jeudi, décembre 28, 2006

L'avantage du nombre

Vacances des Fêtes, cinq enfants en permanence dans la maison.

Les moussaillons ont encore été trop gâtés cette année. Je n'en finis plus de ramasser papiers, livrets d'instructions, étiquettes, cochonneries diverses sur le plancher. Les Dollo-cochonneries inventées juste pour nuire à l'ordre minimal d'une maison (et à la santé mentale des parents), les babioles cheap du marché aux puces, les trucs bizarres qui fonctionnent juste dans le mode d'emploi, pas capable.

Les poubelles se remplissent vite et les enfants ne réalisent heureusement pas la disparition subite de certains éléments indésirables.

Enfants surexcités et étourdissants, pleurnichage, obstination, chicanes interminables entre Douceur et Petit Caractère et par le fait-même, mère à bout de nerfs.

Heureusement que Grand Charme s'occupe de Bébé. Ils ne se lâchent pas ces deux-là depuis le début du congé. Je ne peux désormais plus consoler mon quadrupède, ce sont les bras de Grand Charme qu'il réclame en le suivant rapidement partout et en s'agrippant à lui très fort. Grand Charme le trimballe sur sa hanche comme une petite mère.

Là, nous les avons tous mis à la porte pour un silence jouissif dans la maison. Bébé dort, Grand Homme l'accompagne tandis que les grands jouent dehors.

Le silence est orgasmique.

Je fais un peu de ménage dans le bureau.

Je jette un oeil par la fenêtre et souris: sur le flanc ouest de la butte du rond-point, un grand fort. Sur le flanc est, un fort un peu plus ordinaire.

Derrière le Fort du Flanc Ouest, quatre garçons se partageant deux pelles fortifient le fort. Deux d'entre eux montent la garde et lancent des balles de neige. Le fort s'érige deux fois plus vite que le chez le clan ennemi et de loin, on croirait presque qu'ils sont solidaires.

Derrière le fort du Flanc Est, les deux morveux du voisinage -qui semblent raisonnables aujourd'hui- tentent tant bien que mal de fournir en réfection des murs et approvisionnement en munitions.

En faisant front à mes quatre turbulents garnements, ils me donnent un break, alors je suis indulgente.

C'est assez incroyable: voilà une heure que tout ce beau monde est dehors et personne n'est encore rentré rapporter.

Je suis assez fière de ma gang, qui je dois le dire, a plutôt tendance habituellement à se morceller devant l'ennemi. Mon aîné, particulièrement, qui n'hésite généralement pas à vendre l'âme de ses frères pour soutirer un peu d'argent au diable.

Je termine ce billet et voilà ma Douceur qui va s'étendre de tout son long sur un rempart ennemi en discutant avec les belligérants au travail.

La guerre est peut-être terminée. Merde. Et mon break dans tout ça?

mardi, décembre 26, 2006

L'Oeuvre

Une maman (celle-là même qui savoure à l'instant son porto dans une de ces magnifiques coupes à porto fraîchement reçues pour Noël) a six savoureux petits garçons. Il y a près de dix mois, elle en a perdu un. Le drame de ses trente-deux automnes. Elle vous a parlé de son chagrin, de la magnificience de ce petit homme envolé, de son lien avec son papa, de la façon dont elle continue de construire autour de sa douleur pour continuer de mettre un pied devant l'autre vers ses aspirations.

Dans la famille, la vie se poursuit. Malgré le vide laissé par le départ d'un petit membre à part entière. La famille continue de prendre ses repas autour de cette très grande table. Les enfants continuent de s'obstiner, de s'insulter, de se donner des coups de pieds sous la table en accusant l'autre d'avoir commencé. Tous attablés, les membres de cette famille continuent de faire leurs devoirs, de faire des devinettes aux repas, d'écouter les anecdotes des uns et les exagérations des autres.

Noël approche. La mère confie à une artiste qu'elle tient en grand estime la préparation de l'essentiel présent à toute la famille: un symbole qui rayonnera sur les repas, sur les jeux à table. Un symbole qui frappera tous ceux qui entreront dans leur demeure. Un symbole qui représentera en force la présence du petit garçon dans le coeur de tous les membres de cette famille.

La mère rencontre l'artiste, avec qui elle avait déjà travaillé et dont elle avait été bouleversée par l'intensité et la force d'évocation des oeuvres parsemant l'atelier.

La mère s'ouvre sur l'histoire du petit garçon, raconte sa personnalité, ses habitudes, ses intérêts, la déchirure de la famille. Elle partage vidéo, photos, objets précieux et symboliques. La mère livre l'âme de son fils pour que l'artiste s'en imprègne. Elle prend bien soin de parler à l'artiste de l'intensité du regard de son fils, de l'ultra-conscience qui était livrée chaque fois que ses yeux se posaient sur d'autres yeux. Telle une éponge, l'artiste absorbe. Avec intérêt, respect, attention, sensibilité, elle écoute.

Quelques semaines passent. La mère reçoit un mail. L'oeuvre est prête.

La mère est anxieuse, sent l'émotivité au ras de tout. Elle va à la rencontre
du Symbole. Solennellement, elle retient son souffle.

***

La mère est subjuguée, bouleversée, habitée par une gratitude infinie. Elle est complètement sous la puissance de l'Oeuvre. Elle est anxieuse à l'idée que cette dernière n'atteigne pas son homme de la même manière. Pourtant, elle ne se peut plus de partager l'intensité de ce présent avec son amoureux.

Toutefois, chose incroyable, elle surmonte son impétuosité et patiente. Elle désire attendre LE bon moment.

Celui-ci finit par arriver un matin où son homme sort du bain. Elle enferme son amoureux dans le bureau le temps qu'elle installe l'Oeuvre.

Quelques minutes plus tard, elle vient chercher son homme, le prend par la main. L'homme ne sait pas trop à quoi s'attendre. Il avance vers l'inconnu.

Il arrive devant l'immense Oeuvre, s'arrête net. Silence, immobilité. Il est ébloui par l'intensité devant lui, par la force d'évocation de l'Oeuvre. L'homme est en recueillement, en fascination, en émerveillement devant ce qu'il voit.

La femme est silencieuse, respecte le Moment, la Communion des regards.

