, aime faire des colle-colle avec maman "en attendant que papa prenne sa douche, d'accooord?", s'ennuie de ses frères quand ils sont chez leur père et fait souvent pester Fils Aîné par ses caprices d'enfant gâté. Il craint le grand méchant cheval blanc (un genre de monstre qui lui fait peur le soir) et ses frères savent utiliser cette menace pour le faire coopérer. Fils Aîné obtient également coopération de la part de son jeune frère en menaçant de lui mettre une petite assiette au repas. Tout le monde le sait, c'est juste les petits qui mangent dans les petites assiettes. Une petite assiette offerte à Frédéric équivaut à une sorte d'apocalypse. Curieusement, chaque fois que je me plains d'une vilaine journée avec ce jeune homme, il devient UN ANGE séducteur qui me couvre de compliments dès que son père rentre le soir, me faisant passer pour une menteuse.

Ma belle Béatrice est une soie. Elle ne se lasse pas de faire le poisson avec sa bouche, encore plus si on le fait avec elle. Elle est gracieuse dans ses mouvements, fait vraiment "fille" dans la délicatesse de sa façon de gesticuler. Je m'étonne d'être encore aussi émue d'avoir une petite fille. Elle est dodue et délicieuse, sucrée, sublime, mieilleuse et merveilleuse. Mes narines (et mes yeux, et ma bouche) n'ont probablement jamais été aussi explorés que par ses doigts. Elle est vive et curieuse, un peu craintive avec les étrangers, souriante, toujours raivissante. C'est un pur bonheur de découvrir la maternité avec une petite fille, de pouvoir prendre mon temps avec elle, de renifler ses longs cheveux, de prendre soin d'elle, de la protéger. Je me sens choyée et privilégiée que cette demoiselle soit entrée dans ma vie.

Tant d'individualités propres qui s'entrecroisent, inévitablement, ça donne lieu à une dynamique mouvante que je suis heureuse de voir évoluer au gré des jours.

Ces enfants sont la prunelle de mes yeux.

jeudi, juin 25, 2009

Affaire de filles

Un peu perplexe, je m'accroupis près de ma fille assise sur le plancher. Elle s'approche de moi et, petit singe câlin, tente de grimper sur mes genoux.

Un tube à la main, je déclare à l'endroit de mes deux grands: "Ça me fait tout drôle de devoir mettre de la crème vaginale dans la bouche de mon bébé."

Interpelés, les deux ados attendent une explication.

-Elle fait du muguet dans la bouche et la pharmacienne m'a recommandé le Canesten.

-Mais pourquoi une crème vaginale dans la bouche? demande Fils Aîné, une bouche et un vagin, c'est pas pareil.

-...si on avait l'esprit tordu on pourrait dire des grossièretés mais bien sûr on s'en abstiendra.

Sourire amusé de Fils Aîné: "C'est à cause des lèvres, c'est ça?"

Comme je suis douée pour fournir des explications inutiles à mes enfants, s'ensuit un discours sur les milieux humides, le pH (de la piscine, des savons...), les champignons.

La discussion perd de son intérêt. Je badigeonne les lèvres et l'intérieur des joues de ma fille pour trucider l'ennemi. Fils Aîné se retire, et moi aussi.

Ne reste que mon beau Grand-Charme de douze ans qui s'approche pour s'asseoir près de sa petite soeur. Tout tendresse, il lui parle comme s'il venait d'être mis au fait des confidences d'un club sélect de filles et clos la discussion par un très à propos sur ton de pub: "En tout temps, avec Canesten."

L'embarras

Pour une petite dose concentrée d'embarras, rien de tel que de faire une sortie avec mon inégalable peste de 3¾ ans. Dans le langage, la curiosité à voix haute, la rebiffade, la façon de bouger de l'air, il ne donne pas sa place.

Arrêt à l'épicerie. Dans le département des légumes, je tente de doubler par la gauche un panier mal stationné. Ce faisant, je longe de près l'étalage de légumes colorés. De près comme dans "suffisamment près pour que mon fils découvre le pistolet d'un boyau d'arrosage rangé sur un espèce de rail métallique qui fait une quinzaine de mètres de long sous l'étalage".

-Oooh, regarde maman! s'exclame le fils enthousiaste en saisissant le pistolet. Je tente de le stopper avant qu'il n'appuie sur la gachette.

