mercredi, juillet 30, 2008

Les insultes sauce Grand-Charme

Depuis son plus jeune âge, Grand-Charme se démarque par une faculté hors du commun à insulter les autres avec originalité. Parfois, j'ai reconnu dans ses insultes des répliques empruntées à des films et "pluggées' au bon endroit dans une conversation.

Par exemple, vers trois ans et demi, pour manifester son mécontentement de voir son père manger de la crème glacée en cachette sans en offrir aux autres il s'exclama: "On p-a-r-t-a-g-e, bande de moluches! Allez, sale Barbie!"

Bon d'accord, ça frappe venant d'un enfant mais ses insultes sont dites avec tant de naturel, de spontanéité et d'ingénuité qu'on s'esclaffe aussi spontanément. Son livre d'enfant regorge d'insultes aussi farfelues que sa personnalité est colorée.

J'ai toujours eu de l'admiration pour la fantaisie de ses insultes.

Récemment, lors d'une journée amicale, il vint se plaindre non pas de s'être fait insulter par un autre enfant mais du manque de classe des insultes de ce dernier. Cela m'avait bien amusée. Se faire insulter, d'accord, mais de grâce, avec de la rhétorique de qualité!

Ce matin, de mon lit, j'entendais mon Grand-Charme de 11 ans s'indigner parce que Tout-Doux prenait trop de place dans la cuisine en vidant le lave-vaisselle.

"Franchement Tout-Doux, tu pourrais laisser un peu de place à tes pairs!" lança Grand-Charme sur un ton hautain.

-Vous n'êtes même pas mes PÈRES! s'insulta son jeune frère morose.

-Ouais, eh bien saches que tu manques vachement de vocabulaire jeune homme parce que je te parle de PAIRS, non de PÈRES. On appelle ça un ho-mo-ny-me! Naaan!

Malgré la suffisance parfois dans le ton, je dois admettre que sa répartie me fait toujours rire.

mardi, juillet 29, 2008

La persévérance (ou l'entêtement?)

Être parent se traduit souvent par de petites et majeures confrontations avec son enfant.

Si je suis une mère ferme et exigeante sur certains points, une argumentation bien ficelée et/ou trop émotive de la part de mon enfant ruine ma volonté à tenir mon idée première.

Mes garçons sont devenus maîtres dans l'art de négocier, parfois à ma grande exaspération.

Même le petit s'y met déjà.

Notre combat des dernières semaines: obtenir des nuits de sommeil décentes (pour pouvoir s'en permettre de plus indécentes). Traduction: dormir sans parasite nocturne qui vient nous rejoindre dès une heure du matin avec Doudou, verre de lait, stock de petites voitures et toute sa mignonneté.

Par le passé, à force de persévérance, nous sommes venus à bout de deux longs et pénibles épisodes de ce genre pour garder notre petiot hors de notre bulle conjugale.

Depuis un mois, son insistance pour dormir avec nous peut se traduire par cinq aller-retours dans notre lit entre une heure et sept heures. Notre stock de sommeil s'en trouve largement affecté.

Il y a quelques jours nous avons décidé de sortir la barrière pour emprisonner le fugitif dans sa chambre pour la nuit. À elle seule, elle est un fantastique dissuasif et diminue la sollicitation parentale.

N'empêche que la nuit dernière, nous avons eu droit à de nouveaux arguments pour gagner le confort inégalé du lit de papamaman:

* "Maman, yé où mon lait? Moi veux mon lait!"

* "Viens prendre moi maman, okay? Okay maman? Viens prendre moi! Okay?" (ceci prononcé sur un ton suppliant auquel j'ai miraculeusement résisté)

* "Le lion fait peur à moi (cris et pleurs)! Le lion fait peur à moi!" (celui-là devient régulier)

* "Y a un ouin-ouin-ouin (maringouin) dans ma chambre. Le ouin-ouin-ouin veut piquer moi! (cris d'horreur) Maman! Viens prendre moi!"

* "Boboooo! Moi l'ai un bobo sur ma laaangue. Bobooo! Papaaa! Viens prendre moiiii!"

* "Moi l'ai un bobo sur mon doigt (attente). BOBOOOO! Viens donner un misou maman!"

* "Veux faire dodo dans le lit de maman. Moi veux faire des tolle-tolle. Prendre moi maman!"

Incroyable, mais nous avons résisté durant plus de DEUX heures à cette série d'appels de détresse livrée avec différentes variantes dans la plainte et la chronologie malgré notre épuisement. Nous lui avons bien fait quelques visites (dont un petit moment où je me suis endormie auprès de lui) pour le rassurer mais tout cela sans qu'il ne sorte de son lit. Un exploit. Même si les arguments de ma marmaille ne sont parfois que leurre et que je me sais maternellement lucide, reste qu'il n'est guère facile de résister à ces appels du coeur.

dimanche, juillet 27, 2008

Une petite pièce d'histoire

Article intéressant dans Le Devoir d'hier sur une section du mur de Berlin offerte à la ville de Montréal pour son 350e anniversaire. J'ignorais que Montréal possédait un pan symbolique de ce mur. Nous en possédons même l'une des plus grosses pièces jamais offertes au monde! Ce pan de mur est exposé au Centre de commerce mondial.

Le mur est tombé en 1989. À l'été 1990, ma famille recevait la visite de la tante de la femme de mon père (demeurée prisonnière de l'est durant la guerre alors que sa soeur et sa famille avaient pu s'enfuir). Elle était si heureuse de pouvoir sortir de son Allemagne de l'Est!

Aussitôt débarquée chez nous avec sa petite-fille (qui avait 16 ans comme moi à l'époque), Heike sortit de son sac un grand carré de tissu dans lequel elle avait enveloppé des morceaux de ce mur maudit qu'elle avait elle-même délogés et nous les distribua.

Ma pièce à moi, c'est un morceau de béton à peine plus gros qu'un kiwi sur lequel subsiste des vestiges de graffitis. Un morceau bien anodin quand on ignore ce qu'il représente mais qui est porteur de sens pour ceux qui sont familiers avec son histoire.

MMmmMmm!

Escapade fort agréable cet après-midi en amoureux ici.

J'ai beaucoup apprécié l'endroit. Massage en plein air à côté de mon bel amoureux au son relaxant des fontaines d'eau; quelle détente pour mon corps plein de tensions!.

J'ai même eu droit à un massage du bedon! La masso parlait naturellement du bébé au féminin: "Oh, elle bouge!", "Elle s'est déjà retournée!", "Elle est toute délicate!". Je ne vous dis pas pourquoi ça me faisait tant plaisir!

jeudi, juillet 24, 2008

La fermeture

J'ai hélas du mal à soutenir une conversation avec une personne dont le ton vous indique clairement dès le départ sa position indiscutable.

En situation extrême, la fermeture d'esprit et d'écoute à l'autre sont tellement palpables que vos paroles glissent sur l'imperméabilité de la non-réceptivité de l'autre.

Dès vos premiers mots, vous sentez son parfait hermétisme. Quoique vous ayiez à dire, il ne vous concédera rien. Il n'a rien à se reprocher et refuse d'envisager qu'il puisse parfois avoir des torts malgré toutes ses qualités que vous admirez. Cette personne est irréprochable en tout lieu et en toutes circonstances.

Les autres. Voilà à la fois la cause et la solution des maux de ces personnes: ce qu'on leur reproche est la faute des autres, ils se retrouvent donc quasi toujours injustement accusés. Les autres sont également la solution. Puisqu'ils sont toujours les fautifs, c'est donc à eux que l'on doit tenter de refiler le fardeau de la solution. Qu'eux n'aient jamais à faire le merveilleux mais fastidieux exercice de se remettre un seul instant en question.

