mardi, août 28, 2007

Le moment présent

J'éprouve énormément de misère à profiter du moment présent. Je suis toujours trop stressée, la tête trop pleine de choses à ne pas oublier, à réaliser, à organiser, à penser. Je voudrais savoir m'arrêter et profiter vraiment de l'instant présent.

Après mes études, j'ai décidé de sauter en parachute. Je m'imaginais que de sauter d'un avion à 13 500 pieds d'altitude en m'époumonnant me permettrait de libérer les trois années d'abnégation intense que je venais de vivre (et que j'avais été heureuse de vivre). Ce fut le cas. Comment penser à autre chose qu'au moment présent en chute libre à 200 km/h? Lâcher-prise total. Sublime.

J'aimerais savoir vivre naturellement ainsi.

Aujourd'hui, mon père subissait une opération risquée pour son cancer. J'ai stressé en grand jusqu'à l'appel, ce soir, de sa femme.

J'ai raccroché. Respiré. Et coordonné les bains.

Puis, je suis partie courir. Je réalisais, au bout d'un certain moment de course, que les seuls moments où je vis réellement l'instant présent sont durant les épisodes intensément physiques ou émotifs.

Lorsque je cours, je jouis d'abord du fait qu'à présent, ça ne représente plus un effort physique: je cours comme sur un nuage. Je ne sens pratiquement plus l'effort et le paysage défile sous mes yeux sans que je ne me rende vraiment compte que ce sont mes pieds qui me font avancer. Contrairement au début, ce n'est plus forçant pour ma respiration et je n'ai plus de crampes. C'est un peu comme si je volais. N'est-ce pas merveilleux de pouvoir voler?

Puis, ce qui est apaisant, c'est qu'aucun enfant ne me sollicite durant ce temps. Je suis entièrement libre.

Enfin, je réalisais aussi que l'effort me valait un sourire quasi permanent durant la course. Les endorphines (ou est-ce l'adrénaline?) ont sur moi l'effet d'un gaz hilarant. Cela amusait mon prof de judo car en randori, alors que mes adversaires étaient sérieux et concentrés à me déstabiliser, moi, je souriais béatement en esquivant (et même en me faisant projeter au sol).

Dommage que mon amoureux ne coure pas avec moi. Il serait sans doute ravi de renouer avec mes ravissants sourires.

vendredi, août 24, 2007

Complexes étalés impudiquement

Jeune maman (2-3 enfants), je n'avais rien à envier aux compétences maternelles et à l'infinie patience de la maman de Caillou (ou d'une quelconque autre maman). Pourtant, plus d'une fois j'ai eu envie d'aller prendre un café avec elle pour savoir si réellement, hors de la mire de la caméra, elle ne perdait pas patience elle aussi avec ses rejetons.

Puis, il y eut l'imbattable Cornemuse. Mon modèle. Y a-t-il plus douce, plus aimante, plus merveilleuse pédagogue que Cornemuse? D'accord, je n'écoute pas assidument, mais jamais je n'ai entendu Cornemuse élever le ton et si jamais elle eût à le faire, elle l'eût sans doute fait dignement.

Profondément inculte des émissions de télé contemporaines tous genres confondus, j'ai décidé cette semaine d'écouter un épisode de Ram Dam avec mes garçons.

D'abord vraiment mêlée par qui est qui dans cette famille aux multiples ados et amis, je n'ai toutefois pas manqué de remarquer que la mère, toujours avenante, gentille, à l'écoute et souriante préparait de bons repas mijotés chaque soir, gentiment affairée dans sa cuisine. Elle ne semble pas élever le ton non plus devant les niaiseries de ses enfants/beaux-enfants. Qui plus est, elle a toujours le temps et la disponibilité pour écouter empathiquement quiconque vient se confier naturellement à elle et ce, apparemment sans jamais être interrompue par de petits impatients revendiquants de l'attention au moment où leur mère est occupée avec un autre.

Cette mère m'a donné des complexes (et on ne parle pas du père, aussi exemplaire). J'en ai discuté avec mes gars, qui m'ont aidée à reconstitutuer l'arbre de cette famille recomposée.

Je veux bien admettre que mon échantillonnage d'émissions est extrêmement limité, mais tout de même, en dépit de la richesse pédagogique pour ados, on pourrait croire AUSSI à des émissions pédagogiques sur les habiletés parentales!

C'est idéal, oui, mais est-ce vraiment réaliste? Un parent qui pogne les nerfs de temps en temps, qui a envie de silence, qui n'a pas le réflexe pédagogue parce qu'il a eu une vilaine journée, on en voit juste chez moi et dans Watatatow?

Jeu d'enfant

La mort de la mairesse Boucher me rentre dedans, sans doute parce que j'ai de la misère à concevoir que les personnages colorés, extravertis et n'ayant pas peur d'assumer leurs opinons puissent être mortels.

Un grand coup dans l'estomac. Devant mes exclamations d'incrédulité et de surprise en lisant la nouvelle de son décès, mon fils de 10 ans m'interroge sur le personnage. Je lui explique mon étonnement, lui parle de l'excentrique mairesse, de la controverse qu'elle a suscité, mais de l'admiration que tout de même, je lui voue.

Quelques instants plus tard, ne vois-je pas mon Grand-Charme jouer à "la mort de la mairesse Boucher".

La dépouille de la mairesse, représentée par un petit ourson excentrique en peluche, est traînée par une chaîne de pantalon agrippée à une des voitures Bagnoles (en peluche également).

La voiture défile lentement, tirée de long en large de la maison par Grand-Charme et son air solennel. Mimi, notre petite chatonne enjouée, guette le cortège avec l'évidente intention de sauter sauvagement sur la dépouille.

