samedi, décembre 29, 2007

Fascinantes


que sont les infinies possibilités génétiques que j'aie pu engendrer (avec un tantinet d'aide masculine): une paire de yeux d'un vert magnifiquement pur, une paire de yeux bleus sans équivoque et quatre paires de yeux bruns aux nuances différentes selon les mousquetaires qui les portent.

Je suis on ne peut plus fière de "ma" diversité, autant dans les formes que dans les couleurs!

Aux grands maux...

Grand-Charme (10 ans) vient me retrouver à la cuisine. Apercevant sur la tablette un petit contenant de pilules rouges, il demande ce que c'est.

Moi -C'est du fer.

Grand-Charme, candide (quoiqu'il affirme que ce fut plutôt sarcastique): "C'est parce que tu n'es pas assez fertile?"

vendredi, décembre 28, 2007

En quête d'une solution

Problématique domestique: une fois installés, les nouveaux rideaux traînent sur le plancher.

Solution proposée par l'homme: la femme pourrait raccourcir le rideau.

Solution proposée par la femme: l'homme pourrait installer le pôle plus haut.

Encore une question de perspective.

dimanche, décembre 23, 2007

Ironie des Fêtes

Quelle ironie les Fêtes, quand même! Congé des Fêtes devrait équivaloir à repos, réjouissances, moment présent, coeur léger. Difficilement possible une fois dans l’engrenage de Noël, à moins d’avoir réussi à relever le défi que tout le monde échoue : celui d’avoir terminé toutes ses emplettes avant décembre. Le prix à payer en stress pour arriver aux réjouissances est élevé.

Courir pour le magasinage, la préparation de la bouffe, les spectacles des enfants et les différentes activités organisées par l’école, penser aux délicates attentions pour les professeurs, à l’organisation chez une famille et l’autre (bonjour les familles séparées ou recomposées!), prévoir laver les vêtements chics des enfants entre les partys, paqueter la voiture, ne rien oublier et espérer qu’il y reste de la place pour les enfants.

Cette année, bien que mon état végétatif mental et mes deuils récents me ramènent à l’essentiel, je réussis hélas à courir quand même. Moi qui me croyais imperméable, pfff!

N’empêche, je suis fière. Fière d’avoir été rigoureuse avec mon principe d’éviter d’acheter des cadeaux uniquement pour la forme. Ainsi, mes trois derniers mousquetaires ne recevront aucun cadeau ludique pour Noël, mais uniquement le genre de chose qu’ils détestent, c’est-à-dire des choses utiles. Un peu d’argent garnira aussi leur compte d’épargne. Point.

Je suis fière d’avoir tenu parole envers Tout-Doux et Coco, qui ne savent pas prendre pas soin de leurs jouets : quand on ne sait pas faire attention à ce que l’on possède, inutile de s’attendre à en recevoir davantage uniquement parce que c’est Noël. Ce serait là une bien mauvaise raison.

Quand on a quelques enfants, notre marmaille possède déjà une quantité inimaginable de jouets qui devrait être amplement suffisante pour tous les enfants éventuels à venir. Le trip malsain de la possession, non merci.

Je suis dégoûtée de me promener dans les centres d’achats. Dégoûtée par la course aux rares stationnements disponibles, par les innombrables Père Noël, les bousculades et les mille stratégies marketing tentant d’être originales à partir des sempiternels « Ho! Ho! Ho! », des tuques de Noël trop communes, des promesses de paiements différés, des Boxing Day avant le temps, de l’innocente invitation au
« partage, à la joie, à la générosité envers ses proches » qui ne sont que manipulation pour vendre plus. L’invitation à la surconsommation me donne des hauts-le-coeur. Envie de m’en dissocier complètement, d’en éloigner ma marmaille. Honte de cet aspect de ma société.

J’ai fait plusieurs cadeaux maison et j’en suis extrêmement fière. Les cadeaux faits maison me font plaisir, me séduisent, me vont droit au coeur. Ils sont empreints de la plus précieuse denrée qui soit : le temps.