C'est épuisant de tenter de créer une brèche pour secouer la conscientisation de ces personnes, de susciter la réflexion que tout le monde doit parfois savoir s'ajuster. C'est épuisant de tenter de responsabiliser, de tenter d'éveiller l'autre à l'observation de sa propre attitude à certains moments.

C'est épuisant et délicat quand il s'agit de son propre enfant et que ce trait de caractère qui vous fait réagir chez lui dès qu'il se manifeste un peu trop fortement vous rappelle ce trait qui était un frein au dialogue avec son père.

Il peut cependant y avoir pire. Pire, c'est lorsqu'à bout de nerfs vous lancez au visage de votre enfant le prénom de son paternel en guise de qualificatif pour remplacer le mot "fermeture".

Même si une discussion plus calme a lieu après la tempête verbale, même si vous vous excusez de votre piètre qualificatif et que vous nuancez vos propos, vous vous sentez quand même bien indigne d'avoir utilisé ce nom d'une façon qui avait sans doute l'air péjorative aux yeux de votre enfant bien-aimé. Parce que lui est naturellement (et heureusement) loyal à son père. Parce que lui n'est pas son père. Parce que lui, votre jeune, possède le potentiel de l'ouverture et que vous trimez dur pour le lui inculquer. Parce que vous espérez pour lui qu'il puisse tirer profit de la flexibilité et du dialogue pour être heureux et avoir de bons rapports avec autrui.

Parce que vous ne voudriez pas que ce frein au dialogue dans l'attitude nuise à votre enfant comme il a causé/cause des embûches à d'autres à une autre époque de votre vie.

Minorité visible (2)

En roulant en voiture, Frédéric (à l'instar de Mazsellan qui fait le même genre de constat ces temps-ci) énumère pour lui-même les attributs de sa famille: "Pilippe a un pénis, Bendamin a un pénis, Yayiiie a un pénis, papa a un pénis..."

Pause (on entend la réflexion silencieuse).

-Maman? Pilippe a un pénis hein?

-Oui mon minet, Philippe a un pénis parce qu'il est un garçon.

-Bendamin a un pénis hein?

-Oui, lui aussi c'est un garçon.

-Comme papa.

-Oui.

-Moi aussi l'a un pénis.

-Ben oui! Toi aussi tu es un garçon!

-Mamaaan? Toi l'as un pénis?

-As-tu déjà vu maman avec un pénis?

-Ben oui!

-T'es sûr?

-Mais oui, maman l'a un pénis.

-Eh bien non, tu te trompes, maman n'a pas de pénis. Maman est une fille!

-Ben là maman! T'as quoi dans ta culotte toi?

En voilà un qui pourrait tirer grandement profit des leçons de sexo de cette chère Gooba!

mercredi, juillet 23, 2008

À visage prêté...

J'ai prêté il y a quelques temps visage et tranche de vie étudiante à mon université pour du matériel promotionnel.

De temps à autre, je reçois de la publicité de l'université, feuillete les programmes, m'inscris à un nouveau cours, suis enchantée, motivée (avant de devenir stressée et invivable puis heureuse, fière et narcissique une fois le cours terminé) et la vie se poursuit avec un nouvel enfant, un nouvel emploi ou de nouvelles remises en question.

Depuis quelques mois, je trouve intéressant de voir de quelle façon les graphistes ont élaboré les documents promotionnels et de quelle façon je m'y retrouve (il y eut le dépliant d'inscription et le signet --quel étrange feeling que d'avoir un signet me représentant "représenter" l'université!)-- puis ce matin, dans la boîte aux lettres, du nouveau.

Je fus bien étonnée de me voir sur la page du Guide des programmes de la Téluq...triplement colorée!

-Maman, pourquoi tu as les cheveux bleus sur la photo? m'ont demandé les enfants.

-Sans doute se doutent-ils que maman aime la fantaisie!

Mon père, qui n'en revenait toujours pas treize ans plus tard que j'aie pu avoir les cheveux oranges à dix-sept ans aurait été bien amusé de me voir multicolore sur la page couverture d'un tel bottin!



Ma photo n'est pas claire mais l'effet est fort joli!

lundi, juillet 21, 2008

Candeur

Scène d'auto...

En route vers le ciné-parc, Fils Aîné est assis à côté du siège de Frédéric. Nous roulons depuis un moment quand notre bonhomme de pas encore trois ans se cache la tête sous sa doudou tandis que Fils Aîné compte: "Un....deux...trois...quatre...cinq....six....sept....huit...neuf...dix... Prêt, pas prêt, j'y vais!"

(ricanement de Fred qui est persuadé être bien caché)

Fils Aîné feint chercher son jeune frère qui contient bien peu discrètement son excitation sous la couverture qui gigote.

-...Mais où peut-il bien être? Pas là...pas là....peut-être par ici....non....ici?

Et tire la couverture pour faire naître un grand éclat de rire juste avant le "Encoooore!!!".

Fils Aîné compte à nouveau et Fred, bien attaché dans son siège, se cache encore (!) au même endroit, sous la même Doudou en semblant penser que cette fois, il réussira à dûper le compteur.

Tandis qu'il replace la couverture, il scande à son frère: "Attends! Attends" pour être certain d'avoir suffisamment de temps pour bien se camoufler (nul doute que les deux pieds au bout des deux jambes qui dépassent ne trahiront aucunement sa cachette).

Frédéric est inépuisable et le jeu se poursuit dans la même naïveté.

C'est-y pas de la belle simplicité ça?

dimanche, juillet 20, 2008

La cohérence

Mon Tout-Doux est un petit garçon particulier. Dans sa douceur, sa délicatesse et sa gentillesse, il y a tout le désir du monde d’être accepté tel qu’il est et de faire partie de la gang. Il y a aussi, tristement, trop de servilité.

Pour faire partie de la plus importante gang qui soit –sa fratrie-, il trime dur. Malgré ses efforts, c’est souvent celui qui est mis de côté, qui se retrouve avec le vilain rôle, qui doit faire les concessions car il ne possède pas la solidité nécessaire pour se faire respecter comme les autres savent le faire. Sa vulnérabilité et sa tendance à occulter son authenticité pour être accepté m’effraient.

Plus souvent qu’autrement, il se retrouve à acheter sa place par des bonbons, des jouets, des concessions ou autre trucs futiles au gré des humeurs des autres même si cela va à son propre détriment. Cela m’attriste autant que ça le rend malheureux.

J’ai tenté différentes stratégies pour lui faciliter la tâche ardue de son intégration dans le respect de son authenticité. Nous lui avons fait une belle chambre juste à lui afin qu’il apprenne à apprivoiser et délimiter son espace propre. J’ai expliqué sérieusement à ses frères l’ostracisme constant dont il était victime depuis qu’il était tout petit et ai sollicité les efforts de tous pour que la situation s’améliore.

Mon Tout-Doux, pour attirer l’attention des autres, a développé ses propres trucs: être le rapporteur en chef ou encore faire des niaiseries.

Ainsi, si j’ai acheté une sorte de céréales que les enfants aiment, c’est lui qui accourt informer tout le monde de l’achat. Si nous allons souper au restaurant, il se dépêche d’aller informer les autres de la sortie. Si nous recevons de la visite, c’est aussi lui qui court livrer l’information. Aucun « spécial » ne lui échappe si cela lui permet d’être intéressant pour les autres le temps d’une livraison.

S’il obtient le droit de piger dans la boîte à surprise de la maison, il préférera prendre ce que ses frères convoitent plutôt que ce qui lui plaît à lui pour susciter de l’envie. Même si l’objet choisi deviendra assurément objet de marchandage et de négociation, le simple fait d’avoir possédé quelques instants un objet convoité par ses frères le satisfera. Bien éphémère satisfaction puisque aussitôt l’échange effectué, il retrouvera son malheureux statut de mouton noir.