Amusé de la réaction de Mimi, Grand-Charme accélère la vitesse de défilement du cortège funèbre et pour la forme, déclare à la petite féline qui déjà massacre la chair de feu la mairesse: "Mademoiselle, je vous prie! Un peu de respect pour les défunts!"

Puis, pour clore le jeu, il détache la chaînette de la Bagnole et la suspend par petits coups saccadés dans les airs pour suggérer un gracieux mouvement d'envol avant de déclarer d'un ton funeste: "Voici à présent, mesdames et messieurs: l'ange de la mairesse!"

Est-ce bien ce qu'on appelle "jouer avec la mort"? :-/

Phénomène inexpliqué

En ouvrant la porte du frigo, Coco (six ans): "Maman! Y a un "piment vert" orange dans le frigo!"

mercredi, août 22, 2007

Tristesse

Triste

En trois heures sur l'autoroute, avons croisé cinq remorques à bétail, tantôt vaches, tantôt porcelets.

Pauvres petits qui allaient connaître bientôt l'abattoir. Grand-Charme me dit en voyant leurs groins dans les interstices des planches: "Oh regarde maman, on dirait qu'ils sourient!". Sur la porte du camion, un cochon souriant. Il se dit sans doute: "Je suis heureux d'aller me faire charcuter".

Pauvres petits porcs innocents qui finiront en rôti, côtelettes et filets! Ils me firent penser à tous ces juifs entassés dans des wagons à bétail en route vers les chambres à gaz. Cette dure image ne me quitte pas.

Pas friande de porc, mais eus (ai?) envie de devenir végétarienne. Comme le dit un personnage de L'île: "Ce n'est pas parce qu'on aime les hamburgers qu'on a envie de voir le boeuf".

Réussirais-je à me passer d'un succulent filet mignon par principes?

Très triste

Dans un magasin de chaussures, Bébé Fred s'amuse dans un module de jeu. Un petit garçon d'environ trois ans et demi se joint à lui. Les deux petits se tortillent de gêne devant l'autre. La maman appelle son fils: "Viens Thomas, on va mesurer ton pied!". Mon coeur se tord, je hurle intérieurement que moi aussi, j'ai un Thomas...qui aurait le même âge...s'il était encore avec nous.

Je regarde le petit Thomas d'un oeil autre que s'il s'était appelé Jérémy, Benoît ou Ludovic. Le petit garçon revient vers mon fils. Je les regarde ensemble, considère la tête de différence qui les sépare. Je tente de m'imaginer que si mon Thomas était vivant, il aurait à peu près la taille de son homonyme.

Je souris au petit garçon et me risque par pur égoïsme: "Quel âge as-tu?"

-Ze m'appelle Thomas, qu'il me répond fièrement.

Je lui souris.

"À la maizzon, zai un ssandail avec un camion de pompier. Les pompiers, ils éteignent les feux. Moi ze l'sais pace qu'il y a un camion sur mon ssandail." m'explique-t-il en haussant les épaules avec désinvolture.

Cher petit coeur!

J'aurais bien aimé acheter moi aussi des souliers à mon Thomas pour la rentrée.

Très très triste

Le cancer est revenu s'installer dans la gorge de mon père. Troisième récidive en deux ans et demi. Nous l'avons tous de travers, ce salaud -le cancer, pas mon père-. Il nous fait marcher sur des oeufs. Sournois, il se loge à des endroits qui rendent les traitements difficiles et risqués.

mardi, août 21, 2007

Exploiter ses enfants

Je ne le fais pas assez, quoiqu'en dise Fils Ainé, qui m'a déjà accusée de faire beaucoup d'enfants uniquement afin de pouvoir les utiliser comme esclaves.

La maison est toujours un champ de bataille, j'ai l'impression de ne jamais venir à bout de rien. La table est toujours encombrée de crayons, dessins, jeux de société, Lego, journaux, cannettes vides et personne ne se sent concerné lorsque vient le temps de ramasser ou d'y passer un linge.

Je demande de ranger au fur et à mesure, je répète, soupire, hausse le ton. Désespoir!

Pourquoi les hommes de cette maison ne pensent-ils pas à se ramasser comme ils pensent naturellement à débarrasser leur assiette, vider le lave-vaisselle ou leur vessie ou demander la permission pour sortir de table?

"Je suis fatiguée". C'est moche pour les enfants de toujours entendre leur mère se déclarer fatiguée, mais c'est réellement le cas. Pas de ce genre de fatigue qu'on récupère après un week-end de repos. Non, une profonde fatigue, une lassitude physique dont j'ai l'impression que la fin ne viendra jamais.

Où donc est passée mon énergie d'il n'y a pas si longtemps?

Chaque jour, c'est la même histoire, le même pattern. Puis, un éclair de génie me frappe de temps à autre, chaque fois comme une première fois.

Je fais une liste de tâches pour chacun, la dépose sur la table. Je n'ai qu'à décréter: "Les gaaars!! J'ai faiit une liiste!" Les garçons prennent mes listes très au sérieux, beaucoup plus que mes demandes verbales. Naturellement, ils s'empressent de venir la consulter.

Aller cueillir les tomates rouges au jardin, couper les fleurs mortes, arroser les plantes que leur mère laisse tristement mourir, nettoyer la salle de bain, plier du linge, descendre une brassée, étiquetter eux-mêmes leur matériel scolaire, ramasser tous les jouets qui trainent dans la cour, descendre les sacs de lait dans le frigo du sous-sol.

Quel soulagement de déléguer!

Pourquoi donc est-ce que je n'arrive pas à penser QUOTIDIENNEMENT à faire des listes?

lundi, août 20, 2007

Le génie de l'homme


Voici la solution de l'homme lorsque la femme se résigne à devoir écraser les patates pillées à la main parce qu'elle vient de briser son batteur électrique.