L'homme est bouleversé. Lentement, il s'approche, effleure des doigts l'une des toiles et demande à son amoureuse comment une artiste qui ne connaissait pas son fils a pu reproduire avec autant de précision le regard de son enfant, comment elle a pu introduire dans son oeuvre une troisième dimension, qui est celle de l'âme.

La mère sourit. Elle est soulagée que l'Oeuvre ait fait vibrer le coeur du père, elle est heureuse de voir cette Oeuvre magnifique rayonner sur la salle à manger, elle est enchantée, touchée, honorée qu'il ait existé dans son entourage une artiste possédant la sensibilité, la profondeur et le talent de rendre la lucidité et l'intensité du regard de son enfant envolé et que désormais, ce regard rayonnera à nouveau sur tous les membres de la famille.

La femme ne se souvient plus quel auteur a déclaré qu'un chef d'oeuvre littéraire n'était rien d'autre qu'un dictionnaire en désordre, mais elle se dit quelque chose de semblable pour une oeuvre: une oeuvre artistique n'est qu'un ensemble de lignes, de courbes, de texture et de couleur réunis, mais qui, rassemblés d'une façon précise donnent une harmonie parfaite, suggèrent une émotion, évoquent un visage et dans ce cas précis, des références symboliques, mais également la force d'un regard grandement aimé.


Lorsque de pareilles émotions nous tordent le bas-ventre devant quelque chose d'apparemment inanimé, lorsque le coeur nous chavire autant devant un ensemble de lignes, courbes, couleurs, on peut penser que l'artiste a une grande valeur et que son Oeuvre est divinement réussie.

samedi, décembre 23, 2006

Heureuses Fêtes!



Sous le gui, je vous embrasse et vous souhaite à toutes et tous de très heureuses Fêtes auprès de ceux que vous aimez!

Fantasme de garage

Non, ce billet ne portera pas sur les calendriers qui font le bonheur des garagistes. Il concerne plutôt des fantasmes enfantins... qui n'ont absolument rien de sexuel, je le précise.

Depuis Toy Story II, l'Événement le plus attendu ici est incontestablement la vente de garage. Y a pas à dire, ce film date, mais la vente de garage a toujours un attrait indéfectible et tenace pour mes enfants. Chaque année, je refuse de nombreuses demandes.

Une vente de garage, pour eux, c'est la possibilité de faire des affaires et de négocier malgré leur jeune âge. C'est la possibilité de faire du cash pour acheter de nouveaux jouets. C'est la possibilité de s'installer au coin de la rue, de vendre de la limonade et de se débarasser de nos vieilleries en accueillant les gens sur NOTRE terrain. Wow.

Oh, ils se sont déjà installés devant notre maison avec quelques babioles en attendant les rares passants. En vain. Bénéfice net: 0$. Mais ils persistent et réclament L'Événement.

Ce qui leur manque, c'est l'appui de leur mère, la coordination et le marketing qui ne vient pas et qu'ils espèrent viscéralement malgré tout.

Je leur ai maintes fois expliqué que d'organiser une vente de débarras était un de mes pires cauchemars, que j'étais bien trop orgueilleuse pour installer mes vieilleries au coin de la rue pour les présenter à mes voisins, que je n'étais pas assez ramasseuse pour avoir suffisamment de stock pour faire une vente de garage qui ait du sex-appeal et que de toute façon, quand j'avais quelque chose dont je voulais me débarasser, j'allais le porter directement à la St-Vincent-de-Paul. Pas question d'accumuler, mon espace est trop précieux.

Rien à faire. Le fantasme de la vente de garage dure, perdure et fait boule de neige.

***

Je vais border un soir mes mousquetaires. J'arrive dans la chambre de Petit Caractère et de Douceur. Je m'installe dans le cadre de porte et observe leur organisation. Ils sont couchés sur le plancher avec leur tas de couverture et d'oreillers près de la trappe à chauffage (un de leur grands plaisirs l'hiver).

Je peux à peine circuler autour de l'île de couvertures.

Grande-Dame -Les gars, c'est épouvantable. Il y a des Légo et des jouets PARTOUT dans votre chambre. On a de la misère à circuler!

Petit Caractère -C'est à cause de Douceur.

Douceur - C'est pas vrai, c'est à cause de Petit Caractère, il niaise toujours au lieu de ranger. Moi, j'ai fait ma part.

Grande-Dame -Les gars, ça n'a aucun bon sens: vous avez demandé un tas de Légo pour Noël et vous n'arrivez même pas à ranger ceux que vous avez déjà!

Douceur -Il faudrait peut-être qu'on organise une vente de garage. Comme ça, on pourrait vendre les jouets qu'on n'utilise plus et s'acheter de nouveaux Légo. Et ça ne traînerait plus sur le plancher.

Petit Caractère, compassif devant l'ignorance de son grand frère -Douceur, on ne PEUT pas faire une vente de garage, on N'A PAS de garage.

Douceur (le ridiculisant)-Ben ouiiii Petit Caractère, on peut faire une vente de garage , tout le monde peut faire une vente de garage!

Petit Caractère (haussant le ton devant l'entêtement de son frère) -TU COMPRENDS PAS. On peut PAAAS. (gesticulant pour mieux articuler sa pensée). Quand on A un garage, on PEUT, nous on peut PAS, parce que, hein, ça s'appelle une vente de GARAGE.

Je suis toujours dans le cadre de porte et les écoute en souriant. Chers cocos!

Douceur -Mamaaaan! C'est vrai qu'on a le droit de faire une vente de garage nous aussi hein, dis-lui!

Grande-Dame -C'est vrai, même ceux qui n'ont pas de garage ont le droit d'en faire....

Petit Caractère soupire, Douceur prend son air satisfait et triomphant: "Booon, tu vois".

***

Voilà l'aspect législatif réglé. Va-t-on finir par m'avoir à l'usure à l'exécutif? ........Naa!

jeudi, décembre 21, 2006

J'ai entendu

Une de mes pires craintes après avoir perdu mon fils était celle d'oublier. Pas de l'oublier lui, pas d'oublier son court passage parmi nous, pas d'oublier des anecdotes, mais plutôt oublier plusieurs de ces petits traits de couleurs qui caractérisent un individu.