La semaine dernière, il m’a avoué que la situation le rendait tellement triste que parfois, il avait envie de me laisser une note sur le frigo pour m’informer qu’il avait quitté la maison. Puis, il se mit à pleurer en me disant qu’il souhaitait tant que ses frères se rendent compte qu’il existe!

Mon coeur de mère se serra et je cogitai fort pour trouver une solution qui le rendrait plus solide à l’intérieur.

Le lendemain, je l’amenai avec moi rédiger au café. Je lui mentionnai que nous allions faire une halte dans un magasin juste avant.

Je lui expliquai le problème tel que je l’avais identifié puis lui présentai le défi que je m’apprêtais à lui faire relever s’il était d’accord :

Le problème : Il manque de force pour assumer ce qu’il est réellement, il compense donc en tentant de devenir intéressant par toutes sortes de moyens détournés et de maladresses qui finissent par embêter les autres, donc par avoir l’effet contraire de ce qu’il recherche.

Ma tentative de solution : Lui offrir un (objet) secret qui lui appartienne uniquement dont il devra apprendre à profiter POUR LUI, non pour susciter l’intérêt ou la jalousie de ses frères. Lui apprendre, donc, à faire la distinction entre une bonne raison de faire partie d'une gang et une mauvaise raison.

Son défi : Tirer son plaisir du fait que l’objet offert était préalablement convoité, qu’il n’y avait pas vraiment accès ailleurs, que les moments privilégiés passés au café avec moi lui assurent une zone protégée où utiliser son objet, qu’il possède un petit secret réjouissant à conserver discrètement en lui.

Les principales difficultés : Apprendre à se taire. Apprendre que même si la joie est généralement décuplée lorsque partagée, mieux vaut parfois garder pour soi une information qui nous rend plus fort plutôt que de la partager pour la voir démollie ou discréditée par les autres (ce qui est souvent le cas avec lui) et se retrouver encore plus démuni qu'avant.

Apprendre à se taire essentiellement vis-à-vis l’aîné (cela allait représenter une difficulté de taille puisque Tout-Doux cherche toujours désespérément l’approbation de l’aîné tandis que ce dernier n’accorde de l’importance à un membre de la fratrie que si lui-même peut en soutirer quelque avantage que ce soit, ce qui nourrit le malsain pattern de quête d’approbation et d’acceptation pour quelqu’un de vulnérable comme Tout-Doux).

Je lui expliquai un des enseignements des arts martiaux : au karaté et au judo, par exemple, aucun élève n’a le droit de faire la promotion de son savoir ou de ses compétences en matière d’auto-défense pour intimider les autres. Le karateka ou le judoka doit apprendre à tirer sa force morale de sa force physique latente. Même s’il est agressé, il doit tenter de trouver une solution autre avant d’utiliser sa force qu’il sait supérieure à celle de ses agresseurs. Cette force est un dernier recours mais en principe, même si non utilisée, elle lui permet de faire rayonner sa confiance et idéalement, c’est ce rayonnement qui doit le protéger. C’est aussi une forme d’humilité.

Le défi était accepté avec enthousiasme. Je le mis en garde : cela allait être extrêmement difficile. À tout moment, il aurait envie de partager avec ses frères sa nouvelle acquisition (qu’il ne méritait d’ailleurs pas, lui spécifiais-je, puisqu’il n’était pas suffisamment responsable. C'était donc moi qui le garderais en lieu sûr). Il devrait en tout temps lutter contre ses pulsions de pie, il devrait apprendre à se taire et à savourer sa joie silencieuse et son rayonnement.

Pis encore, s’il trahissait notre secret, je serais dans l'obligation de nier l’existence de cet achat et le retournerais au magasin puisqu’alors il n’aurait rien compris à ce que je souhaitais lui enseigner.

Nous procédâmes donc à l’achat du fameux Nintendo DS. Au café, Tout-Doux était ravi de l’utiliser sans contraintes. Avec son meilleur ami, il avait le droit de partager jeux et confidences. Cependant, à la maison, silence total, contrôle de soi obligé. Interdiction d’en parler à ses frères afin d’éviter qu’on l’invite subitement à faire partie de la gang pour pouvoir jouer en réseau. Faire partie d’une gang sous prétexte que l’on possède un bien matériel est une bien mauvaise raison.

Le secret était difficile à garder. J’eus droit à d’innombrables et peu discrets: « Quand est-ce que je vais pouvoir leur dire? ». Ma réponse était toujours la même : « Quand je vais estimer que tu auras été fort suffisamment longtemps. Je t’ai averti que ce serait difficile. »

Chaque fois, je le réprimandais de venir me poser cette question alors que les autres rôdaient dans les parages. On eut dit qu'il souhaitait se faire "malencontreusement" entendre. Chaque fois, il repartait déçu de devoir tenir sa langue encore davantage.

Après quelques jours, nous avons amené Grand-Charme au café avec nous. Grand-Charme étant prêt à partager son DS avec son jeune frère "qui n’en possédait pas", j’estimai que nous pouvions le mettre dans le secret. Je lui expliquai la leçon que j’espérais que Tout-Doux puisse tirer du contrôle de lui-même qu’exigeait ce « secret positif ».

Grand-Charme comprit le principe des arts martiaux derrière ma leçon et fiable, il fit le serment de garder le secret. Tout-Doux était ravi de pouvoir partager sa joie avec son « frère le plus gentil ».

Pour moi, si quelqu’un est suffisamment gentil et généreux pour partager sans exigences particulières et dans le respect de son intégrité ses jeux avec l'autre, c’est qu’il l’accepte réellement et donc mérite sa confiance (ce qui n’est hélas pas le cas de l’aîné qui ne
connait guère le partage au sein de la fratrie ou qui impose des conditions irréalistes ou intenables au partage).

Le lendemain, Tout-Doux manqua de discrétion et le secret tomba dans l’oreille avertie de l’aîné (qui se chargea de répandre la nouvelle au grand jour à toute la maisonnée). C'était une semaine exactement après l'achat.

Mon cher Tout-Doux lu dans mes yeux ma déception et cette fois, il trouva la discrétion nécessaire pour aller cuver son chagrin (de m’avoir déçue, d’avoir échoué et de savoir où devrait s’en retourner le DS) loin de moi.

J’allai le retrouver. Il était en larmes et j’avais le coeur déchiré. Il devait partir quelques instants plus tard chez ma mère avec tout son souci d’avoir perdu ET ma confiance (qui était davantage une déception pour lui) ET son DS.

Je suis triste pour lui. Je connaissais l’ampleur des efforts requis pour ce que je demandais à un petit garçon vulnérable de pas encore neuf ans. Je suis certaine aussi qu’il aurait pu tirer une grande leçon de ma « philosophie des arts martiaux ». C’était certes difficile mais s’il avait tenu quelques semaines de ce régime, il aurait certainement pu apprendre à mieux contrôler sa tendance à vouloir constamment acheter son acceptation chez les autres par de mauvais moyens. J'ai réellement espéré qu'il y arrive, il aurait été tellement fier de lui par la suite!

Je sais que je devrais être une mère cohérente et retourner ledit bidule électronique au magasin afin de conserver ma crédibilité mais cela me brise le coeur.

Tout à l’heure, il reviendra de chez son père et je connais le premier sujet qu’il abordera. Il tentera de me démontrer que malgré son échec, il a réfléchit et a compris la leçon.

Cependant, le malsain pattern reprendra le dessus et cette fois, j’ignore quel stratagème je pourrais développer pour lui apprendre à ne jamais vendre son âme pour être accepté par les autres, même par ses propres frères.

Comme le dit ma mère, il faut parfois être dure pour apprendre à l'enfant une leçon qui lui servira davantage que de lui épargner un chagrin momentané.