Cliente insatisfaite

Depuis un certain temps, je suis plus que jamais intolérante aux services à la clientèles négligés. Recevoir un mauvais service d'une entreprise que je paie me rend hors de moi.

Je m'arme donc de lettres pour informer les propriétaires des commerces, petits et gros (succursale + cc au siège social), des manquements de leur entreprise en matière de service. Je n'ai jamais reçu de feed-back, mais j'entretiens l'utopie qu'on rectifiera la situation en douce auprès des employés par une meilleure formation et le rappel de quelques règles de base de savoir-vivre.

Il y a deux semaines, déçue et franchement frustrée de la médiocrité du service à la clientèle de la lunetterie où je suis cliente depuis plus de deux ans, j'ai rédigé une lettre relevant tous les manquements des jeunes préposées et informé de ce fait la direction qu'un joli tailleur était nettement insuffisant pour donner de la classe et de la valeur à un service. Encore fallait-il que les demoiselles sous le veston sachent mettre leur ton infantilisant et leur suffisance de côté.

Le service à la clientèle, ce n'est pas qu'une politique appliquée. C'est une question de non-verbal également, de volonté de satisfaire le client, une question d'attitude, de professionnalisme et de diplomatie.

J'ai déballé dans ma longue lettre mes insatisfactions des deux dernières années quant au "service" et j'ai conclus en demandant à l'entreprise de détruire mon dossier puisquue dorénavant, j'offrirais ma loyauté de cliente à la petite lunetterie de mes enfants, dont le service est irréprochable.

Ma lettre n'est pas encore envoyée. J'attendais, pour ce faire, de juger le service au moment où j'irais chercher mes lunettes réparées.

J'ai reçu de la jeune opticienne un service hors-pair. Elle a même pris l'intitiative de passer sur la garantie -expirée- mes verres égratignés. Mais bon, ça c'est l'opticienne et les lacunes de l'entreprise ne se situent pas là.

Ce qui me fait déchanter, c'est que j'étais quasiment contente d'avoir reçu la vilaine goutte d'eau en matière de service qui a fait déborder mon vase de tolérance personnel il y a deux semaines. Cela me permettait de prendre la décision définitive de quitter cette entreprise en dépit du service professionnel reçu par les opticiennes et les optométristes.

À présent qu'un service si parfait m'a été livré à la dernière minute, voilà que je suis hésitante à envoyer mon incisive lettre. Toutefois, il le faut. Recevoir un bon service de l'opticienne n'absout pas de leur médiocrité le service des préposées à l'accueil.

Tant pis pour les employés compétents que je laisse de côté.

vendredi, août 17, 2007

Le jour où votre dignité de parent s'effondre

Vous l'avez tous connu ce jour où vous avez l'air d'un parent négligent, indigne, qui n'a pas à coeur le bien de sa progéniture.

En fin d'après-midi, un jour, fatiguée et susceptible, vous n'avez pas nécessairement envie de vous faire dire par la coiffeuse que votre fils, "Oh! Mon Dieu!", fait du chapeau, comme s'il était affligé d'une maladie contagieuse que vous aviez honteusement négligé de soigner. Vous n'avez pas pas envie non plus de vous faire dire que "Oh boy chère! Tu devrais consulter une orthophoniste, il n'est pas normal qu'un enfant de presque deux ans parle si peu."

Vous avez bien sûr tenté de lui expliquer que les enfants étaient tous différents et que votre fils savait tout à fait exprimer ses besoins, pour elle, il n'y avait que l'urgence de consulter pour les carences de votre enfant pour lequel votre négligence risque de compromettre le développement. Et pas question de l'obstiner, elle le savait, elle, car son fils consultait actuellement pour le même problème.

Elle était donc très au fait de la chose. Vous vous êtes tue et avez laissé parler. S'il y a une chose que vous détestez, c'est de vous justifier. Inutile de lui parler de vos autres enfants qui ont apprivoisé le langage chacun à leur rythme, y compris celui qui avait réellement un retard de langage qu'il a rattrapé très rapidement une fois qu'il a découvert le bonheur, la puissance et le potentiel des mots.

Vous la guettez faire le tour d'oreille et à chaque coup de ciseau, vous anticipez le "Oh mon Dieu, comme cet enfant a les oreilles sales!". Était-ce votre persuasif silence, le commentaire ne vint pas.

Habituellement, vous savez vous amuser des commentaires scandalisés, mais ce jour-là, vous n'avez pas envie de vous faire renoter vos épouvantables manquements de mère.

En rentrant en voiture, vous songez à toutes ces fois où vos enfants ont eu l'air de vivre dans une famille d'une déconcertante négligence.

***

Vous vous remémorez d'abord cette fois où, en rentrant à la maison, votre fils, alors âgé de huit ans, jouait l'entêté qui emmerde et provoque tout le monde. Il n'avait pas cessé ses niaiseries durant tout le trajet malgré vos nombreux avertissements.

Vous aviez alors menacé de le faire et vous l'avez fait: vous vous êtes arrêtés sur le bord de la route à un kilomètre de la maison pour le faire descendre, le sommant de rentrer à pieds. Dès que vous aviez avancé la voiture pour repartir, il s'était mis à pleurer et vous aviez imposé des conditions pour le faire rembarquer. Il vous en avait voulu, mais il s'était tenu tranquille lors des trajets subséquents.

***

Vous songez également à cette fois où, à l'urgence de l'hôpital, vous expliquiez en toute honnêteté la fracture de votre enfant (alors âgé de cinq ans): "C'est son père qui lui a fait ça".

Devant les yeux horrifiés du médecin, vous aviez fourni une précision: "C'était un accident. Votre fils a pris son père par surprise par derrière en lui sautant à la ceinture. Sous le poids de l'enfant toujours suspendu à sa taille, le père a basculé et est tombé assis sur le tibia du fils. Malheureusement, ça a fait "crac"".