Je craignais de ne plus voir aussi clairement dans ma tête la façon si particulière qu'il avait d'enjamber la marche qui mène au bureau, juste au moment où sa jambe se soulevait et faisait instantanément descendre son jeans pour dévoiler le haut de sa couche.

Ou alors l'illumination dans ses yeux lorsque j'approchais à sa portée le bocal de Triopps après qu'il m'eût demandé "A Mousch, a mousch" en pointant les minuscules poissons qu'il voulait observer de plus près (et que je m'évertuais à lui dire que ce n'étaient pas des mouches, mais des petits poissons).

Je craignais de ne plus entendre aussi clairement sa voix rauque et pleurnicharde qui nous appelait doucement la nuit lorsqu'il réclamait son lait.

Ou alors son rire, ou encore son réflexe de partir à la course se cacher lorsqu'il avait fait une bêtise et qu'il entendait des pas d'adultes vers le lieu du crime. Ou encore la façon qu'il avait de tenter de retourner ma tête vers lui avec ses petites mains en pleurant lorsque je lui tournais le dos dans notre lit le matin, ou alors la façon qu'il avait d'étirer son cou pour tendre les lèvres vers son père endormi en quête du bisou matinal.

L'image de ses beaux cheveux si fins qui volaient lorsqu'il courait ou que son papa le tenait la tête en bas tandis qu'ils riaient tous les deux du bonheur du moment, je dois maintenant me concentrer pour m'y replonger avec les détails, les contextes, les voix, les rires, la façon de pleurer.

Certaines images sont gravées dans le coeur, mais pour d'autres, cela demande un effort considérable de les entretenir pour éviter qu'elles ne pâlissent, pour éviter qu'elles ne se perdent.

Quand on a une vie si courte, on tente de rassembler tout ce qui est récupérable pour reconstituer son histoire, pour pouvoir l'immortaliser, la sceller, pour la rendre accessible sur support (j'écris, j'écris!) pour la partager avec le bébé frère qui n'aura pas de souvenirs de son aîné.

Je peux aisément me souvenir des voix de certaines personnes que je n'ai pas vues depuis des mois, mais pour mon fils, par moments, cela s'estompe, ça me chagrine de devoir faire le vide autour de moi pour entendre sa voix, ses intonations clairement dans ma tête.

Cela me cause problème, car je n'ai pas toujours le temps et le contexte idéal pour m'immerger dans mes souvenirs avec mon fils, pour valider et revalider avec ma mémoire la définition de certaines précieuses images, certaines expressions ou habitudes qu'il avait.

Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, je n'ai pas eu besoin de fournir d'efforts, c'est arrivé tout seul: j'étais installée confortablement sur la causeuse et je lisais en sachant très bien que j'allais m'endormir.

Entre deux "états", j'ai entendu clairement la voix de Thomas dans un souvenir dont tous les détails étaient précis. C'était comme si je revivais ce moment une deuxième fois.

Nous étions dans un restaurant mon amoureux, Thomas et notre bébé de trois mois. C'était donc environ deux mois avant le décès de Thomas.

J'étais installée à une table avec les deux petits. Bébé dormait dans son siège et Thomas était assis dans la chaise haute. Mon homme devait venir nous rejoindre. Thomas se balançait gaiement dans sa chaise et a aperçu son père au loin. Aussitôt, il s'est mis à le suivre des yeux.

Mon homme s'approchait et Thomas le suivait toujours. Je sentais mon bonhomme impatient que papa revienne à la table. À quelques tables de nous, mon homme s'est arrêté et s'est mis à discuter avec des collègues qu'il n'avait pas vus depuis son congé parental.

Thomas, observant d'abord en silence son père discuter, puis validant auprès de moi "papa?" ("oui mon Amour, papa va revenir"), finit par ne plus se pouvoir d'attendre et s'était mis à appeler dans le restaurant: "Papa! Papaaa! Pa-paaa!"

Mais papa était absorbé par sa discussion et n'entendait pas la quête de son fils. Thomas avait donc posé ses deux mains sur les bords de la chaise haute, avait raidit ses bras pour soulever ses fesses et se remonter. Il criait de plus bel, reprenant son souffle à chaque "papaaa!!".

Je commençais à être embarassée, n'étant pas très tolérante devant les enfants qui crient dans les endroits publics, mais la scène m'avait tout de même charmée. De voir la détermination que mon fils avait de se faire remarquer par son papa, d'obtenir un seul regard lui disant "oui, je t'ai entendu, je serai près de toi dans un instant" me touchait. Il aimait tellement son papa, mon petit homme!

Thomas ne lâchait pas son papa des yeux, insistait, le réclamait en élevant le ton à chaque demande non répondue, complètement insouciant des gens autour. Il n'avait qu'un objectif: rapatrier son père près de lui.

Entre deux états, donc, confortable et les yeux fermés, tout était clair: ces incessants "papaaa, paaaa-paaaa, PA-PAAAA!", cette façon de se redresser, de se dandiner à gauche et à droite dans la chaise haute en appelant, cette attention sur l'objet de sa convoitise, ces magnifiques cheveux qui volent au gré de ses dandinements, son intonation, sa belle voix d'enfant.

Et voilà. Comme ça, gratis. Sans efforts. Il était là. Tellement vivant!

mardi, décembre 19, 2006

Un ange, moi? Hm, mère d'ange, oui!



J'adore la lenteur de cette photo. On dirait presque je ne suis pas une fille stressée...

J'aime bien parfois me faire des accroires!


lundi, décembre 18, 2006

Réflexion maternelle

Voilà trois jours que nous donnons à Petit Caractère au Coconut son médicament pour soigner sa pneumonie.

J'observe mon petit garçon de cinq ans et me dis tristement que si notre Thomas n'avait pas attrapé ce sale streptocoque, il s'en serait tiré lui aussi comme son frère, avec les yeux cernés, les joues creuses et une vilaine toux. Il s'en serait tiré avec une simple pneumonie. Qui se soigne.

Nous nous serions probablement battus chaque matin avec lui pour qu'il avale la dose, nous aurions pesté devant son refus de la prendre. Nous aurions peut-être lâché un "Merde, Thomas!". Ou peut-être même un "Sacrament, Thomas" alors qu'il aurait fait le bacon les lèvres serrées.