Sauf qu'en pratique...C'est dur.

jeudi, juillet 17, 2008

La maîtresse

J’ai toujours maudit les innombrables maîtresses de mon père et tout ce qui venait avec : mensonges, trahison, blessures, manipulation d’autres femmes qui l’aimaient sincèrement et que j’ai vues souffrir avec impuissance.

Après son décès, sa femme m’a remis quelques lettres féminines qu’il conservait dans un coffre. C’était, entre autres, les mots doux d’une de ses maîtresses.

Ce que j’y ai lu m’a beaucoup touchée. Là où je ne voyais que la vilaine croqueuse d’hommes qui faisait souffrir sciemment la femme « légitime », j’y ai découvert l’envers de la médaille et les propos de cette femme m’ont grandement remuée.

D’abord, parce que j’y ai reconnu la description qu’elle faisait de mon père, « son beau gendarme » : un homme qui savait rendre aux femmes leur importance, leur sentiment d’être la plus belle, la plus intéressante, la plus désirable d’entre toutes. Dans ses yeux, il y avait l’admiration, le feu, la délicatesse, la vitalité, l’élégance et tout le charme du monde. Je crois que chaque femme aurait pu dire la même chose.

Moi, sa fille, j’avais aussi cette impression quand il me regardait et pourtant il n’y avait aucune séduction comme on l’entend en jeu. Juste un très grand et inconditionnel lien affectif.

Dans la lettre annonçant à mon père qu’elle le quittait, la maîtresse résumait à mon père leur histoire : elle, une femme mariée et mère de famille ayant choisi de mettre de côté ses ambitions personnelles pour appuyer les exigences de la carrière de l’homme qu’elle avait épousé. Elle, dans l’ombre, souvent seule, à s’occuper des enfants et de la maison, à être la digne et irréprochable épouse et pas grand-chose d’autre socialement, professionnellement et personnellement.

Puis, explique-t-elle, après plusieurs années de ce régime, « le beau gendarme » est arrivé dans le décor. Il lui donna alors une identité autre, un sentiment de renaissance, l’ivresse de sentir qu’elle comptait alors pour quelqu’un de qui elle pouvait recevoir au lieu de juste donner. Elle raconte avoir succombé. Et aimé. Elle raconte avoir rayonné.

Jusqu’au jour où le mari accompli et important réalisa que sa femme rayonnait. Beaucoup. Trop. Pour une simple mère au foyer. Et qu’il s’est posé des questions.

Elle explique la prise de conscience du mari, ses remords quand à ses absences et son manque d’attention et d’intérêt envers elle, son amour pour celle qu’il avait choisie mais qui était toujours demeurée tapie dans l’ombre par la force des choses. La volonté de son homme de rectifier le tir, aussi.

Et elle annonce avec regret à mon père qu’elle le quitte en le remerciant de l’avoir aidée à se « reconstruire » de l’intérieur.

Malgré les déchirures de part et d’autres, je ne perçois plus cette femme comme une vilaine voleuse d’homme insouciante. Parce que je comprends trop bien cet amer sentiment de demeurer dans l’ombre, de mettre de côté ses propres ambitions, de renoncer malgré nous aux bienfaits du réseau sur la valorisation personnelle pour des raisons familiales, j’éprouve de la compassion pour elle qui devait souffrir beaucoup trop de cette solitude qui goûtait trop dense.

mercredi, juillet 16, 2008

L'espace

Lorsque je passe la journée chez une amie dont l'immense maison, ses plafonds hauts, ses innombrables et surtout spacieuses pièces me donnent l'impression de RESPIRER, je me demande toujours à mon retour comment je peux arriver à vivre avec ma famille nombreuse dans une si petite et modeste demeure.

L'étroitesse de tout environnement joue énormément sur mon moral. Dans trop petit ou trop encombré, j'étouffe. Je raserais tout pour repartir du vide.

Dans un espace dégagé et libre d'inutilités, de boîtes, de traîneries, je respire. Je pense mieux, je crée mieux, je me définis mieux, je me sens plus sereine, plus posée, moins lasse.

Je suis l'effet de mon environnement.

mardi, juillet 15, 2008

Oreille bionique

Mon Coco colleux au sourire plus édenté du tout vient se coller contre moi tout câlin et fidèle à sa nouvelle habitude, il embrasse mon ventre.

Cette fois, il y colle aussi l'oreille et s'exclame soudainement: "Maman, moi j'pense que ton bébé va être une fille. Tu veux que je te dise pourquoi?"

-Pourquoi? je demande, intriguée.

-Parce que quand je colle mon oreille sur ton ventre, j'entends des bruits de fille!

Alors là, j'avoue, il faudra m'en expliquer davantage sur cet autre mystère féminin.

Je m'insurge

Peut-on m'expliquer la raison pour laquelle les hauts de maternité de grandeur "small" dont j'ai besoin prennent moins de tissu à concevoir qu'un vêtement "large" ordinaire (de non-maternité) mais qu'on le vende pourtant le double ou le triple du prix?

Si j'ai acheté très peu de vêtements de maternité durant mes grossesses, depuis que les designers ont décidé de concevoir des vêtements qui ne nous donnent pas l'air de membres du troisième âge à la ménopause tardive (quelques années), j'ai un peu plus magasiné dans les boutiques spécialisées en exploitant à la corde chaque morceau.

Je puis comprendre que les pantalons et jupes de maternité soient plus complexes à concevoir qu'un pantalon ordinaire mais pour de simples camisoles stretch vendues hors de prix, je m'insurge.

Par principe, je n'achète donc plus rien. Même si je meurs d'envie d'une jupe en jeans confortable, même si ma camisole noire n'est plus tout à fait noire à force d'usure, tant pis. Cela m'apparaît ridicule de dépenser pour deux morceaux qui seraient portés dix "petites" (quoiqu'interminables) semaines et qui ne seraient même pas exploités pour une bedaine ultérieure.

Je trouve les prix des vêtements de maternité abusifs. Si je possédais un quelconque talent de couturière, je confectionnerais mes propres camisoles pour un prix dérisoire.

Pardon?

Quand il fait beau, télé et ordi sont interdits ici. Bien sûrs, les enfants étant ce qu'ils sont, ils prennent toujours la chance de demander la permission au cas où nous aurions changé d'idée (!).

En rentrant de faire des courses à l'heure du repas, silence total dans la maison. Le bruit de la télé m'interpelle. Avant même de dire bonjour, je demande ce qu'ils font devant la télévision. Aucune réponse.

Je déballe l'épicerie, réitère ma question. Aucune réponse.

Je me penche pour zieuter la scène au sous-sol: Grand-Charme, son ami et Coco sont évachés sur le divan en pachas.

"Qu'est-ce que vous faites devant la télé, mes paresseux?!" que je demande.

Sans bouger d'un poil, c'est Coco qui répond de toute la désinvolture de ses presque 7 ans: "On pro-fi-te de la vie!"

!

lundi, juillet 14, 2008

Deux obsessions

Depuis le début de l'été, j'envie les coureurs-euses sur la piste cyclable qui fut ma piste de course à moi AUSSI avant ma grossesse. Légers, ils courent et flottent dans les airs comme je le faisais, ils sentent leur coeur battre pour une plus agréable raison que celle de remonter l'escalier après avoir été porter une brassée au sous-sol avec un lourd bedon, ils se sentent délicieusement vivants lorsqu'ils rentrent chez eux s'écraser sur le divan pour le simple plaisir de sentir leur respiration haleter, ils se sentent maîtres de leur corps, ils sont sains et probablement heureux, le temps qu'ils courent du moins.

Je les zieute avec une profonde envie. Pas vraiment de l'envie, non. De la pure jalousie.

Mon dévolu est donc jeté sur le goût des brownies qui ne me quitte pas depuis la sortie d'hier. Mon homme vient d'arriver avec les ingrédients convoités, je vais donc de ce pas combler mes pulsions dans le sucré, le tendre et le chocolaté.