Avait-il été sceptique, ce médecin. Combien d'histoires semblables sur de soi-disant "accidents" avait-il entendues? Étiez-vous, à ses yeux, une mère émotionnellement fragile qui prend la défense du conjoint violent?

***

Encore une fois, dans une salle d'urgence, une infirmière vous passa d'un ton méprisant le commentaire à l'endroit de Bébé: "Madame, si j'étais vous, je lui mettrais ses sandales."

Surtout, ne pas vous justifier. La justification suggère la position de défensive d'un parent moyen qui cherche à préserver sa dignité. Laisser simplement parler. Vous savez que le "manquement" est isolé et pris hors contexte. Il n'a donc pas de valeur réelle, même s'il vous coûte l'impression d'avoir de graves lacunes parentales. Simplement vous satisfaire de votre propre appréciation de votre qualité de mère.

-Je suis tout à fait d'accord avec vous, madame. Si je les avais eues avec moi, j'aurais aussi jugé bon de les lui mettre, lui répondez-vous avec une fermeté désinvolte.

(Vous songez avec amusement au ridicule de la situation où, dans le brouhaha du départ, Bébé était allé rejoindre ses frères dans la voiture et vous l'aviez installé dans son banc en déduisant qu'il avait, fidèle à son habitude, enlevé ses sandales dans la voiture pour vous rendre compte une fois à l'hôpital qu'il n'en était rien).

***

Vous songez à cet après-midi où, en promenade avec un de vos fils (alors âgé de 4 ans), un homme vous intercepta pour demander au fils pourquoi il avait le bras plâtré. Votre fils vous avait alors regardée, vous suppliant des yeux de répondre pour lui à cette redondante question et ledit inconnu avait refusé obstinément d'entendre toute réponse sortant de votre bouche. Il exigeait de l'enfant intimidé une réponse, vraisemblablement persuadé qu'il avait devant lui un enfant battu (alors qu'il était en fait simplement à la fois le plus téméraire et le plus fragile de la gang).

***

Bien sûr, vous vous remémorez toutes ces fois où vous avez téléphoné à Info-Santé pour mentionner les petits symptômes accompagnant la fièvre à l'infirmière, qui ne manqua pas de vous faire sentir impitoyablement indigne parce que vous aviez administré de l'acétominophène à votre petiot fièvreux sans avoir pris la peine de prendre la température avec un thermomètre. Ma foi, quelle honte! Une main maternelle, ça n'a rien de précis pour déceler la nécessité de l'acétominophène!

***

Vous songez également à ces quelques fois où votre enfant est rentré de l'école avec une note à l'agenda vous priant d'envoyer votre marmot à l'école avec des mitaines. Vous vous souvenez alors avoir déglutit de travers devant la honte dont votre enfant avait osé vous couvrir parce que le matin-même, devant votre insistance pour qu'il enfile ses mitaines, il vous avait répondu en vous fuyant que oui-oui, il les avait dans ses poches.

***

Il y aura toujours une situation où, parce qu'on ne peut juger vos capacités parentales qu'à partir de ce cas isolé, on vous estimera parent carencé. Exactement comme il vous arrive de le faire vous aussi envers ces parents qui vous semblent dont limités dans leurs capacités.

Plus vous y pensez, et plus vous vous dites qu'on se sort difficilement de cette malheureusement chaîne de jugements gratuits.

mercredi, août 15, 2007

...ça vous retombera assurément sur les pieds!

Je me suis fait réveiller ce matin par un Fils Aîné exigeant des explications sur le vernis rouge pétant ornant joliment ses ongles d'orteils. Comme si la coupable de cette blague de mauvais goût était ipso facto son honorable et si tendre maman!

Je me frottai les yeux pour être en mesure d'apprécier l'objet de la plainte de mon fils. Je dois l'admettre, le rouge contrastait étonnamment au bout de ses longues jambes poilues.

Fils Aîné, de nature impétueuse, travaillait fort pour retenir le traître sourire qui enlevait de la crédibilité à sa colère.

"C'est bien mieux de partir à l'eau!" trancha-t-il candidement en tournant les talons.

J'entendis le robinet de la salle de bain s'ouvrir. "Mamaaaan, ça ne part pas!", me cria-t-il, découragé, de l'autre bout de la maison.

Il revint me voir, bien déterminé à obtenir un moyen de faire partir cette horreur féminine sur ses illustres pieds.

"Tu n'as pas le choix, lui répondis-je faussement désolée, il faut attendre que tes ongles poussent. D'ici deux ou trois semaines, tout devrait être rentré dans l'ordre".

La panique s'installa dans ses yeux.

"Fils, je comptais inviter ton meilleur ami pour déjeuner" l'informais-je, baveuse.

Se sachant l'objet d'une épouvantable raillerie, il plissa les yeux et m'avertit que sa vengeance allait être terrible, puis il disparut.

J'entendis avec joie les fous rires de ses frères. De la cuisine, il me lança un: "En tout cas, si tu t'imagines que tu vas prendre mes pieds en photo, c'est NON! Jamais de la vie!!"

Je semai le doute dans son esprit: et si c'était déjà fait?

Inquiet, il se rua sur la caméra et y chercha toute éventuelle photo compromettante à effacer, puis il vint me supplier (bon, le mot est un peu fort...FA ne s'abaisserait pas à supplier) de lui dire se trouvait la photo sur mon ordinateur.

Grand-Homme lui proposa l'adresse suivante: http://grande-dame.blogspot.com/ . La terreur assombrit le visage du pauvre adolescent et il se rua sur l'ordinateur pour s'assurer que son honneur était sauf.

Je tentai de conclure un marché avec lui: il me laisse prendre en photo ses ravissants orteils et je lui donne l'antidote à son humiliation.