Puis nous en serions venus à bout. Il aurait, lui aussi, pris du mieux. Le streptocoque n'aurait pas pu le tuer à cette vitesse folle. Thomas aurait soufflé ses deux bougies.

Et il fêterait Noël avec nous cette année.

dimanche, décembre 17, 2006

Éponges à pub

Notre lave-vaisselle est en train de nous lâcher. Ma santé mentale ne peut tolérer le problème très longtemps.

Nous partons aujourd'hui avec la gang zieuter modèles et prix.

Suicidaire, vous dites, de magasiner avec cinq enfants une semaine avant Noël? Vous n'avez pas tort, mais tel n'est pas l'objet de mon billet.

Nous faisons donc plusieurs magasins de meubles, sans compter les autres arrêts nécessaires. Premier arrêt essentiel: Brault et Martineault.

Mon homme et moi évaluons les modèles tandis que les mousquetaires circulent gaiement dans les allées et/ou s'installent confortablement dans les divans face aux écrans géants.

En sortant du magasin, Petit Caractère, galant, nous tient la porte en chantonnant: "Chez Brault et Martineault, on S'OCCUPE de vous".

Embarquons la gang dans la van puis direction magasin suivant.

Petit Caractère -On va où là maman?

Grande-Dame- Chez Corbeil

Petit Caractère, chantonnant -LE spé-cia-liste de l'élec-tro-mé-na-ger, c'est Cor-beil!

Nous finalisons les courses, revenons à la maison, installons les lumières de Noël, soupons.

Les enfants s'amusent (et s'insultent, et se chamaillent, et viennent rapporter, et pleurnichent que ce n'est pas juste parce que...(ce n'est jamais juste ici de toute façon)...).

Puis c'est l'heure du dodo. J'envoie ma Douceur et Petit Caractère au brossage de dents.

En s'élançant vers la salle de bain, Petit Caractère chantonne avec enthousiasme: "Grouuupe Quali-net pour un tra-vail sans re-touche!"

Nous n'écoutons pas la télé ici.

Mes éponges à pub, elles prennent ça où?

samedi, décembre 16, 2006

Une autre époque

La famille est en voiture, direction le Vieux-Port. Les cinq garçons sont installés. Nous avons préparé un pic-nic d'hiver qu'on mangera sur place avant d'aller voir les feux d'artifice et le show du violoneux.

On roule. J'aime ces moments. On écoute de la musique, on chante un peu. Fa la la, les garçons sont calmes mais joyeux.

Mon Homme zappe à la radio. On tombe sur La Bolduc. Il monte le volume, on sourit devant les textes et la gaîté à tout rompre du personnage.

Grand Charme, heureux de la reconnaître, s'exclame: "C'est Mary Poppins!!"

On sourit. "Non Grand Charme, c'est La Bolduc, une chanteuse qui a été très célèbre au Québec durant les années 30".

Mon Homme nous explique que pour amorcer ses cours d'histoire sur la crise économique, il faisait écouter La Bolduc à ses élèves.

Grégory trippe (comme toujours) dans sa bulle à la radio et nous propose une autre tune de la Bolduc. On est aussi crampés devant les textes, le style. Ça rend joyeux. Ça contraste avec l'époque.

Ma Douceur de sept ans allume enfin: "Aaah! Je l'sais maman c'est qui! C'est Pinocchio!"

Je souris: "Non Loulou, ce n'est pas Pinocchio. C'est La Bolduc!"

Vraiment, vraiment une autre époque.

jeudi, décembre 14, 2006

Les appâts de la garderie

La garderie de mon fils offre du plaisir pour tous les âges. "Multi-âges", qu'on dit.

Le matin, je vais y conduire mon Chouchounet de quatorze mois. Ses trois frères aînés l'ont précédé dans la fréquentation de cet important -et attrayant établissement.

Les pères adorent cette garderie. C'est que la gardienne -oh pardon, l'éducatrice, quelques fois par semaine, partage son abyssal galbe avec sa clientèle.

Et quel galbe! Un appétissant galbe qui donne envie de dévorer l'abondante chair si joliment offerte. Je n'ai jamais osé lui faire le commentaire, mais il est vraiment magnifique.

Tous les hommes apprécient le sens du partage de l'éducatrice (et j'avoue que cette générosité m'impressionne aussi grandement).

Je demeurai suprise, un jour, d'entendre le mari lancer publiquement son appréciation d'une façon peu subtile des généreux attributs de sa femme.

***

Il y eut ensuite un sympathique papa qui osa, lorsqu'il croisa mon homme dans l'entrée de la garderie un jour de Profond Décolleté, lui faire un petit sourire entendu en demandant à l'éducatrice si c'était une journée spéciale, genre fête des Pères. Il attendit la réaction de la Dame. Elle prit alors un air candide de vierge offensée en cherchant à dissimuler l'abîme sans fond.

***

Un matin, ébahi de sa découverte, mon Petit caractère s'exclama, en ressortant du tas de vêtements à plier mon splendide (et minuscule) soutien-gorge rouge : "Oooh! Mamaaan! M-J en a un PAREIIIL!!"

Je restai plantée dans le passage à regarder mon fils de cinq ans faire tournoyer au-dessus de sa tête mon flamboyant soutien-gorge les yeux ronds de bonheur de me trouver un point (quasi) commun avec son éducatrice.

En arrivant à la garderie ce matin-là, je pris volontairement mon air de parent offensé qui se voit dans la malencontreuse obligation de mettre ses gants blancs pour aborder une question délicate.

Après avoir laissé mon fils aller rejoindre ses amies, je dûs prendre le taureau par les cornes : "Écoute M-J... Je... Je suis un peu mal à l'aise... mais je dois discuter d'une chose avec toi... " (j'emplis mes poumons d'un air que je laissai sortir en soupirant péniblement).

Le regard de l'éducatrice s'assombrit. Elle était visiblement inquiète. Elle posa une main sur son abondante poitrine et attendit en prenant son souffle elle aussi.

Je poursuivis: "...(soupir) Il s'est passé quelque chose à la maison ce matin...."

M-J, la main toujours sur sa poitrine -Tu commences à me faire peur... Qu'est-ce qui se passe? (attendant nerveusement le couperet).

Je pris une grande respiration et me lançai: "Écouteee... Ce matin, Petit Caractère m'a rapporté quelque chose de... plutôt... inhabituel...et inquiétant..."