Na.

Activités estivales

Beau week-end que celui que nous venons de passer.

Canoe au parc des îles de Boucherville avec le tout-petit. Fort moche par contre qu'à cet endroit, canoes et kayak côtoient gros yachts et leur clientèle peu axée plein air mais plutôt sur le bronzage en bikini sur le devant du bateau en jasant au cellulaire tel des déesses technologisées sorties des marécages tandis que leurs hommes prennent une bière en écoutant de la musique en manquant légèrement de classe derrière le gros bateau tape-à-l'oeil.

En soirée, escapade au Festival Juste pour rire pour voir cette excellente pièce. J'en ai adoré le jeu ainsi que la finesse des textes!

Le lendemain, avons récidivé au festival pour voir avec Fils Aîné et Grand-Charme le Gala de l'excellent Guy Nantel dont l'intelligence et l'esprit des monologues nous ravit chaque fois.

Première sortie au théâtre pour mes grands. Ils ont passé une excellente soirée si je me fie à l'excitation, à la reconnaissance et aux sourires sur leur visage.

À l'entracte, avons fait trempette chez Juliette et chocolat pour déguster de savoureux brownies. Je n'avais jamais rien goûté d'aussi succulent (et fondant, et tendre, et moelleux, et déliciiiieux!). À un point tel que j'ai espéré que le spectacle se termine avant la fermeture de cet endroit exquis pour y retourner faire une seconde halte "abus-excès-divine exagération" avant d'aller récupérer les plus jeunes chez grand-maman.

Les grands et les petits n'ayant pas les mêmes intérêts, il s'avère parfois agréable de faire des sorties avec la gang partielle. Cela ajoute au côté intimiste du moment. Et puis en vieillissant, il devient plus ardu de trouver des activités stimulantes adaptées à tous leurs âges.

Euh...ajout: Si vous manquez d'idées pour divertir les enfants, pourquoi dépenser des dizaines et des dizaines de dollars pour une journée à La Ronde quand un simple tour dans le tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine ou un lave-auto amusera les enfants qui se feront croire (cris d'alerte et de panique à l'appui) qu'ils se font avaler par un horrible mooooonstre!!!!

vendredi, juillet 11, 2008

Les entertainers

Avons été invités à souper. Nous connaissions (et apprécions) les adultes mais pas encore les enfants.

Beau préambule, présentations en règles avec les enfants, parlotte naturelle durant l’apéro. Moment agréable. Nous n’avions que Fred avec nous qui, après la gêne habituelle, est parti explorer les environs pour ne revenir qu’à l’occasion se coller contre maman.

Les filles du couple (7 et 10 ans) semblaient gentilles, ricaneuses et bien éduquées.

Cependant, je fus surprise de constater que l’espèce de zone « adulte » préservée généralement au sein d’une rencontre où les enfants sont présents fut inexistante du début jusqu'à la fin de la soirée. À peine quelques mots furent échangés entre adultes uniquement durant près de quatre heures.

Les enfants prenaient toute la place. L’homme du couple entertainait à tours de bras, les filles en redemandaient et la scène s’est répétée toute la soirée. Je croyais qu’il était naturel qu’un moment ou l’autre, les enfants se retirent, aillent s’amuser ensemble ou du moins que les adultes finissent par mettre un "holà, maintenant, les grands ont le droit de parler, de rigoler et de s’amuser entre eux aussi."

Plus jeunes, ça a toujours été ainsi dans notre famille et adultes, avec nos amis. Tout le monde se rassemble, des petites cliques d’enfants se forment et s’éparpillent, vont se cacher, jouer, refaire le monde. Une conversation peut donc avoir lieu sans que les petits ne viennent constamment interrompre les grands et s’imposer au premier plan. La dynamique est réelle, mouvante et non monopolisée par une seule personne ou un seul petit groupe.

Comment profiter d’un moment entre famille ou entre amis si les adultes peuvent à peine arriver à s’adresser la parole? Finalement, je me suis sentie la spectatrice désolée du plaisir des enfants et de l'entertainer presque toute la soirée.

J’aime les enfants, les miens comme la plupart de ceux des autres mais je me sens envahie (pour ne pas dire irritée) lorsqu’on leur accorde toute la place, lorsque les adultes deviennent les accessoires pratiques de ces petits souverains et qu’ils doivent (ou acceptent de) s’ajuster continuellement aux exigences des enfants sans réclamer un tant soit peu de temps pour eux. Constat de fin de soirée: un brin déçue de la tournure de cette rencontre. J'aurais bien aimé discuter davantage avec eux.

Rencontre agréable la semaine dernière chez Émilie. Près d’une dizaine d’adultes et deux dizaines d’enfants. Les adultes ont parlé un peu avec les enfants puis naturellement, ces derniers sont partis s’amuser ensemble une fois les retrouvailles enclenchées, revenaient coller leurs parents, repartaient jouer avec les autres, revenaient pour une main dans les cheveux ou quelques mots entre quatre yeux. Il me semble que les enfants n’ont pas ou ne devraient pas avoir besoin d’un infatiguable entertainer adulte toute une soirée durant.

La Souimi a rédigé un excellent billet à ce sujet.

Le prix Arte y Pico

Le prix "Arte y Pico" nous vient d’Uruguay, créé par Eseya, jeune femme artisan d’art qui fabrique des poupées de lainage et tissus parfois naïves, parfois d’une immense tendresse, mais toujours empreintes de poésie et de cette vie magique, quasi poignante aux portes du sacré, qui anime l’ensemble de l’art populaire sud-américain.



Pur Bonheur, Anne-Lise et la Mère Michèle et m'ont honorée de ce prix sur leur blog en disant de fort gentilles choses à mon sujet et je les en remercie.

Quand vous êtes à votre tour "honoré(es)", voici les règles à respecter:

1/ Vous devez choisir les blogues que vous estimez mériter ce prix pour leur créativité, conception, matériel intéressant et contribution à la communauté de bloggeurs, quelle que soit la langue
2/ Chaque prix doit contenir le lien vers le blogue de son auteur pour être visité par tous
3/ Chaque lauréat doit montrer son prix et remettre le nom et le lien vers le blogue qui lui a donné
4/ Le lauréat doit montrer le lien de l'Arte y Pico sur son blogue
5/ Et afficher les règles.

Je lis régulièrement plus d'une trentaine de blogs dont je me suis virtuellement attachée aux auteurs, au style, aux ressources qu'on y trouve. En voici trois que j'apprécie particulièrement.

1) Le blog de Dr Maman. Cette jeune femme est la polyvalence incarnée! J'ignore où elle trouve tout son temps entre ses trois jeunes enfants (tous collés-collés en âge) et son petit dernier qui se pointera sous peu le bout du nez, la fabrication de crèmes (elle fait même la crème à barbe de son amoureux, si-si!), de fromages, de pâtes diverses, le jardinage, les produits de beauté ou encore ses recettes de différentes sauces pour une année COMPLÈTE!!

Malgré toute ses occupations, elle semble toujours au-dessus de ses affaires -dans la plus naturelle humilité, elle a une soif de créativité qu'elle exploite à fond et réussit à peu près tout ce qu'elle entreprend. Bref, voilà là mon idéal féminin, caaalme en plus!

2) Il y a aussi Martine la Banlieusarde dont j'abuse des ressources ces temps-ci! Une vraie mine d'information dont les champs d'intérêts sont semblables à ceux de Dr. Maman.

Certaines personnes sont naturellement des références pour certains domaines. Lorsque des questions scientifiques, stratégiques, politiques me laissent dans l'incompréhension par exemple, je me réfère à mon homme ou à mon frère pour leur esprit cartésien très branché.