Jamais je n’oublierai l’émotion de mon frère le Noël où je lui ai offert sa superbe courtepointe (ma première!) dans laquelle j’avais investi plus d’une centaine d’heures. Idem pour celle offerte à mon autre frère ou aux bébés de mes amies.

Les jolis colliers faits par ma belle-sœur, les touchantes pages de scrapbooking reçues de mes amies à la mort de Thomas, le coussin d’allaitement et les couvertures de bébé faites par ma marraine, les bonnes soupes faites par ma mère, la magnifique douillette de bébé confectionnée par ma grande amie Isabelle, la grenouille en jeans de ma mère, voilà des présents chers à mon coeur.

L’an dernier, c’était notre premier Noël sans Thomas. Un moment particulièrement difficile où la joie du moment présent avec ses proches côtoyait intimement la douleur de l’absent tant regretté. Cette année, la glace est brisée pour lui, mais je sais que je ne pourrai m’empêcher de l’imaginer courir et rire aux éclats avec ses frères.

Une autre glace devra être brisée. Celle de l'apprivoisement du vide laissé par mon père qui ne sera pas là pour nous faire sourire, en entendant Happy Christmas, avec ses sempiternelles éloges au "génie de la musique" qu'était John Lennon.

Joyeuses Fêtes, mes très chères lectrices et lecteurs et n’oubliez pas l’essentiel : la présence de ceux que vous aimez et le droit de vous reposer.

vendredi, décembre 21, 2007

Un vendredi soir

Que faire un vendredi soir quand on a couru comme une FOLLE toute la semaine, qu'il nous reste une TONNE de trucs à préparer pour Noël, qu'on en a marre d'être stressée, qu'on est enfin rentrée des courses et de la pièce de théâtre d'un de ses fils avec la gang complète, la blonde de son ex et son nouveau collier?

On laisse les enfants à ladite blonde, on rentre chez soi dans une maison plus nette que lors de notre départ, on met au four un succulent rôti de filet mignon, on ouvre une bouteille de rouge et on décompresse en attendant qu'il soit à point avant d'aller se coller contre son homme devant la troisième saison de Lost.

Une trève que je n'appelle même pas du luxe.

Générateurs d'embouteillages

Je sais pas si vos enfants sont semblables aux miens, mais pour notre part, entrer avec eux dans un magasin dont les tuiles du plancher ne sont pas homogènes est pour eux une source intarissable de jeux.

-Ceux qui touchent aux tuiles grises sont morts;

-Si on saute sur une tuile rouge, ça donne une vie supplémentaire;

-Interdiction formelle de toucher aux craques sous peine de perdre une vie (idem pour les craques de trottoir l'été);

-Les tuiles vertes sont des îles et si on touche aux beiges (qui sont l'eau, évidemment), on est morts dévorés par les requins;

-Et ainsi de suite (vous comprenez le principe!).

En pressant ma progéniture sautillante jouant à la marelle sur les tuiles du supermarché, j'ignore toujours si, en osant regarder les embouteillages de clients qu'ils créent, je recevrai des yeux attendris devant ces jeux naïfs ou de gros yeux impatients.

Hésitation

Plantée devant le miroir, j'hésite entre deux colliers pour accompagner ma tunique.

Tout-Doux passe par là. Je l'interpelle et lui demande son avis.

Attentivement, il considère les deux bijoux: "Les deux ensemble sont jolis... Si tu mets juste lui (il le tâte délicatement), ça fait plus "douceur". (Il poursuit son évaluation) L'autre est plus spécial...je dirais que c'est lui que tu devrais porter ce soir."

Il s'éloigne, puis considérant mon air toujours perplexe, il revient et affirme doucement du haut de ses huit ans d'expérience: "Tu sais maman, tu peux bien me demander mon avis, mais c'est ton collier; c'est ton goût à toi qui compte. C'est toi qui vas le porter. Tant pis si tes amies n'aiment pas ça. Moi, jamais Francis ou Helaman n'ont jugé ce que je portais."

Petit sourire encourageant, puis il me laisse mûrir ma réflexion.

Mes "amies" n'ont qu'à bien se tenir: je sors avec la blonde de mon ex ce soir.