L'éducatrice, appréhendant le pire : "...qqquoiii?..."

Je poursuivis en prenant soin de déglutir avec crédibilité : "Il... il a repéré mon... plus beau soutien-gorge...rouge... en s'émerveillant du fait que tu...en avais un...pareil au mien" (je soupirai de soulagement de l'avoir enfin verbalisé).

L'éducatrice, sans mots, reposant pudiquement la main sur sa poitrine en cherchant rapidement de quoi se justifier : "Écoute Grande-Dame je... Je... Je ne comprends pas, je ..." (haussement d'épaule traduisant sa profonde et sincère impuissance).

Candidement, j'osai: "Est-ce que... tu es... toujours habillée devant mes enfants?"

Répliquant aussitôt: "Oh oui, oui, je suis toujours habillée! Je ne sais pas quoi te dire... Je sais pas comment il a pu voir un de mes soutiens-gorges... Honnêtement (haussement d'épaule)... Écoute, ça me rend mal à l'aise..."

Je retins mon rire, c'était si adorable de la voir patauger dans la recherche des mots justes allant l'innocenter. Mais bon, en piètre comédienne que je suis, je ne pus continuer à garder mon sérieux très longtemps. J'éclatai de rire et lui avouai que c'était ok, que je n'allais pas porter plainte au CPE. Moqueuse, je lui souris. Soulagée, elle posa sa main sur l'Opulence à nouveau.

***

Un autre admirateur manifeste régulièrement son appréciation des gargantuesques attributs de l'éducatrice. Il s'agit de mon quadrupède, grand amateur de poitrines féminines (habituellement, toutefois, à une échelle plus modeste).

Cet enfant -allaité, il va sans dire, a l'habitude, lorsque je le prends contre moi, de laisser reposer une de ses menottes à l'intérieur de mon chandail. Il a transposé cette habitude avec toutes les représentantes de la gent féminine. Aussitôt dans les bras de l'éducatrice, son réflexe opère, enclenchant certainement un brin d'envie chez certains individus et leurs inhibitions obligées.

***

Finalement, cela a certainement des avantages pour les femmes comme moi, particulièrement les soirs où je n'ai vraiment pas envie de me taper la tournée de la garderie et du service de garde.

Grande-Dame à son amoureux -C'est toi qui va chercher les enfants ce soir?

Grand Homme, grimaçant -Ah noon, j'ai eu une dure journée!

Grande-Dame -Moi aussi. Et je dois préparer le souper.

Soupir de Grand Homme.

Grande-Dame, découragée de devoir insister-S'il-te-plaît (yeux doux).

Grimace de Grand Homme.

Grande-Dame, lui faisant le coup du scoop alléchant -Elle portait un décolleté assez intéressant (kekling kekling!!) ce matin...

Re-soupir de Grand Homme. Hésitation peu convainquante. Oh. Reddition d'homme soumis -C'est bon. Je vais encooore céder.

mercredi, décembre 13, 2006

Rock'n roll, entraide et pauvreté

Ma Douceur, semaine dernière, alors que je le borde: "Maman, moi je connais DEUX pauvres: papa, et une fille au camp de jour cet été. Elle était tellement pauvre que son papa ne pouvait même pas payer le camp de jour et ça coûtait juste trois dollars!"

-Ça ne veut rien dire Loulou. Souvent, les gens n'ont pas d'argent sur eux, mais ils ont de l'argent à la banque. Et puis la pauvreté, c'est relatif, ça dépend de notre façon de considérer les choses. Crois-tu qu'on est pauvres, nous?

-Ben...nous, on n'est pas pauvres, on n'est pas riches, on ne manque de rien (je souris en reconnaissant mes propres paroles).

-Quand penses-tu que l'on commence à devenir pauvre: quand on n'a plus d'argent pour payer sa maison, quand on n'a plus d'argent pour se payer de la nourriture ou quand on n'a pas d'argent pour partir en voyage ?

-Ben... Les trois.

-Tu vois, ça dépend. Si on considère que ne pas avoir d'argent pour partir en voyage signifie que l'on est pauvre, alors on est pauvres nous aussi.

Grands yeux inquiets de Douceur: "On est PAUVRES?"

-Est-ce qu'on est malheureux?

(...)

***

Ce week-end, ma mère a préparé minutieusement deux boîtes de Noël avec des provisions pour son ex gendre. Elle m'a donné de l'argent afin que je puisse compléter les boîtes avec des gâteries, des provisions diverses manquant au panier initial. Puis, elle a glissé une enveloppe contenant un petit montant d'argent. Juste ce qu'il faut pour pouvoir payer un compte, faire une épicerie ou un plein d'essence.

Ce geste m'a touchée car je sais trop bien que quand on est dans la dèche, chaque sou compte et nous cause des angoisses épouvantables. Ça m'a touchée qu'elle se sente concernée par les soucis de quelqu'un qui ne fait plus vraiment partie de sa famille, mais qui demeure tout de même le père de ses quatre premiers petits-fils et à qui elle offre toujours sa considération.

"Tant qu'à aider des gens que je ne connais pas, je vais faire ma propre Guignolée dans mon entourage", a-t-elle dit.

Lorsque les garçons sont arrivés de chez leur père dimanche soir, ils ont su instinctivement que les trois boîtes de bouffe dans l'entrée étaient pour leur papa. Ils étaient emballés, soulagés, ravis pour leur père.

Ils se sont mis à fouiller dans les boîtes: "Oh papa, regarde, tu es chanceux, tu as des chips!", "Oh papa, tu as un gâteau!", "Papa-papa-papa (en lui brandissant dans le visage la boîte de Turtles), tu as du chocolat!".

Mes enfants connaissent les soucis de leur père et sont d'une indulgence étonnante. La simplicité involontaire dans toute sa splendeur, ils la partagent avec lui. Ce sont eux qui donnent de petites tapes dans le dos.

Le père en question est reparti touché, lui aussi, qu'on ait pu avoir ce geste à son égard.

***

Mon Grand Charme, cette semaine, alors que je le borde: "Maman, Laetitia, elle était vraiment étonnée que papa puisse avoir besoin d'un panier de Noël."

-Pourquoi?

-Ben, parce qu'elle me connait.

-Et alors?