Fausse manoeuvre, le boyau suit et débarque du rail, un mètre en entraînant un autre. Je rattrape au vol le pistolet mais il est trop tard, des mètres de boyau pendent maintenant de l'étalage.

Je replace le tout de mon mieux sous l'oeil amusé d'un client qui patiente pour accéder à l'étalage que je monopolise malgré moi.

Lorsque tout est remis approximativement en place, j'en profite pour sermonner mon fils tandis que le boyau en profite pour débarquer à nouveau. Je le saisis au vol et ce que j'avais réussi jusque là à éviter se produit: j'accroche la gachette, un puissant jet d'eau arrose ma fille étonnée dans le panier d'épicerie et gicle jusqu'au charmant client qui observe toujours mes péripéties quelques mètres plus loin.

Embarras total chaque fois que je croise à nouveau au détour d'une allée ce client qui réussit à réprimer son sourire.

Une autre course puis nous sommes rentrés, mon fils touche-à-tout, ma fille trempée, mon humiliation et moi-même.

samedi, juin 20, 2009

Le magasinage

Je déteste, haïs, abhorre le magasinage.

D'abord, me motiver (ce que je ne réussis jamais) à aller effectuer quelques achats nécessaires, je déteste. Plus souvent qu'autrement, je magasine en ligne: simple, rapide, efficace.

Je vais donc toujours par obligation dans les magasins. Commence alors mon calvaire: entrer dans un stationnement full bondé et avoir un haut-le-coeur devant ces centres de consommation intensive par excellence, trouver un stationnement, marcher de longues minutes pour trouver la boutique qui répondra (peut-être) à nos besoins, marcher derrière des madames-qui-marchent-leeeentement, prendre une grande respiration pour traverser des allées de parfums, contourner des lambineux, trouver ce que je cherche qui évidemment ne me sautera pas dans la face, l'essayer s'il y a lieu, faire la file à la caisse, me faire proposer des cossins dont je n'ai pas besoin, trimballer des sacs jusqu'à l'arrêt suivant (où le processus recommence), retourner à la voiture, pester devant les embouteillages des sorties de centres d'achats.

Pour rajouter un niveau de difficulté, répéter cette opération avec plusieurs jeunes enfants qui voudront jouer à cache-cache sous les racks à vêtements, qui auront faim/envie de pipi mais plus souvent de caca, qui vous ferons peur en surgissant de n'importe où ou encore parce qu'ils gravitent de façon irrégulière autour de vous, qui ne répondent pas à l'appel lorsque vient le temps de changer de magasin, qui vous ferons une crise pour faire un tour dans les escaliers roulants, etc. (comprenez, je préfère encore faire ça short and sweet sans enfants).

Une fois chez moi, faire essayer à mes garçons les vêtements, me rendre compte que c'est trop petit/trop grand/trop raide/pas assez joli/trop moulant, mettre de côté le/les morceaux dans un coin de la cuisine en tremblant à l'idée de retourner me faire rembourser (et envisager à nouveau le calvaire des centres d'achats), ne jamais avoir la motivation de retourner lesdits achats, finalement égarer la facture et/ou dépasser le 30 jours de délai pour le remboursement et être amère d'avoir dû endurer le morceau abandonné par son ex-futur propriétaire dans ma cuisine pour finalement ne jamais me faire rembourser (et devoir trouver une solution pour disposer du vêtements).

Bref, magasiner, c'est un paquet de troubles. Béni soit le net.

Je tiens donc à me vanter publiquement: j'ai survécu à TROIS demi-journées intensives de magasinage cette semaine et aujourd'hui, avec deux enfants dont le plus énergique (qui a finalement été un ange). Tout le monde est habillé pour l'été, tout ce qui manquait pour notre voyage est acheté. Ne nous manque qu'un dictionnaire français-italien, le genre de truc qui se commande hyper facilement sur le net.

Si je survis au retour en magasin du bermudas de Grand-Charme (pitiiiié!), je devrais être encore en vie.

(Et puis dites-moi, comment fait-on pour habiller un ado de douze ans qui fait 5'11" et qui est tellement maigrichon que TOUT ce que je lui achète voyage à la vitesse de l'éclair jusqu'à ses chevilles? Ne me parlez pas de machine à coudre...)??

jeudi, juin 18, 2009

Être derrière...jusqu'à quand?

Chaque matin avant que mes enfants quittent pour l'école, je formule la même question: "T'as ton lunch?"