À mon grand étonnement, il refusa. C'était pourtant un deal honnête. Munie de cet argument-choc qui le fait toujours sourire, je ne manquai pas de lui rappeler que mon vilain tour n'avait pas de conséquences permanentes, contrairement aux vergetures irréversibles que LUI m'a causées quand il était dans mon ventre.

Il tenta à son tour de marchander: je lui offre l'antidote et il m'épargne sa vengeance.

Je le laissai macérer encore un peu, puis lui avouai le pourquoi de mon geste: j'en ai marre de l'entendre qualifier à qui mieux-mieux ses frères de gais.

Dans ma jeunesse, les gars, dans leur profonde quête de virilité, se traitaient de moumoune, tapette, fif, fille pour chaque pseudo-réaction "indigne" d'un homme.

De nos jours, l'homosexualité est à l'honneur. Après les "Maaan'! T'es laid!", "T'es naze!", "T'es full gai 'man!", c'est in, chez les jeunes, de se qualifier d'homosexuel.

Fils Aîné prend un malin plaisir à dessiner ses frères en fille, leur mettant du rouge à lèvres et des fleurs dans les cheveux. Le qualificatif "gai" est suspendu à plusieurs lèvres juvéniles ici. L'insulte suprême s'ensuit toujours d'une suite plaintive de "Noooon, je suis PAS GAI. Mamaaaan, il l'a encore dit, il fait exprès..."

Je ne suis plus ca-pa-ble.

J'ai rassemblé la fratrie ce matin, ai attiré l'attention sur la coquetterie pédestre de l'aîné. Dorénavant, celui que je prends à chercher à offenser ses frères de la sorte devra avoir ses orteils à l'oeil durant la nuit.

Crachez en l'air...

Note à mes éventuels lecteurs gais: Vous comprendrez que je n'associe pas de facto homosexualité à parures féminines. L'idée de mon geste était plutôt d'affubler mon aîné d'une parure féminine à l'image de ce que LUI inflige à ses frères dans ses moqueries.

mardi, août 14, 2007

Discussion d'allée

Après être passée chercher mon bonhomme à la garderie, je m'arrêtai à l'épicerie pour quelques achats de dernière minute.

En marchant de mon pas pressé habituel, je croisai une dame dont le visage m'était familier. Je vis dans son oeil la même lueur de "pense-vite", mais ne nous reconnaissant pas, nous continuâmes chacune notre chemin.

Puis, croisant un de ses fils qui la suivait, je reconnus l'ami de Grand-Charme et m'exclamai: "Tiens! Bonjour Ami!"

-Oh, regarde maman, c'est la maman de Grand-Charme!

La dame se retourna alors pour me saluer chaleureusement. Une fois les convenances polies échangées, j'osai: "Madame, ça fait longtemps que je souhaite vous revoir pour vous dire quelque chose."

La gentille dame se mit visiblement en mode "réceptivité".

"Vous êtes musulmane. (Elle acquiesça de ses beaux grands yeux verts empreints de bonté). Lorsque mon fils est décédé, nous ne nous connaissions pas du tout. Pourtant, vous avez pris la peine de me téléphoner pour me parler et offrir vos sympathies à ma famille. Grand-Charme a beaucoup d'amis, mais les deux seules mamans qui ont pris la peine de venir vers nous sont vous et..."

Elle me nomma doucement le nom de l'autre maman Algérienne. J'acquiesçai à mon tour.

-La plupart des autres mamans nous connaissaient déjà. Dans notre culture, peu de gens, à moins d'être des proches, auraient osé faire une chose pareille. La mort rend les gens mal à l'aise. Je voulais vous dire à quel point j'avais été touchée que vous ayez pris la peine de nous téléphoner. Je me suis demandé souvent si le naturel et le respect avec lequel vous m'avez abordée était culturel...

La jeune femme m'expliqua: "Dans notre culture, quand quelqu'un vit un drame comme celui-là, tout le monde apporte son soutien. Si je vous avais connu ne serait-ce qu'un peu plus, il aurait été naturel que je vienne chez vous faire votre ménage, m'occuper des autres enfants ou préparer vos repas."

Puis, elle me parla de sa tante, très éprouvée par la mort de son fils de vingt-cinq ans tué par des gredins contre lesquels il tenta de se défendre et de sa mère qui, chaque année, durant les trois premières semaines d'août, allait aider la tante qui revivait le calvaire des trois semaines de souffrance qui ont précédé la mort de son fils.

Elle s'est enquérit de notre état émotif aujourd'hui, puis nous fûmes interrompues par l'ami de Grand-Charme, qui me faisait remarquer que Bébé était en train d'enlever la pellicule plastique de mon paquet de veau.

Je réitérai à la dame ma gratitude pour son geste de sollicitude, puis elle conclut en me disant: "Faites-moi plaisir, Madame, arrêtez-donc prendre un café".

-Ce serait avec joie.

Je lui souris, puis saluai ses garçons.

Vous aurez deviné que je venais de rencontrer
cette femme.

lundi, août 13, 2007

Casse-tête fleuri

Quelques cultivars d'échinacées.


Un péché mignon olfactif: les lys orientaux.

Mystérieuse onagre.


Sur l'avant-dernière photo, on peut facilement sentir l'âme des nuits fleuries de Cricri.


Et la dernière, mon coup de coeur. Regardez qui s'y pointe...

samedi, août 11, 2007

Parce que je me soucie

J'ai vécu une dure épreuve avec la mort de mon fils. La mort de Thomas est une amputation qui me définira jusqu'à la fin de mes jours.

D'autres parents vivent d'autres drames avec leurs enfants: sentiment d'impuissance face aux choix de leur progéniture (drogue, violence, attitude de victime, mensonge, fugue, etc), maladie (accompagner son enfant dans la souffrance de la maladie, quelle impuissance!), handicaps permanents, conflits non réglés qui les privent du bonheur qu'apportent des enfants, troubles de comportements graves, etc.