-Ben, elle ne savait pas qu'elle connaissait quelqu'un qui connaît quelqu'un qui en reçoit un...

-Ça t'étonne toi?

-Non. (haussement d'épaule) Moi je suis juste content pour papa. Elle est gentille, grand-maman. Combien il y avait d'argent dans l'enveloppe?

-Cinquante dollars. Une enveloppe pour papa et une enveloppe pour nous.

-Maman?

-Hm?

-Est-ce qu'on a mille dollars dans notre compte de banque?

-Non.

(soudainement inquiet)

-Mais...mais...on est PAUVRES??

-Tu sais Grand Charme, ça roule tout le temps l'argent. Une paye est déposée, on a l'impression qu'on a un petit coussin, puis on paie tous les comptes (énumération), l'hypothèque, la bouffe, l'essence, la garderie et ensuite il ne reste plus rien et on doit attendre la prochaine paie.

(grimaçant, appréhendant la réponse) -Mais on est pauvres alors?

-On n'est pas pas riches, pas pauvres, mais on ne manque de rien. Tu sais, on a déjà reçu des paniers de Noël nous aussi. Cette année, on en aura pas, alors on aide ceux qui en ont plus besoin que nous.

(soudainement lucide) -C'est pour ça que tu prépares des repas à papa le vendredi...

Je souris, admirative devant la sensibilité et la délicatesse de mon fils de neuf ans: "Tu te souviens quand Thomas est mort? Papa a été très présent, il est venu s'occuper de vous, il faisait notre ménage et nos repas. Il était très triste lui aussi, mais il savait qu'on avait encore plus de peine que lui alors il nous a aidé sans rien dire.

Là on essaie de le soutenir un peu nous aussi."

Grand Charme sourit et remonte sa courtepointe sous son menton.

Je pense qu'il est satisfait.

lundi, décembre 11, 2006

Défunte perfection

Il y eut un temps où j'étais une femme parfaite. Avec du recul, c'était le moi que je préfèrais.

Vous savez, le genre de femme idéale: qui gère bien son stress, toujours positive, pas susceptible pour une cenne, drôle, légère, constante, organisée, solide, pas orgueilleuse. Bon d'accord, juste un peu orgueilleuse. À peine.

Et contrairement à la majorité de filles abonnées par défaut au standard féminin en règle, jamais je ne m'étais plaint de mon corps.

Si je le faisais, c'était avec légèreté, en rigolant autour d'une (ou deux ou trois) bouteille de vin avec ma gang de copines lorsque l'incontournable sujet des seins arrivait sur la table.

Puis, le temps a fait son oeuvre (le salaud! Puis-je lui refiler la facture?). Et subitement, comme si un karma de béton me tombait dessus, j'ai commencé à payer. Cher. J'ai même l'impression qu'on m'a rajouté des intérêts.

Moi qui m'étais toujours vantée d'être une fille extraordinaire qui brillait par son absence de SPM (je veux bien admettre qu'avec mon abondante progéniture, je n'ai pas toujours eu la chance de me mettre à l'épreuve, mais bon...) qui n'infligeait pas ses humeurs exécrables à son entourage, voilà que je dis ceci: on finit toujours par payer.

Angoisses, perpétuelles remises en question, susceptibilité, insécurité, orgueil. Je pourrais presque affirmer qu'on m'a attribué, en plus de mon orgueil, celui d'une ou deux autres personnes. Il m'arrive d'être découragée, état assez exceptionnel chez mon moi d'antan. Je pleure, aussi.

Pas que ce soit répréhensible de pleurer, simplement que je suis plus émotive. La fille qui braille, dans le modèle féminin de base, ça aussi, je l'avais évité. Et ça aussi, ça m'a rattrapée.

Avoir su que ces acquis étaient volatiles, je me serais fait des provisions d'insouciance pour les mauvais jours.

samedi, décembre 09, 2006

Magnifique

Les mains solides de ce père endeuillé qui se posent sur les épaules de son fils de treize ans lors d'un rituel religieux près de l'urne de la jeune fille.

*

La lueur de vie et de complicité dans les yeux de mon père lorsqu'il joue de la guitare ou de l'accordéon et que son regard croise le mien.

*

Les fesses (et les yeux, et les mains, et l'humour, et la sagacité, et la délicatesse...) de mon Homme

*

Mon bonhomme de quatorze mois qui réclame de prendre la photo trônant à côté de l'urne de son grand frère, que je la lui tends et qu'il fait des "Ooh!", des "Aah!!" et de grands yeux ronds en pointant le minois de son frère et en s'approchant pour lui offrir de magnifiques baisers plein de bave. Lorsqu'il hurle de contrariété tandis que je lui enlève la photo, j'aime croire qu'un attachement sera possible à son aîné même s'il n'est plus un petit garçon tangible.

*

Le piano à quatre mains avec mon professeur.

*

Le rire de mes enfants

*

Voir mes enfants s'entraider, se soutenir.


*

Voir mon Grand Charme de neuf ans aller lire une histoire à ses petits frères et leur apporter son cochon d'Inde pour qu'ils puissent l'embrasser avant de dormir.

*

Le bien-être intérieur lorsque je marche en montagne

*

La solidarité

*

L'amitié

vendredi, décembre 08, 2006

Prendre le démon par les cornes

C'est plus puissant que de prendre le taureau, ne pensez-vous pas?

Nous avons donc pris nos propres démons par les cornes hier soir. Nous tenions à aller offrir nos sympathies et notre soutien aux parents endeuillés.

En pénétrant dans la chapelle -la même que celle qui a accueilli notre enfant neuf mois plus tôt, nous avons été à la fois confrontés à notre propre deuil tout en étant pris d'une entière empathie pour ces parents. Nous étions passés de l'autre côté du miroir. Du côté de l'impuissance.

Comme pour Thomas, un diaporama présentait l'honorée du jour: une jeune fille de seize ans exquise, une superbe rousse qui semblait plein de joie de vivre, appréciée de tous.

Des dizaines d'ados défaits se serraient dans leurs bras, la mère endeuillée prenaient les ami-e-s de sa fille chérie contre son coeur et les ami-e-s offraient à la fois chagrin et réconfort à la maman. Bouleversant de voir cette magnifique cohésion dans la douleur.