La réponse est automatique: ouiiiii, bye!

Parfois, de justesse, j'ai le temps de courir sur le balcon en brandissant un lunch abandonné par son propriétaire.

Nombre de fois durant l'année scolaire la secrétaire de l'école me téléphone pour m'aviser qu'un de mes enfants n'a pas son lunch. Souvent, j'ai trouvé un lunch orphelin sur le comptoir et suis passée à l'école le porter.

Ce matin, Grand-Charme partait pour Québec avec sa classe. Grand-Homme a supervisé le rassemblage de son bagage hier. Avant de partir ce matin, j'ai pris la peine de vérifier avec lui s'il avait tout ce qu'il lui faut (son sac à dos me semblait maigrichon) pour ses deux jours là-bas.

-Oui.

Je suis allée le conduire à l'école pour revenir en vitesse auprès des tout-petits avant le départ de mon homme.

À mon retour, sur le divan, une pile de vêtements propres lui appartenant, juste ce qu'il aurait fallu pour la durée du voyage. A-t-il réellement des vêtements dans son sac?

Soupir.

Suis-je retournée lui porter, juste au cas?

Non.

lundi, juin 15, 2009

Savon pierre ponce et son ami savon gomme balloune

Parce que j'aime bien relever des défis savonnesques, j'ai expérimenté la semaine dernière un savon pierre ponce sauge citronnelle lavande. Son odeur est vraiment exquise et me confirme que je préfère NETTEMENT les huiles essentielles aux fragrances.



Une amie m'avait vanté à m'en faire baver d'envie les mérites du savon pierre ponce qu'elle utilise pour les talons secs. J'espère que le mien sera à la hauteur des attentes qui repose sur ses épaules (tut tut, bien sûr que les savons ont aussi des épaules).

Comme j'étais presque à sec de savon à la gomme balloune, je me suis relancée en améliorant ma recette. Elle est maintenant à point mais je ne suis pas satisfaite de son look. Je désirais un savon étagé marbré mais l'opération nécessitant la manipulation de ma pâte divisée et colorée en autant de couleurs a exigé trop de rapidité et ma pâte a commencé à figer trop vite.

De plus, mes pigments ont été mal mélangés. La prochaine fois, j'utiliserai une autre méthode qui s'avèrera plus efficace et assurément plus jolie.

Pour s'évader

Pour se souder bien comme il faut avant notre départ, rien de mieux qu'un week-end au pays des moustiques. Au bord de la rivière L'Assomption, un endroit magnifique en famille avant de se dire au revoir. Mes grands me manqueront, je ne les aurai jamais quittés si longtemps.

Au menu: bonne bouffe, jeux de société, bains en fratrie (le bain était si grand qu'il pouvait contenir toute ma gang), baignade et surtout, cache-cache. Que de possibilités de cachettes sur les quatre étages de cet immense chalet! Plusieurs fois, nous avons mis dix, quinze minutes à dénicher les meilleures cachettes de Grand-Charme.



Les enfants ont adoré le ponton au milieu de la rivière. On pouvait le rejoindre à la nage ou en chaloupe. Ils sont bien braves mes mousquetaires de s'être immergés dans une eau si froide.



Ballade en pédalo. Négociation entre garçons pour savoir qui descendra pour prendre une autre embarquation.



Fils Aîné a consenti. Évidemment, influence oblige, deux disciples ont suivi.

De forts agréables moments en famille. On n'aurait pu relaxer autant à la maison dans notre univers si chaotique. Je me rends compte que tout est plus facile en-dehors de notre maison. Je chiâle moins, décompresse plus, suis de meilleure compagnie, tout le monde coopère plus naturellement. Le rapport à l'espace est différent, les enfants s'empressent de visiter toutes les chambres afin de s'en approprier une, ils y établissent leur territoire, l'harmonie est (quasi!) omniprésente (il faut bien sûr exclure les chicanes à tous les coups entre Tout-Doux et Coco au Monopoly. Ça on n'y échappe pas).

Et puis, ce qui est génial dans ce chalet, c'est qu'avec le Bell ExpressVu, on peut avoir une chaîne de blues 24/24. Le blues pour préparer le repas, sermonner les enfants, se faire planter au Scabble, ramasser les traîneries, ça vous rend la vie teeeellement plus agréable. Je l'ai déjà dit? J'adooore le blues!