Chacun apprend à vivre avec son drame personnel. Se soucier des autres sollicite beaucoup de nous-même quand on aime. Peut-on aimer plus démesurément, plus inconditionnellement que son enfant?

Je pense énormément à la petite Cédrika, disparue depuis le 31 juillet dernier. Je pense aussi à ses parents, assurément fous d'inquiétude. Quand on apprend que son enfant est mort, c'est la fin de notre monde, puis on essaie de se reconstruire. Quand on ne sait pas OÙ est notre enfant et que l'on ne peut qu'envisager, c'est d'un tout autre ordre.

Cette disparition me rentre dedans. Quand il arrive quelque chose à un enfant, ça nous sollicite tous profondément. Quand on est parent, on pense illico : "Et si c'était le mien?"

En route pour Québec hier, nous nous sommes arrêtés pour dîner à Trois-Rivières. Partout, sur les poteaux, les portes des commerces, des affiches de Cédrika. L'inquiétude pour cette petite mobilise la communauté, tous les commerçants se font un devoir de coopérer.

Aux nouvelles ces derniers jours, des centaines de bénévoles ont contribué à des battues à Trois-Rivières à la recherche d'indices permettant de trouver la petite Cédrika. Ce genre de geste me remue les tripes: pleins de gens venus de partout, certains qui ont pris congé pour venir donner un coup de main à la police et la famille car ils ne peuvent se résigner à ne rien faire.

La solidarité est un sentiment (doublement quand il est appuyé par des gestes) qui me rend fière d'être humaine, de faire partie de la race.

Comme beaucoup de mes pairs, j'angoisse à l'idée de ce qu'il est advenu de cette petite fille. La police enquête toujours dans sa ville de disparition, mais il est tellement facile d'envisager qu'elle n'y soit plus depuis longtemps!

J'ai fait le calcul: au Québec, nous sommes sept millions et demi d'individus. Si on prend juste la tranche des 15-65 ans, ça fait presque cinq millions d'individus potentiellement capables de donner un coup de main. Si on prenait juste 10% de tous ces gens, ça ferait tout de même près de 500 000 personnes qui seraient en mesure de fouiller dans leur quartier les boisés avoisinants, les berges, les terrains vagues.

Ça me désole énormément que la plupart de ces gens soient du potentiel inutilisé qui ne font que se désoler dans leur salon, impuissants et probablement persuadés qu'ils ne peuvent rien faire.

Si un de mes enfants disparaissait, j'apprécierais que la population se mobilise pour m'aider à le retrouver, même à plus de 100 km de chez moi. Je me dirais que l'union fait la force et j'aurais envie de croire que de cette façon, on aurait plus de chances d'arriver à un résultat.

C'est pour cette raison que cet après-midi, même si je me sentais un brin ridicule, j'ai pris une heure pour aller explorer l'immense champs aux herbes hyper hautes de mon quartier en ayant l'impression de faire quelque chose de possiblement utile. Il faut nécessairement que cette petite Cédrika soit quelque part. Et si ce quelque part était accessible aux résidents d'un quartier -le vôtre?

Je vous ai déjà prévenu que j'étais une idéaliste.

Note: en cherchant un format de photo correct de Cédrika sur le web, je suis tombée sur des forums de discussions où des gens spéculent sur l'issue de cette histoire. J'ai même lu une ÉPAISSE (vous me verrez rarement considérer quelqu'un de ce qualificatif) qui déplorait le fait que "le père de Cédrika n'ait même pas l'air triste à la télévision, que si ELLE, ça lui arrivait, elle aurait indéniablement les yeux bouffis".

Vraiment, c'est le genre de jugement gratuit qui me rend hors de moi. Cette femme qui préfère se désoler et porter des jugements sur des forums de discussion n'a visiblement jamais connu d'état de choc, ignore tout des grandes douleurs qui nous aspirent à l'intérieur de nous-même. Quand on vit une terrible épreuve comme celle-ci, me semble que la dernière affaire dont on ait besoin, c'est des jugements stupides et handicapés comme celui-là. J'ai envie de gifler quelqu'un moi là....

Marché conclu

"La crevette, c'est le fruit de la mer, on la fait au barbecue, bouillie, grillée, rôtie, sautée. T’as la crevette kebab, la crevette créole, le gombo de crevette, à la planche, à la vapeur, en sauce. Tu fais l'avocat crevette, la crevette citron, la crevette à l'ail, la crevette au poivre. Soupe de crevette, le ragoût de crevette, la salade de crevette, le cocktail de crevette, le hamburger de crevette, le sandwich crevette... Ah, c'est à peu près tout!"

-Ah oui? Chez nous, il y a la tomate. Beaucoup de tomates. La tomate, c'est le fruit du jardin. Il y a le sandwich aux tomates, la salade de tomates, la tomate en guacamole, la tomate en sauce, la tomate étuvée, la tomate farcie, le boeuf aux tomates, les tomates dans les hamgurgers, la soupe aux tomates, le jus de tomates, la tomate dans le taboulé.

Même que la semaine dernière, mon frère a rapporté à maman que mon autre frère avait pris une tomate dans un de ses plants et qu'il l'avait lancée dans la rue parce qu'il ne voulait pas la manger. Maman était fâchée, elle l'a chicané. Le problème, c'est qu'il y a encore plein de tomates dans le jardin de maman et que moi, je déteste les tomates.





-Ah oui? Je sens qu'on va bien s'entendre tous les deux. Si tu veux, je t'initie aux crevettes.

-Marché conclu.

jeudi, août 09, 2007

La technologie, c'est pas toujours cool


Je suis musicalement nostalgique ce soir.