Mes proches me l'avaient dit, il n'existe pas de mot assez puissant pour réconforter. On offre juste ce que l'on peut et le silence peut aussi faire la job.

Avais-je l'air aussi démollie? Non, moi j'étais absente d'esprit, ailleurs, dans une autre dimension, froide, complètement gelée. J'avais probablement l'air aucunement maternel de ne pas pleurer -où aurais-je puisé mes larmes de toute façon, mon stock étant épuisé? J'étais vidée, amputée d'une partie de moi-même.

Dans "l'après-Thomas", nous avons cherché à entendre des parents qui avaient vécu cette amputation. Nous avions besoin de leur voix, de leurs oreilles, leur compassion, leurs mots. Besoin de savoir qu'on pouvait encore continuer d'exister.

Nous avions -et avons encore besoin d'eux pour valider certains aspects du deuil:

Allons-nous oublier sa voix, ses habitudes, sa façon de bouger, ses expressions?

Est-ce déloyal envers notre fils de continuer à faire l'amour intensément -pire encore, d'y prendre plaisir?

Est-ce déloyal de rire encore ou de lui en vouloir atrocement d'être parti en nous laissant nous démerder seuls avec tout ce chagrin?

Pourquoi la force de mon amour pour lui n'a-t-elle pas été suffisante pour m'achever illico lorsque son coeur s'est arrêté de battre? J'ai toujours pensé que pour me protéger de cette infâme douleur, mon coeur choisirait de se saborder...

Par solidarité, par compassion, égoïstement pour nous-même également, c'était naturel de prendre le démon par les cornes et d'offrir à notre tour oreilles et voix.

Un courant de révolte m'a traversée en quittant la chapelle. Une révolte contre l'impossibilité de certitude de permanence. N'est-ce pas révoltant de ne jamais pouvoir avoir la certitude que ce que l'on construit et envisage pour l'avenir pourrait être permanent?

Cette mère regardait probablement sa fille en se disant combien elle était magnifique, combien elle était fière d'elle, combien elle était pleine de potentiel. La jeune fille avait peut-être déjà envisagé son choix de programme pour le cégep, des plans de voyages, des projets définis...

Tout n'est garant de rien! Tout peut basculer à tout moment. Et c'est ainsi que cela doit se passer. Cette incertitude devrait nous immuniser contre cette vilaine tendance à tout prendre pour acquis.

Avant de pousser les deuxièmes portes de la chapelle, j'ai aperçu cette dame âgée et distinguée. J'ai eu envie de lui parler. Je lui ai dit que nous avions perdu notre fils de 23 mois neuf mois plus tôt et que nous avions apprécié sa gentillesse de s'être occupée de notre bébé de cinq mois tandis que nous prenions un moment avec Thomas.

En fin de soirée, après l'exposition de Thomas, nous avons demandé à tout le monde de quitter. Nous sommes demeurés seuls mon homme et moi avec Thomas et Bébé.

Mon amoureux avait apporté son violon, j'avais apporté mon accordéon. Nous nous apprêtions à jouer à notre fils, pour une dernière fois, les airs qui le faisaient danser.

À ce moment, Bébé s'était mis à bougonner et la dame était entrée discrètement dans la chapelle, avait proposé de s'occuper de lui pour nous laisser seuls avec notre musique, nos aurevoirs, notre peine et notre fils.

Elle était ressortie avec le bougonneux aussi discrètement et nous avons joué. Solennellement, en réprimant des larmes, et en laissant couler des litres d'autres, nous lui avons offert ce qu'il subsistait de nous-mêmes.

La dame nous avait permis de dépasser l'heure de fermeture et n'était pas venue interrompre ce moment solennel.

Hier, nous l'avons remerciée. Elle a fait le tour de son comptoir pour venir prendre ma main dans les siennes et me frotter chaleureusement le bras, pour nous demander comment nous allions et nous signifier qu'elle avait parlé de nous à des gens la semaine dernière.

Ça m'a touchée. Cette personne qui ne nous connaît pas, qui voit défiler de trop nombreuses familles chaque semaine, s'était souvenu de nous.

Elle a refusé nos remerciements pour s'être occupé de notre Bébé, nous a avoué qu'elle s'était fait plaisir à elle-même.

J'ai béni cette femme pour son empathie et sa délicatesse, et nous sommes repartis.

Ce matin, nous y retournons. C'est le jour des funérailles.

jeudi, décembre 07, 2006

Bienheureuses bulles

Un changement de tête peut parfois adoucir des vagues à l'âme et des quêtes émotives inassouvies. Temporairement, du moins. On peut dire aussi "ça change le mal de place".

Dans ces moments, une visite chez la coiffeuse est bienvenue. Pour à peu près le même prix qu'une visite chez la psy ou un souper en amoureux au resto.

Ma coiffeuse m'attend. C'est une journée de fou dans une semaine de fou. J'adore ces moments d'arrêt où je ne peux me sauver et suis donc obligée de relaxer: massothérapeute (qui voudrait s'en sauver?), dentiste (j'adore!), esthéticienne, psy.

Chez la coiffeuse, je m'arrête aussi. Toute activité cérébrale devient heureusement inutile.

Coiffeuse -Bonjour Grande-Dame!

Grande-Dame -Bonjouuur!

Coiffeuse -Accroche ton manteau (...) Mon Dieu que t'es maigre! Comment ça va?

Grande-Dame -Ça va...

Coiffeuse m'attend près du lavabo.

Coiffeuse -Tu étais fatiguée la dernière fois, est-ce que ça va mieux?

Grande-Dame -Hm.. (je réfléchis) J'essaie d'être plus zen, de mieux gérer mon stress. Je m'en impose beaucoup...

Coiffeuse - C'est sûr hein, tu as eu six enfants... (lave, fait mousser, frotte) Me semble que t'es pâle!!! (un peu achalée) Tu te maquilles pas??

Grande-Dame- Un peu. Ça ne paraît pas? (je souris)

(Je change de chaise, Coiffeuse me suit)

Grande-Dame -Tu dois être très occupée avant les Fêtes...

Coiffeuse -C'est sûr, j'arrête pas, j'arrête pas, je suis en demande! (haussement d'épaule de fille résignée à son incontrôlable popularité). C'est ça être coiffeuse, hein!