Le répertoire

Depuis le départ de mon père, dans ma tête défile musicalement le répertoire qui lui fut propre. Je le revois, mon cher papa, désinvolte saisir la guitare et se mettre à chanter. Aussitôt, toute activité autour ralentissait (pour ne pas dire s’arrêtait) et sa musique se mettait à régir l’ambiance telle une joyeuse dictature involontaire. Il était un réverbère et nous, moustiques émotifs, gravitions autour naturellement, complètement subjugués par la source d’énergie qu’il était.

Depuis onze jours, j’entends sa musique, je la fredonne, je tente de la garder en moi, de l’étirer, de la fondre en chacune de mes cellules. Comme je craignais, à la mort de Thomas, de ne plus entendre sa voix dans ma tête (ce qui finit tristement par arriver), je crains maintenant que la musique de mon père ne s’éteigne doucement avec lui.

Mon père a déjà tenté, sous mon insistance, de m’apprendre la guitare. Il était hélas très impatient pédagogue et comme je n’ai pas hérité de son oreille, il s’énervait du fait que ses leçons ne soient pas intégrées rapidement. Il m’apprit finalement une seule pièce, que je répétai tant de fois avec tant de fierté que mon frère finit par me supplier de ne plus m’approcher de l'instrument.

Mon père jouait avec son coeur. Issus d’une famille de musiciens, la musique fut toujours naturelle pour lui et ne nécessitait aucun effort. Lorsqu’il saisissait l’accordéon, il savait naturellement. J’ai toujours eu de l’admiration pour cette intuition musicale, que plusieurs de mes proches possèdent également.

Je ne pourrais accepter que sa musique ne meure avec lui. L’idée de prendre des cours d’accordéon germe, germe, germe. J'ai trouvé une association d'accordéonnistes au Québec. Cool. Prendre des cours d'accordéon... Ainsi, je serais toujours liée à sa musique. Je pourrais me l’approprier, la partager, l’habiter et la diffuser avec lui.

mercredi, décembre 19, 2007

J'ai succombé (ajout de photos)




Amateure de colliers originaux et colorés, je me suis laissée séduire par quelques trésors de ce site, que j'ai reçus aujourd'hui. De toute beauté! Classe, fantaisie et raffinement.



C'est la faute à la mère des demoiselles, vraisemblablement décidée à me faire faire de douces folies...que je ne regrette même pas!

La mort...après

La mort m’amène dans un monde irréel. On pourrait dire que j’ai l’air insensible, mais en réalité, je suis implosée. La mort m’avale, me rend silencieuse, absente.

Durant la dernière semaine, alors que tout le monde autour éprouvait une peine explosive, moi, j’éprouvais la plus majestueuse de toutes les fiertés : celle d’avoir été la fille de mon père.

Ce fut pour moi un honneur, un immense privilège d’avoir pu l’appeler
« papa », d’avoir reçu de ses yeux et de ses bras son amour paternel, d’avoir goûté son humour exquis, de m’être imprégnée de sa musique, d’avoir connu ses leitmotivs, d’avoir pu me moquer tendrement de sa prévisibilité, de sa susceptibilité et d’en rire avec lui, d’avoir joué au pool dans le MESS des caporaux parmi les Grands, de m’être bercée près de « son » feu avec lui, de l’avoir offert comme grand-père à mes enfants, d’avoir bu l’Amarula qu’il envoyait sa femme acheter pour moi chaque fois que je leur rendais visite, d’avoir décoré son dernier sapin de Noël avec mes enfants deux jours avant sa mort, de l’avoir écouté me parler de ses préoccupations, d’avoir reçu sa bienveillance par rapport à mon avenir ou à ma relation avec les hommes, d’avoir partagé la naissance de mon quatrième fils avec lui, qu’il soit venu me voir moi pour recoudre les poches de son veston car il trouvait que je les réparais solidement. Surtout, il fallait garder le secret car sa femme aurait pu être insultée que je sois sa couturière privilégiée. Fièrement, je gardais le secret et m’assurais que mon travail soit impeccable et à la hauteur de ses attentes. Et lui, le grand charmeur, il n'était pas sans connaître le sérieux et la dignité que j'y mettais.