Une constante lorsqu'on loue un chalet en famille:

-Vous avez une garderie?
-Ce sont TOUS vos enfants?
-Ouin...ben...vous avez bcp d'enfants...(les enfants issus de familles nombreuses sont-ils voués à faire moins attention aux biens d'autrui??)...c'est sûr qu'avec tous ces enfants...hm....
-Vous êtes plusieurs couples?

***

À mettre dans notre coffres à beaux souvenirs.

Poulet à la mexicaine

L'odeur de mon repas de ce soir semble avoir éveillé plusieurs papilles.

En prenant une seconde bouchée de sa viande, mon Tout-Doux de neuf ans s'exclame: "Il est très bon ton repas maman. C'est quoi?"

-C'est du poulet à la mexicaine.

Il s'arrête net de mastiquer, je capte l'éclair de panique dans ses yeux. Il fournit l'effort nécessaire pour articuler la bouche à moitié pleine, inquiet de ma réponse à venir: "T'es vraiment sûre qu'y a pas de danger? Parce que j'ai entendu dire que ce qui vient du Mexique est dangereux ces temps-ci."

Il avait la bouche pleine mais c'est bien moi qui ai faillit m'étouffer.

mardi, juin 09, 2009

Quelques créations

Je suis très occupée ces derniers temps et par conséquent j'ai moins de temps pour mettre en pratique des recettes inspirées par plusieurs blogueuses incroyablement créatives que j'adore lire.

J'ai réalisé un savon marin-romarin au sels de la mer morte en reprenant presque tel quel la recette de
Céphée naturelle. Un savon qui exige de la patience: les savons habituels (méthode à froid) doivent sécher quatre semaine avant d'être utilisés tandis que ceux au sel nécessitent de trois à quatre mois. J'ai très hâte d'essayer ça!



J'ai rajouté à mes petits pots une crème de soir aux agrumes d'après la recette de crème de soir à l'orange douce de Martine en remplaçant l'eau par de l'hydrolat de pamplemousse (qui sent trop bon!) et des huiles essentielles d'agrumes. Le résultat sent divinement les agrumes (tiens donc) sans dépasser les bornes, la crème est très légère et me convient parfaitement.

En voici une autre que je n'ai pas encore expérimenté. En fait, je l'ai concoctée (adaptation de la crème Douceur géranium de Tartopom) pour la fête des Mères pour ma maman, la femme de mon père (malgré sa loyauté incassable aux produits d'Yves Rocher) et ma belle-maman mais j'ai oublié de la leur offrir.

Il s'agit d'une crème de jour Mère-Veilleuse au jasmin toute douce dont voici la recette:

Phase aqueuse

-3 gr. jus d'aloès
-5 gr. glycérine végétale
-215 gr. hydrolat de jasmin (orgasme olfactif assuré)

Phase huileuse

-beurre de karité
-13 gr. huile de rose musquée bio
-14 gr. huile noyau d'abricot
-15 gr. cire émulsifiante
-9 gr. acide stéarique

Autres

Conservateur
Fragrance jasmin
HE lavande, ylang-ylang, bois de rose
vitamine E
Allantoïne



La prochaine fois, je remplacerai les huiles de rose musquée et le beurre de karité par autre chose car leur odeur prononcée masquent trop la sublime odeur de l'hydrolat de jasmin.

J'ai eu plusieurs demandes pour un savon pour l'eczéma. Après quelques recherches, voici au séchage mon savon anti-eczéma.



Ma recette:

-Beurre de cacao 100 gr
-huile d'amande douce 40 gr
-huile de germe de blé 175 gr
-huile de macadam 50 gr
-huile d'olive 450 gr
-huile de coconut 250 gr

Eau + soude selon le calculateur

À la trace: huile de neem (antiviral, antibactérien, antifongique, réduit les affections de la peau, hydrate) + poudre de mangue (prévient la dégénérescence et la sécheresse de la peau)

Ne restent qu'à le faire essayer à quelques cobayes!

Mes deux p'tits derniers maintenant avec lesquels je me suis beaucoup amusée...

Voici le Gland Café Noisette. Attention amateurs de café, l'odeur est décadente. Et quand je dis décadente...



Cette recette est inspirée d'une erreur. En stérilisant mes contenants dans l'eau bouillante (voir le contenant mauve intact de la crème Mère-Veilleuse sur la photo plus haut qui a été stérilisé à l'alcool), j'ai constaté que les contenants n'étaient pas faits pour ce type de stérilisation. N'empêche, j'ai eu un élan d'inspiration en voyant la forme particulière que prenait le contenant une fois immergé.