En regardant un vieux clip d'On the turning away, sur lequel j'ai tellement usé ma voix avec ma meilleure amie, je me suis souvenu des shows de mon adolescence et de ma jeune vingtaine, où tout le monde sortait son briquet en guise de contribution lumineuse et où tous les petits feux scintillaient dans le noir, créant de ce geste un effet sans pareil.

La multitude de petites flammes, c'était magique! Tout le monde avait sa flamme d'une main et son joint de l'autre, qu'on partageait volontiers avec son voisin sans le connaître puisqu'il nous offrait si gentiment son feu.

Les Hip, Shawn Philips, Levellers, Jesus and Mary Chain, l'âme de ces shows avait un quelque chose de doublement puissant par l'énergie du feu.

Le dernier gros show auquel je suis allée me pâmer, c'était celui de mon précieux Bob (Dylan). Mon voisin de spectacle m'avait prêté son cellulaire (début de l'ère du cell) pour partager mon euphorie avec mon frère, qui ne connaissait rien au monument du folk et qui m'avait souhaité poliment une bonne fin de soirée.

Il y eut bien quelques artistes québécois revus depuis, mais à ma profonde désolation, plus de petites flammes!

Ce qui est in, c'est de brandir dans les airs son cellulaire en guise de flamme.

Je suis désormais rétrograde: jamais je ne sortirai mon cellulaire pour apporter ma contribution lumineuse à un show.

Un cellulaire n'a même pas d'âme. C'est carrément froid.

Brrr.

lundi, août 06, 2007

Ramasseuse thématique


Avez-vous déjà remarqué qu'un couple est quasi toujours constitué d'un "ramasseux" et d'un "réquisitionneur" d'espace exaspéré par l'attachement affectif de l'autre à n'importe quoi?

En ce qui me concerne, je me déclare gestionnaire en quête d'espace qui tente régulièrement de convaincre son homme de se départir de son énorme et inutile boîte de boîtes de jeux d'ordinateurs ou de sa collection de désuets macarons ("Oui mais la valeeeur sentimentaaaale, qu'en fais-tu?")

Pour moi...

Bidules de cuisine inutilisés? Out!

Vêtements trop petits, usés ou défraîchis? Out!

Meuble ramasse-cochonneries? Out!

Surplus d'inventaires divers que l'on garde "au cas"? Out!

Quantité ahurissante de sacs à dos qui pourront éventuellement être utilisés le jour où l'un des innombrables autres sacs à dos sera désuet? Out!

Quantité désespérante de boîtes de notes de cours, de bricolages d'enfants que l'on garde "parce que c'est intéressant" et "parce que c'est mignon"...iiiii....on peut au moins faire une sélection?

Je n'aime pas les garde-robes surchargés, les espaces débordants de traîneries où l'on peine à circuler. J'étouffe, j'ai besoin d'espace! J'ai besoin de grandes pièces aérées!

Je me suis mise au ménage progressif de différents meubles, garde-robes, boîtes. Mon besoin d'assurer une certaine constance entre ce qui entre et ce qui sort de la maison est maintenant biaisée par les souvenirs émotifs liés à des objets sans importance, mais auxquels je réussis à trouver un lien indirect avec le passage de Thomas:

Je ne porterai probablement plus jamais cette robe rouge de maternité...mais c'est celle que je portais le Noël où j'étais enceinte de Thomas...

Je ne porte que très rarement ce jeans qui ne me plaît plus vraiment...mais c'est celui que j'ai porté le plus souvent l'été où nous avons été en Gaspésie avec Thomas...

Cette poussette double qui prend tant de place et qui est brisée...quel espace on libérerait si on s'en départissait... mais Thomas était si heureux de nous voir la sortir, il aimait tant y faire des promenades...

Cette boîte à biscuit en métal tout-ce-qu'il-y-a-de-plus-ordinaire, je pourrais certes la remplacer par une plus grande et plus jolie, mais jamais je ne pourrai me séparer de celle-ci. Thomas mettait tant de coeur et de volonté à l'atteindre du bout des orteils en réclamant ses "Cui-cui mamaaan, cuiii-cuiiii!!!"

Plusieurs objets symboliques porteurs de sens ou de souvenirs me font malgré moi devenir une...hmm...disons, une ramasseuse thématique?

Narcissique

Voilà ce que je suis ce soir. Quel velours d'entendre un de mes textes lu aussi impeccablement à la radio!

Je suis grandement flattée!

(Pour l'écouter, cliquer sur l'icône de synthonisation de L'écrit du blog, 14h sur la grille de programmation de Journal Infime. L'extrait se trouve à 46 minutes et 4 secondes.

jeudi, août 02, 2007

Pas à pas

Je vous ai parlé il y a quelques mois de la chambre vide.

Depuis une semaine, elle ne l'est plus. Nous avons déménagé Bébé dans la chambre de Thomas.

Ce fut étrange d'y accueillir à nouveau la vie après que le dernier qui y ait passé la nuit y fut retrouvé sans vie le lendemain. Briser la glace. Pour nous rendre au test ultime que constitue le fait de laisser à nouveau un de nos bébés dormir loin de nous, il fallut d'abord déplacer des souvenirs: les lampes de poches en forme d'animaux de Thomas, ses petites sandales, les dernières couches achetées pour lui, son dernier bricolage, son coffre de souvenirs. Relire les cartes des funérailles, étouffer quelques sanglots, puis s'offrir le luxe de les légitimer.

Ce fut certes remuant pour nous de déplacer les meubles intouchés depuis près de dix-sept mois, de changer la configuration de cette pièce pour une organisation spatiale "post-Thomas".

La pièce, déjà petite, est surchargée car émotivement, nous ne sommes pas arrivés à défaire le lit de Thomas. Nous avons fait ce pas parce que je ne pouvais plus tolérer Bébé dans notre espace amoureux.