Eh bien en matière de techniques de fabrication de savons, de différents produits de beauté, de références santé, de magasinage sur le web (encore pour le savon) ou de recettes, elle sait naturellement. Bon, j'abuse bien sûr du fait qu'elle se soit tapé bien de la recherche mais elle fait partie de ces personnes qui possèdent l'intuition créative, qualité que je ne possède guère et donc raison pour laquelle je m'incline respectueusement ici.

3) Il y a enfin Lilas, qui se fait plutôt discrète ces derniers temps mais dont le blog réflète la douceur, l'intégrité, la sensualité et la poésie. Voilà le genre de femme que je voudrais pour amie, le genre de femme que j'aurais le réflexe de présenter à un homme célibataire estimé, le genre de femme qui inspire confiance.

Mère monoparentale, elle construit sa vie au quotidien avec sa fille et les tourments, les réflexions, les déchirements, les quêtes, la volonté, le détachement sont livrés avec toute la sincérité du monde.

Voilà!

Savons framboises et amaretto

Voici mes p'tits derniers qui sentent bien sucrés (les enfants ont préféré des savons à l'amaretto plutôt qu'à la gomme balloune, c'est tout dire!).

Après presque 48 heures, ils ne sont cependant toujours pas démoulables (trop collants...trop de liquide?). Opération congélo, donc. J'ai commandé de vrais moules pour mes prochains. J'espère que j'aurai plus de succès qu'avec ceux-là pour en retirer les savons!

jeudi, juillet 10, 2008

Questions existentielles du jour

Pourquoi entend-on régulièrement parler de chauffards pour désigner des automobilistes coupables d'avoir frappé un piéton alors que jamais on entend de terme aussi péjoratif pour désigner un piéton imprudent?

Ce soir, si nous avions frappé cet homme qui traversait d'un pas décidé les quatre voies d'Henri-Bourassa en pleine heure de pointe, nous aurions été qualifiés de "chauffards" dans les médias. Existe-t-il un terme qui ressemble à "piétard" pour remettre sur les épaules de l'imprudent la responsabilité d'un accident évitable et disculper les automobilistes qui se retrouvent au mauvais endroit au mauvais moment?

Comment le foetus respire-t-il dans l'utérus une fois que les eaux de sa mère ont crevé? On dit que dans l'utérus, il se pratique à sa vie extra-utérine en ayant des mouvements respiratoires et que c'est seulement lors de sa sortie, au moment où ses poumons se dilatent violemment avec sa première vraie respiration qu'il devient dépendant de l'oxygène par ses propres moyens.

Or, lorsque les eaux crèvent, que lui reste-t-il pour se pratiquer à respirer? Un vide absolu? Suffisamment d'oxygène (en-dehors de celui reçu par le cordon) pour que ses poumons commencent à se dilater? S'il tente des mouvements respiratoires sans liquide amniotique ni un minimum d'oxygène, que se passe-t-il? Respirer du vide, ça se peut? Je tente de concevoir la chose...

Pourquoi le Costco, en pleine saison des fraises du Québec, importe-t-il ses fraises des États-Unis?

Vous le savez, vous?

mercredi, juillet 09, 2008

Ébauche d'une compréhension du monde

J'adore cette période durant laquelle le petiot passe de l'état de grand bébé à celui de bambin dont la conscience s'éveille. Chaque jour, à travers différentes situations, on comprend qu'une lumière de plus vient de s'allumer et on observe la construction de ses idées, de sa conception du monde, de sa perception de la vie.

Ce qui nous semble très complexe est parfois très simple vu à travers les yeux d'un enfant et l'inverse est aussi vrai.

Voici donc un moment tendre de cet acabit...

Vingt-deux heures passées, fatiguée et croulant sous la chaleur accablante, je sors de ma douche froide pour aller lire dans mon lit en tentant de ne pas trop m'énerver des lamentations incessantes de Fred qui ne dort toujours pas.

Les lamentations se rapprochent lentement de ma chambre, ça sent le téteux à plein nez.

Dans le cadre de porte, sa Doudou en boule dans les bras, il ose réclamer à voix haute ce qu'il convoite avec évidence: "Moi veux faire des tolle-tolle avec maman."

Mon "Tu veux faire des colle-colle avec maman, toi!?" doit être invitant puisqu'il se rue à mes côtés et s'installe, visiblement satisfait de sa victoire.

Voyant le signet qui dépasse des pages de mon livre, il demande ce que c'est.

J'interrompts ma lecture et retourne le signet: "C'est un signet de Thomas pour garder la page du livre de maman."

Ses yeux deviennent ronds: "Ooooh, c'est Thôôômas. Moi va pas le miiser (briser), moi va faire attention. Ok maman?"

-Ok.

Il contemple la photo de son frère un moment puis l'embrasse tendrement avant de me le tendre pour que je fasse de même. Je m'exécute. Il le reprend, continue de le contempler. Je me replonge le nez dans mon livre.

-Thôôômas est dans le c'el, han maman?

-Oui, il est dans le ciel.

-Thôôômas est dans le c'el avec Papi.

-Oui mon minou, avec Papi.

-Maman?

-...

-Il est où Papi Denis?

-Chez lui, j'imagine.

-Aah.

Il contemple le signet à nouveau, l'embrasse, me le tend en exigeant que je l'embrasse à mon tour, puis le dépose sur son ventre.

-Moi va le mettre ici. Moi va faire attention pour pas le miiser (briser). Han maman?

-Oui, tu lui fais bien attention parce que maman y tient.

-Moi va aller avec papa-maman dans le c'el voir Thôôômas avec ton papa, ok?

C'est là que je m'emballe, vous imaginez bien. Non seulement parce que c'est la première fois qu'il propose d'aller rencontrer des membres importants de notre famille décédés mais aussi parce qu'il a compris que le papi absent de notre décor social depuis presque sept mois est MON père (mon fils de six ans commence tout juste à comprendre les complexes concepts des différentes générations et liens familiaux: tantes, oncles, neveux, beaux-parents, belle-soeur + toutes les variantes puisque nous sommes une famille recomposée.)

Je suis touchée également que déjà, il accorde un certain caractère sacré à ce qui concerne Thomas ou qui lui a appartenu. Que ses frères aient fait cela naturellement après son décès me touchait certes et je le comprenais parce qu'ils avaient tous une conscience plus poussée de ce qu'est la mort et donc avaient le réflexe naturel de chercher à préserver ce qu'il subsiste du disparu. J'ignorais cependant que ce même caractère pouvait se transmettre à un tout-petit même si le souvenir de Thomas ne possède pas de réelle racine chez lui, trop petit pour conserver une mémoire tangible de ce qui fut.

N'est-ce pas rassurant? Cela signifie que même absent, il puisse être envisageable de laisser une empreinte indélébile chez ceux qui restent et qui n'ont pas eu la chance de nous connaître davantage.

mardi, juillet 08, 2008

La célébration du caca

Il semble que nous, les mères, ayons cette tendance à faire de chaque réussite de nos enfants une célébration à outrance. C'est du moins la conclusion que semble avoir tirée Fils Aîné d'un incident majeur survenu hier.

J'avais déménagé ma gang et mes pénates à la maison de mon père pour squatter sa piscine (la nôtre étant toujours HS) afin de survivre une journée de plus à cette accablante chaleur.

Les enfants étant ravis de pouvoir se baigner à volonté, tout le monde était heureux.

Moment d'arrêt. Nous rentrâmes dans la maison. Mon grand s'installa sur le fauteuil de mon père en souverain du bol de noix tandis que le reste de la gang s'aggloméra autour.

Soudain, Frédéric annonça sombrement: "Ho-ho maman....Caca."

Je crains un instant que l'allégation n'informe d'un fait accompli plutôt que d'une activité à venir.