À présent, je sens possibles tous les horizons qu’offre la mort : la solidarité, l’entraide, la chaleur, la fraternité, les doux souvenirs, mais aussi la douleur de l’irréversibilité, l’incrédulité, le règlement de non-dit, la colère, l’amertume, la rancœur. Ces avenues éventuelles plus grises me figent. Je les crains.

Je suis la plus privilégiée d'entre toutes d’avoir été la fille de mon père. Je me sens incroyablement privilégiée d’être la seule fille au monde à pouvoir dire :
« Je suis la fille de cet homme exceptionnel. » Homme combien imparfait, mais combien exceptionnel également. Jamais je ne l’aurais échangé pour un autre plus vertueux, même si parfois j’eus souhaité qu’il soit plus ci ou moins ça.

Mon père éprouvait une très grande fierté à l'égard de ses enfants (au moins autant que ma douce maman ). Nombre de fois, il s’est retiré discrètement d’une discussion joyeusement animée à table simplement pour se détacher de la scène et nous envelopper du regard tendrement mon frère et moi.

De son observatoire, il nous écoutait, savourait notre humour, nos obstinations, le développement et l’articulation de nos idées, nos moqueries, notre répartie, nous, ses précieux enfants.

Parfois, il souriait amoureusement, mais la plupart du temps, au moment où je surprenais ses traits émus et son regard baignant dans une fierté humide, je prenais et reprenais conscience de l’immensité de son amour pour nous. Un amour si grand que l'intensité dans ses yeux aurait pu s'appeler "douleur".

Cet amour, il savait le dire avec des mots, aussi. Bien que son cancer eût grandement abîmé sa bouche, sa langue et sa gorge cette dernière année, à plusieurs reprises, il s’efforça d’articuler pour me dire chaque fois avec une émotion renouvelée que mon frère et moi étions sa plus importante et sa plus belle réussite. Parfois, parler était trop ardu et la force avec laquelle il serrait ma main agissait à titre de mots.

Parce que plusieurs de ses lacunes de père m’ont parfois blessée, j’aurais pu lui faire mille reproches. Il y a quelques mois, ces reproches me consumaient de l’intérieur; j’avais besoin de régler certaines choses avec lui. J'étais persuadée que la seule façon de me libérer l'esprit était de réussir à l'absoudre par les explications qu'il me donnerait.

Je me demandais s’il était égoïste de parler de ses propres blessures avec une personne dont les jours sont comptés. Puis, une personne m'a fait réfléchir sur le pardon. Même si je ne suis pas très catho, je connais le concept du pardon. J’y ai tout de même longuement réfléchi. Je crois avoir fait la paix avec moi-même au sujet des reproches que j’avais besoin d’adresser à mon père car doucement, presque imperceptiblement, ils se sont dissipés et ont cessé de me torturer.

Je ne crois pas être subitement guérie des conséquences des lacunes de mon père, mais les traces d'amertume ont disparu. Je crois avoir réussi à lui pardonner ses faiblesses car jamais mon père n’aurait fait intentionnellement quoi que ce soit pour me nuire ou me blesser. Ses faiblesses étaient donc des maladresses pour lesquelles j’éprouve à présent de la compassion.

Même si je fais de mon mieux comme mère, je demeure très imparfaite. Mes garçons auront tout le loisir de sélectionner mon travers de leur choix pour me faire à leur tour des reproches plus tard.

J’espère toutefois qu’ils garderont de moi le souvenir béton que je garde de mon père : la fierté que j’éprouve d’être la maman privilégiée des jeunes hommes qu’ils deviennent et mon amour incommensurable pour eux. Au fond, c’est vraiment tout ce qui compte.

jeudi, décembre 13, 2007

Enfin...


Il est rentré au pays! Quel soulagement de le retrouver, de le serrer dans mes bras, d'avoir l'impression que nous porterons ensemble les jours à venir et que la suite de l'organisation des au revoirs repose aussi sur ses fraternelles épaules!

mardi, décembre 11, 2007

Le repassage

J'ai toujours trouvé que pour une femme, repasser les chemises de son mari était un symbole de servilité. Vous comprendrez donc que je me refuse à repasser les chemises de mon amoureux, aussi expansif mon amour pour lui soit-il.