Une crème à la noisette s'imposait. Et comme je n'exploite pas suffisamment mon délicieux beurre de café, l'occasion et le mix étaient parfaits.

Ma recette pour le Gland café noisettes (beurre corporel):

Phase aqueuse

-175 gr eau stérile
-6 gr glycérine

Phase huileuse

-20 gr beurre de café
-14 gr beurre de cacao
-3 gr huile de noisettes
-12 gr cire émulsifiante
-9 gr acide stéarique

Ajouts

Conservateur, HE de café, quelques gouttes de fragrance mousse au chocolat.

RÉSISTER À l'ENVIE DE LE TARTINER SUR SES TOASTS!

Et enfin, dans la même veine, je ne pouvais passer à côté. Le contenant a inspiré le contenu...

Voici le Gland Lubrifiant à base de gel d'aloès et de glycérine. Il s'agit d'un produit "clé en main" (attention de ne pas m'étouffer avec mon gâteau-mousse aux framboises!) parfaitement ergonomique pour la moyenne des messieurs. Hm. Ok, m'en vais me coucher! :o)

Motivation calorifique


Lorsque je suis rentrée à la maison en fin d'avant-midi, Fils Aîné était affairé à finaliser ses derniers travaux scolaire. La motivation semblait à son comble (et l'air de satisfaction contrastait nettement avec l'air bête et grognon de la veille suite à sa nuit blanche à jouer au Monopoly avec ses amis mais ça c'est une autre histoire).

-Tu sais ce que j'ai trouvé comme truc pour avancer plus vite dans mes modules de maths?

-Quoi donc?

-Les sucres à la crème de mamie.

Le pot était effectivement ouvert sur le comptoir.

Il poursuivit: "Je me donne le droit de manger un sucre à la crème chaque fois que je viens de terminer deux pages."

-Wow, tu réussis à t'en tenir à ça, bravo! (j'aimerais avoir cette discipline)

Dur labeur, brave garçon travaillant.

Je repartis peu de temps après.

Lorsque je rentrai quelques heures plus tard, voici ce qui gisait sur le comptoir.



Compte tenu du fait que le contenant devait être rempli au tiers, est-ce que Fils Aîné a bien travaillé aujourd'hui? Et compte tenu du fait que le sucre à la crème de mamie soit le plus gourmand d'entre tous, de combien de calories Fils Aîné s'est-il empiffré en quelques heures?

Enquête

Un matin comme les autres...certains se réveillent à la dernière minute, certains sont grognons, d'autres un peu trop baveux et maman est difficile à tirer du lit.

Plouch.

Grand-Charme a ouvert l'armoire, le peigne de Grand-Homme est tombé dans la toilette. Dont le couvercle n'avait pas été refermé. Il va sans dire. Et dont l'utilisateur anonyme n'avait pas tiré la chasse.

-Je mets pas ma main là-dedans s'exclame Grand-Charme catégorique, ce n'est pas ma pisse.

-Et c'est la pisse de qui?

Évidemment, personne ne revendique la propriété du rebutant pipi.

Tout le monde y va de son opinion: c'est à celui qui a échappé le peigne de le ramasser.

C'est à celui qui a rangé les peignes pêle-mêle de le ramasser puisque quand Grand-Charme a ouvert l'armoire, le peigne est tombé tout seul.

C'est à celui qui n'a pas flushé (qui est probablement le même qui n'a pas refermé le couvercle) de le ramasser.

C'est à Grand-Homme puisque c'est son peigne.

-En tout cas moi je le ramasse pas.

-Et tu vas faire quoi? Partir à l'école et laisser un peigne au fond d'une toilette pleine de pipi?

-C'est dégueulasse.

-C'est dégueulasse pour tout le monde.

-Pas pour celui qui est responsable puisque c'est son pipi.

(J'avais pas d'autres chats à fouetter ce matin moi?)

vendredi, juin 05, 2009

L'esprit italien

En prévision de notre départ, je lis beaucoup sur l'Italie. Je découvre en plus de la géographie touristique la profondeur de certains moeurs et codes sociaux. Voici qui illustre bien mes lectures (et qui me fait craindre de ne pas arriver à suivre ce rythme fou).



Amusant mais hallucinant!