Toujours vêtu de son maillot (à l'espace de l'entrecuisse suffisamment grand pour...enfin, 'comprenez!) au-dessus du précieux tapis à 700$ de la femme de mon père, l'état d'urgence venait d'être décrété.

Vite à la salle de bain! J'accompagnai mon bonhomme suivie de ses frères là où il réussit à livrer son premier caca à la toilette sous les encouragements de sa maman et de sa fratrie (à l'exception de Fils Aîné qui, allez comprendre, persistait à trouver le bol de noix plus attrayant).

Une trombe d'applaudissements surgit de la salle de bain, des exclamations d'une joie peu contenue, des "Bravo Frédéric, t'es un grand garçon, on est fiers de toi!" fusèrent en choeur. Nous étions si fiers de lui!

Les plus jeunes appelèrent avec enthousiasme l'aîné -qui ne bougea pas d'un iota- à venir constater la chose de visu tandis que Frédéric demeurait penché au-dessus de la toilette avec ses frères à admirer son oeuvre intacte et pour une fois pas écrabouillée au fond d'une couche.

Devant une telle réussite, je ne pus qu'annoncer à Frédéric que nous allions téléphoner à papa (pour qui l'apprentissage de la propreté du fils représente un insurmontable fardeau) pour lui annoncer LA nouvelle.

C'est là que consterné, Fils Aîné intervint: "Attends une minute là, tu vas vraiment appeler Grand-Homme pour ça?"

-Mais bien sûr que oui! Fils Aîné, tu ne réalises pas l'ampleur de ce qui vient de se passer! Frédéric a fait son premier caca sur la toilette! C'est une étape très importante dans la vie d'un enfant; c'est son premier pas sur la voie de l'autonomie!

-Maman, tu t'apprêtes à faire un interrurbain pour un caca. Tu vas PAYER pour un simple CACA!

J'eus beau lui expliquer que j'avais été aussi fière lorsque mes autres enfants avaient entamés cette voie, il ne revenait tout simplement pas du fait que l'on puisse s'emballer autant pour un si commun fruit de péristaltisme.

Frédéric, qui sentait bien la fébrilité régnant autour, arborait toujours un sourire illuminant son visage entier mais ne semblait pas réaliser que la chose méritait un battage aussi colossal qu'une annonce en règle à papa.

Je lui passai le combiné en lui demandant d'informer son père de ce qui venait de se passer.

Désintéressé, il tenait le cellulaire contre son oreille, le retirait pour tenter d'en sortir l'antenne, cherchait à appuyer sur les boutons. La fierté du caca venait d'être reléguée au second rang pour jouir à fond de la fierté d'avoir enfin la permission de tenir mon téléphone!

Je lui rappelai à l'oreille la raison pour laquelle "nous" étions si fiers...Allez, dis-lui!

-Hein?

-Dis-le à papa, Frédéric, ce que tu as fait...

-Quoi?

-Tu sais, le caca....est-ce que tu lui dis où tu l'as fait?....

-Hein? Quoi?

-...dans la toilette....

-???

Ah et puis merde! Je lui retirai l'appareil des mains pour partager moi-même cet accomplissement pas tout à fait mien sous les yeux exaspérés de mon aîné qui écaillait toujours ses noix.

Quelle folie, quand même, que de s'énerver pour si peu...

dimanche, juillet 06, 2008

Puisqu'il faut toujours finir par se décider

Nous ne partirons pas en Europe. C'est plus drainant de tergiverser, de ne pas être au diapason des attentes de l'autre, de ne pas être d'accord sur certains détails de l'organisation, de ne pas avoir les mêmes sources de motivation que l'autre que la planification du voyage lui-même.

Je suis désillusionnée mais fixée.

Je sais que je serai déçue de mon été s'il est plat, incolore, sans saveur et sans folie jusqu'à la fin.

Je cherche donc des folies à réaliser. J'ai besoin de folie et d'intensité pour me sentir éveillée, vivante, en communion avec la vie -ou peut-être simplement avec moi-même. Là, j'ai envie de faire un aller-retour pour aller marcher au bord du Grand Canyon. Je suis impulsive mais trop souvent freinée par le manque d'énergie pour tout orchestrer.

J'avais partagé tant de mon enthousiasme avec mes grands, je craignais de les décevoir en leur fournissant ce soir le verdict de notre non-voyage.

Nous avons été manger une crème glacée et je leur ai parlé de mes idées de folie pour ajouter du relief à notre été. Les folies qu'ils ont proposé en guise de compensation manquent d'audace à mes yeux mais m'attendrissent par leur simplicité.

Fils Aîné se contenterait d'une journée à La Ronde pour remplacer un voyage de deux semaines en France. Devant mon étonnement, il a osé un peu plus et m'a parlé d'un éventuel saut en parachute. Je vérifierai si cela peut se faire à son âge. La folie de Tout-Doux: aller passer un mois chez Mamie Marianne. Je ne me rappelle plus de toutes leurs suggestions mais elles sont toutes de la simplicité la plus totale. Qui a dit que les jeunes d'aujourd'hui étaient exigeants?

Il y a des années que Tout-Doux espère aller à la pêche. Il y a des années que je demande à mon pêcheur à la mouche de frère d'amener son neveu avec lui. Pas de le traîner avec son "six pack" (sa gang de copains) pour ses escapades de pêche dans les endroits reculés du Québec, non, juste dans une fichue pisciculture où il serait le plus heureux des petits garçons!

Comme il semble que nous ne soyons jamais si bien servis que par soi-même, je vais dénicher une pourvoirie quelque part où organiser quelques jours de pêche à la truite. Et puis mon dernier (et unique!) voyage de pêche remonte à mes...18 ans! Je renouerai avec la pêche du même coup.

On est si bien au milieu de nulle part.

vendredi, juillet 04, 2008

La poupée

J'expliquais hier à la secrétaire du dentiste (qui s'informait du sexe du bébé à venir), que nous ne le savions pas mais qu'avoir une fille contrasterait à plusieurs endroits dans notre quotidien, ne serait-ce que dans le type de jouets qui pullulent en notre demeure.

Puis, je pensai à ce jouet féminin qui avait laissé sa marque chez nous il y a quelques années. Notre répertoire de jouets avait, Ô Grands Dieux, déjà compté une poupée.

C'était il y a près de sept ans. La femme de mon père étant désignée pour le magasinage des cadeaux des petits-enfants de son homme, elle me téléphona quelques temps avant l'anniversaire de Tout-Doux (qui allait avoir deux ans) pour obtenir quelques suggestions.

Je lui proposai d'acheter une poupée. Je ne voyais pas quoi d'autre aurait pu lui faire plus plaisir. Chaque fois que nous allions chez mes amies mères de petites filles, il se ruait sur les poupées pour les cajoler.

La femme de mon père nota la suggestion mais tel qu'anticipé, j'entendis la voix de mon père s'insurger derrière: il était hors de question, "Tab*rn*k", qu'elle achète à son petit-fils, son filleul de sucroît, une poupée pour sa fête. Il n'allait certainement pas contribuer à faire de cet enfant une "tapette". "Les gars, "Tab*rn*k", ça joue avec des camions, des Lego ou des jouets de gars" et accepter autre chose que ça pour eux tombait hors de ses principes les plus fondamentaux.

Sa femme et moi avions bien tenté de l'aider à assouplir ses principes. L'exercice fut vain et le sujet fut clos en laissant mon père continuer de polir davantage ses inébranlables valeurs rétrogrades et les déménager au Temple de l'Intouchabilité. Autoriser sa femme à acheter une poupée revenait à choisir sciemment de faire de mon enfant un gai, une tapette, un fifi, une moumoune.

Je lui expliquai que sur la quantité de garçons que j'avais, il était possible que l'un d'eux soit éventuellement gai et que poupée ou camion n'en seraient pas nécessairement la cause ou le catalyseur en règle.