Devant ma perception de la chose, une copine toujours zen là où je ne le suis pas s'étonnait et m'expliquait qu'elle, en repassant les chemises de son homme, mettait dans chacun des plis le soin que son amour pour lui exigeait.

Je suis partie de cette idée pour repasser ce matin la chemise que mon père portera pour ses funérailles.

"C'est pas grave, Jenny, si la chemise n'est pas parfaite; il portera un veston par-dessus", me faisait remarquer la femme de mon père.

Non, que je lui répondis. Il faut que je mette de l'amour dans ses plis.

Il faut bien parfois élargir l'horizon de nos perceptions.

PS. J'ai dû téléphoner à la moitié de la ville ici et à une dizaine d'hôtels cubains, mais j'ai réussi à retrouver mon frère.

Veiller

Il y a quelque chose de très spirituel, de très beau dans la mort.

Autrefois, on se relayait pour veiller les défunts. Je suis de cette pensée, de cette approche. Je n'occulte pas la mort. Je l'apprivoise. Je touche, je parle, je questionne, je la respire. Je réagis après. Longtemps après.

Cette nuit, j'ai veillé mon père. Tendrement, amoureusement, entièrement, sans pleurer. Juste m'allonger près de son corps enfin libre de ses chaînes, me coller contre lui au milieu de toutes ces bougies, le caresser, l'embrasser, lui dire tout ce qu'il représentait pour moi, combien je l'aime, combien je suis soulagée qu'il soit enfin libre, lui demander de ne pas oublier de prendre Thomas dans ses bras pour moi et de bien veiller sur lui, de veiller sur ma route et sur celle de ceux que j'aime.

La mort est douloureuse, certes (même si je ne le réalise pas encore pour mon papa...je suis d'une froideur antipathique), mais elle offre aussi de grandes possibilités: celle de parler, d'étreindre, de s'entraider, de se souvenir, d'apprécier.

J'aimais énormément mon bel accordéoniste de papa. J'aurais aimé hériter de son oreille musicale, de son charisme, de son charme.

A présent, tenter de rejoindre mon frère qui se prélasse à Cayo Largo. Pas facile. Je ne connais même pas le nom de son hôtel.

lundi, décembre 10, 2007

Un début de bonne nouvelle

Voilà une bonne nouvelle!

Il y a quelques semaines, j'écoutais à la radio un reportage sur un couple de l'ouest canadien ayant décidé de relever le défi de ne consommer que des produits locaux durant toute une année. Ils expliquaient les problématiques rencontrées et les démarches entreprises pour s'approvisionner en aliments particuliers (le sel, par exemple) et tout ce qu'ils ont tiré de cette expérience.

Celle-ci fut marquante pour eux (je n'ai hélas pas réussi à retracer le reportage) et fort inspirante pour moi (quoique je ne suis pas certaine que je réussirais à me priver à très long terme de clémentines du Maroc, de fleur de sel de Camargue, du bain mousse aux amandes du Petit Marseillais, du bon vin australien, italien ou français, d'Amarula d'Afrique du Sud, de pamplemousses roses de Floride, d'avocats du Mexique, d'olives, de jambon de Bayonne ou de Caprice des Dieux). Je fais de grands efforts pour acheter local, mais je m'octroie tout de même le droit à certains divins plaisirs!

Je suis heureuse qu'enfin on se décide à légiférer sur l'étiquettage! Bon d'accord, ce ne sera que sur les produits frais (donc très limité), mais c'est tout de même un début (Le Devoir écrivait justement un article fort intéressant sur l'étiquettage et les produits locaux dans son édition du 1er décembre.)

Je n'ose toutefois encore rêver du jour où le gouvernement osera braver les lobbys alimentaires pour enfin obliger l'identification des produits issus des OGM. Les médias conscientisent de plus en plus la population sur les bienfaits environnementaux (et éventuellement, économiques) de la consommation locale. Mes enfants connaîtront peut-être le jour où un étiquettage pertinent permettra aux consommateurs de faire des choix éclairés sur les produits consommés.

Mystère

Y a-t-il un réparateur Maytag dans la salle? Je tente de résoudre un mystère qui sollicite beaucoup de moi-même depuis une semaine.