Voilà donc une semaine que Bébé s'approprie tranquillement la chambre de ce frère qu'il n'a eu le temps que de croiser sur le chemin de la vie. La désignation de cette pièce est encore irrégulière. Tantôt, elle est désignée comme étant la chambre de Thomas, tantôt comme étant celle de Frédéric et parfois, pour épargner notre coeur, comme étant celle de "Frédéric...et de Thomas". J'imagine que le transfert finira par se faire entièrement (snif).

Tranquillement, réorganiser les vestiges physiques du passage d'un membre de la famille parti "ailleurs". Délicate entreprise que celle-ci: trouver un moment où les deux parents se sentent d'attaque. Ne rien brusquer. Arriver à sentir de l'intérieur que de réorganiser l'espace ne signifie pas vouloir effacer la trace d'un court mais important passage.

Un manipulateur honnête

Grand-Charme et Coco sont installés à table pour la construction des deux nouveaux kits de Lego Star Wars reçus par ce dernier pour son anniversaire.

Grand-Charme met soudainement en garde son frère: "Là, Coco, ils (la fratrie) vont tous essayer de te faire du chantage pour t'échanger les meilleures pièces de tes nouveaux Lego. Oublie pas, c'est à toi, tu leur dis "non".

Décelant l'astuce, je valide avec mon ratoureux: "Hmm, si je comprends bien Grand-Charme, t'es en train de t'assurer que Coco réserve les meilleures pièces pour toi..."

"Mais non, pas du tout!" me répond naturellement Grand-Charme, "Je le mets simplement en garde contre contre le chantage qu'on lui fera tous, y compris le mien!"

N'est-ce pas là une lucidité à l'état pur?

Histoire de trous...

Histoire à prendre par le bon bout !

Branle-bas de combat dans la maisonnée: l’heure du départ arrive pour une petite excursion cinématographique familiale. Chacun fini sa préparation et, comme à l’habitude, réquisitionne un bout d’une salle de bain déjà contingentée. Pas du tout inquiété par une quelconque offense à la pudeur, voire à la puanteur, Coco s’installe sur le trône, chassant les autres occupants d’un malaise malodorant.

- Dépêche toi, Coco, dit maman.

Mais il est de tradition pour Coco de dialoguer sur la toilette avec quiconque passe par là, à son nauséabond malheur. Au désespoir de ses interlocuteurs, il ponctue ses phrases de « mmmmmm » forcés, accompagnés du froncement de sourcils traditionnel, qui trahissent son occupation parallèle. Et, comme par peur de voir la famille s’en aller sans lui, il appelle sa maman au loin en lui jetant une superficielle interrogation par delà le couloir.

- Tais-toi et dépêche de sortir, c’est l’heure de partir Coco.

- Oui, mais maman

Grand homme, impatient de pouvoir lui aussi profiter de ce lieu d’aisance, ordonne de son ton sec :

- Coco. Dépêche-toi de sortir.

- Oui mais c’est que… Est-ce que

- Coco. Arrête de parler et dépêche-toi de sortir.

- Oui, m

- Aie ! Un seul orifice à la fois !

L’air hébété, incertain du mot utilisé mais persuadé du sens à lui donner, Coco se tait et se force, tant au sens propre que figuré, pour finir rapidement sa besogne biologique. Satisfait du succès de sa réplique, Grand-Homme, suffisant, croise le regard stupéfait et surpris de son amoureuse qui hésite entre indignation et fou rire.

mercredi, août 01, 2007

Sur les ondes

J'ai le grand plaisir de vous annoncer que de courts extraits de mes textes publiés ici seront lus dans le cadre de l’émission « Journal Infime » présentée sur les ondes de La Première de la RSR (Radio Suisse-Romande) le lundi 6 août 07 entre 14h et 15h.

Radio Suisse Romande

Émission Journal infime

Bien entendu, ces extraits seront disponibles sur le site de l'émission (chronique L'Écrit du blog).

Beau velours pour l'ego.

Cinq ans plus tard


Voilà cinq ans que cette chenille est attendue chez moi. Mes asclépiades, plantées il y a cinq ans, visaient à attirer les monarques pour qu'ils y pondent leurs oeufs.

Chaque année, je scrute mes plants avec l'espoir avoué d'y trouver des chenilles, mais en vain.

Cette année, trop occupée à surveiller d'éventuels boutons de fleurs sur ma clématite (voisine de mon asclépiade), j'ai raté l'arrivée de ma visite si attendue!

Il y a quelques jours, j'ai trouvé UNE seule chenille dans UNE seule de mes asclépiades. Je comprends mal comment une seule d'entre elles a pu aboutir ici puisque les femelles monarques pondent généralement des centaines d'oeufs sur un même plant. N'empêche, je suis vraiment heureuse, je l'attends depuis si longtemps!

Le but (pour moi) de cette plante dans mon paysage floral est de laisser les oeufs y éclorent et les petites chenilles dévorer son feuillage jusqu'à la formation des chrysalides qui deviendront ces superbes papillons.

Les feuilles de mon plant sont presqu'entièrement dévorées par cette unique toute belle. Cela me laisse perplexe toutefois: à elle seule, dévorer tant de feuilles?

Chaque jour, je vais l'observer dévorer le feuillage de ce plant que je lui lègue avec le plus grand plaisir. Elle est magnifique, parfaite, délicate. J'espère ne pas la rater le jour où elle deviendra un sublime papillon.

PS. Voilà deux monarques que je vois ces deux derniers jours....Ses frères? L'an dernier, j'avais trouvé une chenille de monarque visiblement égarée dans le persil du jardin. Or, ces chenilles se nourrissent exclusivement du latex produit dans toutes les parties de l'asclépiades. En bonne samaritaine, je l'avais déménagée sur la bonne plante, mais elle a refusé de la manger. Une marginale.