Son esprit était fermé à tout dialogue. Accepter l'impensable faisait de moi la mère complice d'un futur scandale.

Marianne partit tout de même faire son magasinage et tant pis pour les sacro-saints principes de mon père. Il finirait bien par décanter.

Le soir de l'anniversaire, Tout-Doux fut ravi d'ouvrir son cadeau. La poupée était une nouveauté pour toute la fratrie même si les aînés n'avouaient pas ouvertement être fascinés par le fait qu'en lui faisant taper des mains, elle réagissait de je ne sais plus quelle manière.

Mon père tenu à se dissocier devant le reste de la famille de ce ridicule achat. Il fallait voir son air contrarié et rabougri d'homme lésé parce que son opinion de mâle viril n'avait pas été prise en considération. Son bref discours nous mis tous en garde contre les conséquences permanentes à venir pour ce pauvre enfant.

Cela m'amuse quand j'y pense. C'est tellement représentatif de la rigidité (tendre et attachante malgré tout) qui fut celle de mon cher papa!

En m'entendant raconter cela à la secrétaire du dentiste, Tout-Doux (qui avait oublié la saga de cette poupée) me prit à part pour valider avec moi: "Maman, je suis pas gai parce que j'ai eu une poupée!?". (la crainte résidant doublement dans les moqueries éventuelles de ses frères -rappelez-vous cet épisode- que dans quoi que ce soit d'autre)

J'éclatai de rire.

-Ben voyons mon Lou! Bien non tu n'es pas gai et puis tu sais, jouer avec une poupée, ça n'a rien à voir avec l'orientation sexuelle! Et puis si un de mes garçons était gai, qu'est-ce que ça changerait? Vous êtes tous mes enfants et l'important c'est d'être bien dans sa peau et heureux dans la vie. Il ne faut pas s'arrêter aux jugements de valeurs et aux principes de Papi!

Juste au cas où Papi aurait eu raison, Tout-Doux tenu quand même à me réitérer que LUI n'était pas gai à cause de cette poupée et de sa possible irréversible "contamination".

(Mes grands aiment bien lorsque je leur raconte ce genre d'anecdote où les principes de mon père donnent lieu à de caricaturales histoires. Ils y renouent avec le personnage que fut leur grand-père, qu'ils ont vu plus d'une fois s'emporter pour des niaiseries aussi farfelues. Il faut dire que malgré notre exaspération, cela le rendait aussi attachant.)

jeudi, juillet 03, 2008

Très émouvant

que ceci. Six ans à voir bafouée son intégrité et sa liberté, c'est long. Six ans loin de ses enfants, c'est une éternité. Juste imaginer les émotions de cette femme qui serre ses enfants dans ses bras me remue profondément.

La grossesse et les contraintes

On me demandait récemment comment allait ma grossesse. Me plaindre de mes petits malheurs serait peut-être une insulte à celles qui souffrent de maux bien pires que les miens.

Toutefois, même si je suis capable de relativiser, les maux pires de certaines femmes n'amoindrissent pas nécessairement les renoncements que je trouve difficiles à cette grossesse (comme à la dernière).

Mes quatre premières grossesses furent faciles. Faciles parce que j'aimais être enceinte, parce que ma charge de travail était moins lourde, que je n'avais pas l'impression de faire de renoncements et que j'étais plus jeune et débordante d'énergie.

Je suis plus facilement amère à cette grossesse. Amère parce que la nature est ainsi faite que c'est la femme qui porte l'enfant du couple (et donc qui expose son corps à tous les malaises, à la prise de poids, aux vergetures, au manque de sommeil, à l'émotivité extrême, à l'essoufflement, à la fatigue, à l'inconfort physique et aux vestiges souvent permanents). Amère parce que c'est souvent la femme qui vit avec les renoncements professionnels intrinsèques à une grossesse, qui vit l'isolement social dû à ces renoncements (dans mon cas), qui se prive d'alcool (même si mon homme est solidaire pour cette question), amère de ne pas recevoir rigoureusement tout le soutien dont j'aurais besoin, amère parce que je ne pourrai pas sauter en parachute cet été ni recommencer l'escalade ou m'aventurer en expédition en montagne, amère parce que tout le crédit physique que j'avais gagné avec la course à pieds les mois qui ont précédé/chevauché ma grossesse a été perdu avec l'impossibilité de courir après le deuxième trimestre, angoissée que mon homme finisse par me trouver grosse, exigeante et moche (adieu mon cul d'acier!), amère de toutes ces injustices naturelles qui font que les hommes ont la vie beaucoup trop facile à mon goût durant ce calvaire féminin.

En bref, en dépit de mon attachement très grand à ce bébé, la situation de la grossesse me rend amère (et étonnamment, même si j'ai meilleur caractère qu'à mes grossesses précédentes).

Je sais que quoiqu'il arrive, il s'agit bel et bien de ma dernière grossesse. Je sais que j'ai assez donné, que mon corps s'est suffisamment offert comme nid douillet, qu'il sera ravi de retrouver son espace et son intégrité et que plus personne ne pourra lui soutirer quelle que contrainte physique que ce soit liée à la maternité après la naissance de cet enfant (et je ne parle pas de l'allaitement qui est un plaisir nécessaire, non une contrainte).

Mais vous savez, je me connais, je connais mon corps, mes besoins, mes capacités, mes réactions, mon esprit. Je connaissais déjà l'effet que cette grossesse aurait sur moi. C'est donc en toute connaissance de cause que je me suis embarquée dans cette nouvelle aventure et donc que je peux la qualifier de Grand Renoncement Volontaire (masochisme diront certains...MAIS...).

Ça, c'était le côté sombre. Une fois cette amertume nommée, je peux dire que cet enfant surclasse en matière d'agitation tous mes autres bébés, que j'ignore pourquoi il m'arrive naturellement de parler de lui au féminin alors que je n'ai jamais été intuitive pour la question du sexe de mes enfants, je peux dire que j'éprouve grande hâte de le mettre au monde, de faire sa connaissance, de le dévorer, de le prendre contre moi, de le respirer, de l'allaiter, de surveiller les légers soubresauts de son sommeil, de l'intégrer tendrement dans la fratrie, de voir ses frères passer près de lui en le bécotant, le caressant ou lui sussurant quelques mots doux au passage, de le voir grandir en m'émerveillant une fois de plus des merveilles que peut faire la génétique.

Je sais que ces moments viendront panser et compenser le côté sombre de la grossesse qui sera alors presque complètement derrière.

L'esprit de sacrifice

Le côté pratique d'avoir un ado ogre à la maison c'est que lorsque la dernière crème caramel au congélo (ou le dernier morceau de gâteau, ou le dernier morceau de chocolat) vous fait de l'oeil avec trop d'indécence, il suffit de descendre dans sa chambre et de l'interpeler de la manière précise suivante: "Salut ma poubelle préférée!" pour qu'il décele dans votre approche que le "service" que vous vous apprêtez à lui demander ne sera pour lui nullement un fardeau.

Pour la forme, il vous répondra faussement indigné un: "Comment tu m'as appelé?" avec un sourire à peine camouflé à la commissure des lèvres.

Vous pourrez alors lui étaler la nature de votre problème : la sournoise crème caramel vous appelle mais lucide, vous savez fort bien qu'aussitôt engloutie, vous croulerez sous la culpabilité d'avoir cédé à vos pulsions gourmandes pour un quatrième soir d'affilée.

L'ado à votre portée saura vous délester de la Maline sucrée sans culpabilité aucune. Deux petites questions de sa part suffiront à régler votre problème: "De quoi tu veux que je te débarrasse?" et "Où est-ce que c'est rangé?"

Aussitôt, il aura laissé son activité du moment pour faire taire vos tourments.

C'est-y pas honorable un tel esprit de sacrifice?