Voilà trois fois que la sécheuse se met en marche toute seule. La première fois, j'ai cru que c'était Fils Aîné qui faisait un séchage à 5h du matin (il est très matinal), mais le soir venu, il m'a assuré qu'il avait été lui aussi mystifié par le bruit de la sécheuse si tôt.

La deuxième fois, elle s'est mise en marche tard en fin de soirée, semant chez moi une grande angoisse (je croyais à un étranger tapi dans la maison) et j'ai dû envoyer Grand-Homme fouiller le sous-sol à la recherche de l'intrus.

Enfin, je suis revenue à la maison après une visite chez le pédiatre cet après-midi. Évidemment, personne n'y était. La sécheuse fonctionnait d'elle-même et je fus encore une fois très inquiète.

J'ai tenté de trouver une explication électrique au phénomène, mais puisqu'il faut actionner deux boutons pour démarrer la sécheuse, je demeure sans réponse.

Devant l'absence d'explication, je ne peux que déduire que c'est l'esprit de ma grand-mère (une femme très efficace) qui a entendu mon désespoir face au sempiternel lavage et qui a décidé de profiter de mon absence pour venir me prêter main forte.

samedi, décembre 08, 2007

Un modèle d'intégrité

Il y avait longtemps que je ne vous avais pas servi une citation de ma George Sand adorée, alors en voici une qui me rejoins particulièrement (remarquez que je pourrais dire ça de son oeuvre entière): "Le faux, le guindé, l'affecté me sont antipathiques, et je les devine, même quand l'habileté les a couverts du vernis d'une fause simplicité. Je ne puis voir le beau et le bon que dans le vrai et le simple, et plus je vieillis, plus je crois avoir raison de vouloir cette condition, avant toutes les autres, dans les caractères humains, dans les oeuvres de l'esprit et dans les actes de la vie sociale.

Et puis je voyais fort bien que cette prétendue grâce, eût-elle été vraiment jolie et séduisante, était un brevet de maladresse et de débilité physique. Toutes ces belles dames et tous ces beaux messieurs,qui savaient si bien marcher sur des tapis et faire la révérence, ne savaient pas faire trois pas sur la terre du bon Dieu sans être accablés de fatigue. Ils ne savaient même pas ouvrir et fermer une porte, et ils n'et ils n'avaient pas la force de soulever une bûche pour la mettre dans le feu. Il leur fallait des domestiques pour leur avancer un fauteuil. Ils ne pouvaient pas entrer et sortir tout seuls. Qu'eussent-ils fait de leur grâce sans leurs valets pour leur tenir lieu de bras, de mains et de jambes? Je pensais à ma mère qui, avec des mains et des pieds plus mignons que les leurs, faisait deux ou trois lieues le matin dans la campagne avant son déjeuner, et qui remuait de grosses pierres ou poussait la brouette aussi facilement qu'elle maniait une aiguille ou un crayon. J'aurais mieux aimé être une laveuse de vaisselle qu'une vieille marquise comme celles que j'étudiais chaque jour en bâillant dans une atmosphère de vieux musc
!"*

George Sand est fascinante par son extrême conscience d'elle-même. Ayant vécu à cheval sur deux classes sociales (du côté de sa grand-mère paternelle hautaine, très possessive de sa petite-fille et très axée sur l'éducation, le maniérisme, l'élégance mais toutefois très aimante et sa mère douce, travaillante, enjouée, chaleureuse, impressionnée par les exigences de sa puissante belle-mère et souffrant de la possession de cette dernière à l'égard de son enfant, de qui elle la sépara à plusieurs reprises au grand désespoir de la petite), l'héritage hétéroclite qu'elle en tira malgré la grande rivalité de sa mère et de sa grand-mère fit d'elle une femme élégante mais vraie, travaillante, vive d'esprit, humaine, considérant le prolétariat (qu'elle associait à sa mère adorée) malgré son propre statut social, très intelligente et respectée, même de la gent masculine de l'époque en dépit de sa marginalité.

George Sand est une inspiration, un modèle parfait d'intégrité et d'authenticité.


*Sand, Histoire de ma vie I, p. 305

vendredi, décembre 07, 2007

Superficiel, mais efficace

Dépassée par les soucis? Changez de tête! Ça ne règle pas les problèmes, mais ça donne parfois l'illusion de laisser les tracas dans l'ancienne tête et de s'apprécier sous un angle nouveau. Qui plus est, c'est moins cher qu'un psy.

Je ne sais pas si c'est typiquement féminin, mais ça fait du bien.

J'aime bien ma nouvelle tête. C'est stylé, dark, un brin arrogant et ça traduit bien l'insolence et les décisions pleines d'aplomb qui m'animent depuis quelques jours.

mercredi, décembre 05, 2007

Fragment de bonheur

Début de l'été, fin d'après-midi. Très forte humidité. J'essaie désespérément de me faire plus intéressante que l'ordi de mon homme depuis un long moment déjà. Urgent besoin de bouger pour briser l'air figé.

Je me fais insistante. Vite, sortir marcher avant que le ciel densément gris ne se mette à tomber.

Enfin, un mouvement. Oui, il a bougé -l'homme, pas le ciel! Il se lève et m'accompagne. Je suis ravie.

Comme toujours, Frédéric est heureux de prendre place dans sa poussette. L'humidité est suffocante. Nous marchons, nous parlons. Je suis bien.

Les nuages bougent rapidement, il fait soudainement sombre. Nous accélérons le pas.

Un pas de plus et le ciel nous tombe dessus comme s'il s'était retenu durant des mois. Pluie diluvienne. En quelques secondes, nous sommes complètement trempés. Ma robe étroite me colle à la peau, flic-a-floc font mes sandales.

Frédéric, paniqué par cette douche impromptue et violente, se met à hurler. Un homme nous invite gentiment à entrer chez lui nous mettre à l'abri. Nous refusons, courons de plus bel.

À chaque pas, je dois tirer ma robe collante qui remonte sur mes cuisses. Je ris, nous courons, Bébé pleure à fendre l'âme, nous sommes pliés de rire de cet intense moment présent. Pas facile de courir et de respirer en riant autant.

Mon homme tente maladroitement de protéger son fils de la pluie tout en maintenant un pas rapide. Je ris de le voir se donner tant de mal, je ris de mon fils qui est trop jeune pour apprécier ce moment unique, je ris de mon homme qui regrette sans doute de s'être laissé convaincre de quitter son ordinateur pour aller se faire mouiller de la sorte, je ris du constant flic-a-floc de mes sandales, je ris de l'indécence de ma robe qui a sa volonté propre de dévoiler mon corps.

Nous courons, nous courons toujours. Je m'étenderais sur la rue inondée qui a l'odeur particulièrement poussiéreuse des pluies folles, je me roulerais dans l'herbe mouillée, je courerais pieds nus pour le simple bonheur d'exister et d'être joyeusement prise dans les filets libres de la nature.

Nous approchons de la maison. Merde.

Pourquoi donc me suis-je résignée à entrer?

Soir d'automne


Genre de soir de novembre dans lequel j'aimerais me faire osmose.

lundi, décembre 03, 2007

Méta

Il y a des vérités que l'on connaît intuitivement, ou simplement par la force des choses. On doute, on redoute, on attend une confirmation. Puis, on finit par l'obtenir.

On ferme alors les yeux longuement. On encaisse et parce qu'on n'a plus la force de se battre contre l'adversité, on tend docilement l'autre joue.

Parfois, il n'y a plus de joues à tendre. Parfois, même une greffe de joues ne suffirait pas.

Métastases.

J'ai cherché ce mot dans le dictionnaire lorsque j'ai entendu aux nouvelles que Robert Bourrassa avait des métastases.

Métastases, ce mot qui rime tant avec impuissance, avec fin, avec au revoir, avec plus de papa.

Je le savais. Depuis que je le vois se prendre la tête à deux mains durant des heures et se recroqueviller pour conserver la chaleur que le peu de gras sous sa peau lui permet, je le sais. Il s'en doutait lui aussi. Mais personne ne prononçait le mot maudit.

Une grossesse: une unité de mesure temporelle bien tangible pour moi. Si je devenais enceinte maintenant, les chances seraient très minces pour que mon enfant puisse rencontrer son grand-père maternel.

Pourtant, en cet instant où je me sens en plein Festival de la Grande Faucheuse, j'aimerais sentir un brin de vie, une lueur, un espoir de réjouissance en moi. Cette pensée n'est pas rationnelle, mais je n'ai en ce moment nullement envie d'être une fille rationnelle. L'émotif pèse trop lourd dans la balance.

Quelques questions (modifié)

Pourquoi le pelletage n'est-il pas encore admis comme discipline olympique? Mes muscles endoloris et mon coeur qui bat la chamade prouvent que c'est bel et bien un sport d'hiver très exigeant!

Pourquoi les producteurs automobiles mettent-ils en marché des voitures blanches au Québec? N'est-ce pas suicidaire une journée comme aujourd'hui?

Pourquoi ressens-je une si douce fierté d'entendre mon fils de huit ans me confier tout bonnement: "Tu sais pourquoi je suis content de ne pas être un enfant gâté? C'est parce que si j'étais un enfant gâté, je me mettrais à pleurnicher "Mamaaan, mamaaan, pourquoi tu ne veux pas m'acheter tel truc et qu'ensuite, si tu ne me l'achetais pas, je me mettrais à faire des crises et que moi, j'aime pas ça faire des crises".

Bonne blanche journée!

Ajout à-propos pour nos amis européens. ;)

dimanche, décembre 02, 2007

L'identité (seconde partie)

La prise de conscience de la partie nominale de l'identité peut se révéler douloureuse pour quiconque se croyant à tort unique à ce niveau.

L'expérience fût vécue ici il y a quelques jours.

Un jeune Coco pas du tout prêt à souffrir savourait sa soupe aux légumes et posa soudainement sur moi des yeux graves: "Tu as entendu? Qu'est-ce qu'ils ont dit à la radio?"

Moi -Je ne sais pas, je n'étais pas attentive.

Coco, se sentant personnellement interpellé -Ils ont dit Jérôme!

Moi -Ah bon...

Tout-Doux, berçant le chat avec désinvolture, corrige -Ils ont dit ST-JÉRÔME.

Coco, tournant des yeux pétillants vers moi -Ils ont dit mon nom à la radio!

Moi -Ils ont surtout prononcé le nom d'une ville..

Coco, désemparé -Mais c'est MON nom!

Moi -C'est aussi le nom d'une ville et le prénom d'un tas d'autres personnes (Tombe le cruel couperet). Tu n'es pas le seul Jérôme.

Coco, se refusant d'admettre la dure vérité -OUI. OUI, je suis le seul Jérôme! Il n'y en a pas d'autres comme moi!

Moi -C'est vrai, tu es un garçon unique et tout à fait spécial, mais ton prénom, tu le partages avec d'autres.

Coco, dérouté, attristé, venant de perdre douloureusement son sentiment d'exclusivité, en déni total -C'est PAS VRAI! Je suis LE SEUL, je n'ai jamais vu un autre Jérôme! Tu vois, je suis le seul!

Tout-Doux, un brin baveux, mais toujours désinvolte -C'est pas parce que tu n'en a jamais rencontrés qu'ils n'existent pas. Maman a raison, tu n'es pas le seul Jérôme.

Coco, mains sur les hanches, TRÈS insulté, s'agenouilla sur sa chaise. Il y avait tout le défi du monde dans ce petit visage lorsqu'il s'adressa à son insolent de frère : "Ah oui? Ok d'abord, Jérôme QUI?"

Déjà, il affichait un air de triomphe.

Du tac au tac, Tout-Doux lui répondit un "Jérôme Picard" tout ce qu'il y a de plus bidon. Je validai tout de même discrètement avec lui avant de me faire confirmer l'arnaque par un sourire complice.

Déstabilisation totale et absolue. Vaincu, Coco se laissa retomber sur sa chaise, solidement ébranlé. J'aurais pu lui annoncer que je n'étais pas sa mère, il n'aurait pas été moins déçu.

Dure, dure la vie quand elle nous oblige à redéfinir notre identité.