Je regarde la photo de son neveu et sa nièce sur sa tablette: "Oh, ils ont vieilli les jumeaux de ta soeur...(j'ose)...Ta soeur et sa blonde, elles s'appellent les deux "maman"??"

Coiffeuse, un brin offusquée -Ben non! Un enfant a toujours UNE mère!!

Grande-Dame -Bon d'accord, ils ont une mère, mais l'autre, comment elle s'appelle?

Coiffeuse, sur un ton de grande évidence-Ben c'est Manou! Maman et Manou!

Grande-Dame, assumant son ignorance en la matière -Oh, je vois.

De fil en aiguille, je détaille ma rencontre du matin avec la graphiste, qui est aussi artiste peintre. Je lui explique à quel point son talent me séduit, à quel point je suis toujours prise d'émotions en traversant son atelier.

Grande-Dame -Son style me bouleverse entièrement, j'ai le ventre qui se tord en regardant ses toiles, ça me brûle par en-dedans. Ça m'émeut. Oui, c'est ça. C'est tellement beau que ça m'émeut (à simplement en parler, je ressens ce chaos d'émotions).

Coiffeuse grimace -T'es vraiment bizarre.

Grande-Dame, intriguée -Ça ne t'es jamais arrivé d'être émue devant quelque chose de beau? Un paysage, une peinture... Tu sais, je suis une grande amoureuse de Gauguin. Nous avons été il y a deux ans à Boston pour voir une fabuleuse exposition. C'était sublime de voir des oeuvres peintes et sculptées par lui, de reconnaître des toiles dont j'avais déjà lu le contexte émotif précis dans lequel elles avaient été peintes. C'était bouleversant de voir des lettres manuscrites que j'avais déjà lues dans ses carnets, mais de les voir en vrai... De voir les résultats intégraux de ses tortures mentales et ses questionnements artistiques pour illustrer dans son art des émotions, des obsessions viscérales, des techniques...

Coiffeuse -Il est donc bien bizarre ce peintre!

Grande-Dame -Il était obsédé par la peinture, il s'est dépossédé entièrement pour vivre de et pour son obsession. Il a renoncé à son statut social. Il n'était pas bizarre, il était intensément avalé par son art et il s'est assumé jusqu'au bout. Il a même abandonné sa femme et ses cinq enfants pour se consacrer corps et âme à son art. C'est un grand peintre qui a apporté beaucoup au post-impressionnisme!

Coiffeuse, indiscutable - C'est un lâche. Je m'excuse, mais un homme qui abandonne sa femme et ses enfants, ce n'est rien d'autre qu'un lâche. On n'admire pas un homme comme ça.

Grande-Dame, déstabilisée -Euh, de ce point de vue... Euh..oui, c'est triste à dire... Mais pour l'ensemble de son oeuvre (soupir d'admiration).., pour avoir été marginal et avoir osé faire des choses qui il y a un peu plus d'un siècle ne se faisaient.... Enfin, de voir son immense toile peinte jour et nuit alors qu'il était malade...syphilis... (je souris) Il avait des moeurs sexuelles particulières, a eu des expériences homosexuelles et pédophiles...Il a tout écrit, tout décrit, on partage tellement sa perception du monde quand on le lit... C'est magnifique que l'art puisse habiter quelqu'un aussi entièrement.

Coiffeuse, outrée -Ça me dégoûte. Complètement malade ce gars. Franchement!

Grande-Dame, amusée du dégoût de Coiffeuse -Oui, il avait de curieuses obsessions. Enfin...tout ça pour dire que devant son immense toile, à Boston, je suis demeurée émue, le ventre qui se tordait. Je connais les états d'âme qui l'habitaient quand il peignait. J'étais pleine de respect devant la grandeur de l'oeuvre, j'étais touchée, subjuguée. Et j'ai eu envie de pleurer. Je ne voulais plus partir.

Coiffeuse s'arrête net me dévisage: "Ben là. (...) T'es vraiment une fille bizarre (elle secoue la tête). C'est ton genre ça. T'es spirituelle toi!! Voyons donc, avoir envie de pleurer..."

Grande-Dame (sur un ton plus affirmatif qu'interrogatif)-Tu n'as jamais été émue au point d'avoir des papillons dans le ventre...

Coiffeuse me regarde quelques secondes et tente de me ramener sur Terre: "Écoute, je peux te dire que tel cadre est beau ou pas, mais de là à pleurer... (elle secoue la tête de découragement) non. Tu accordes de l'importance à de drôles d'affaires...

La capacité de s'émouvoir ne devrait-elle pas être donnée à tous?

En attendant, je vis intensément ces fascinations artistiques dans ma bulle. Na!

mardi, décembre 05, 2006

Collier de paille, réseautage et crédibilité

Je commence à prendre goût à ces épisodes de réseautage d'affaires.

Tout d'abord, il faut démontrer de l'ouverture aux autres et de l'entregent. Avoir l'air solide et professionnel. Être à l'écoute, audacieux et opportuniste. Mais pour commencer, il faut être présentable ou encore mieux, jolie. J'enfile donc une robe noire class et mon tailleur tout ce qu'il y a de plus chic.

Je me résigne ensuite aux bas de nylon, sachant très bien que même si je quitte la maison avec des bas de nylon intacts, j'arriverai à coup sûr à destination avec des mailles.

Je cherche la délicate chaîne en or offerte par mon amoureux. Honte à moi, aucun des petits coffres à bijoux joliment décorés par mes enfants ne la contient. Je cherche partout, en vain. Merde.

Il n'y a que des colliers faits avec des bouts de pailles colorées, des grosses billes de bois et des animaux en pâte à sel.

Hmm. L'idée me séduit. J'ai vachement envie de l'incongruité...

C'est le genre de fantaisie qui m'amuse : un élément incongru, absurde, pas rapport dans un ensemble cohérent. Je souris par en-dedans en tentant de demeurer sérieuse (quasi impossible) et attends les réactions.

Je m'imagine très bien avec ce collier de pailles coupées afficher mon air forcément pseudo-professionnel serrer la main de mes compatriotes d'affaires tandis que les paires d'yeux déstabilisées de mes interlocuteurs se posent sur mon merveilleux collier sans trop oser de commentaires.

Arrgh, cela me titille!! J'aime observer l'impact de ma façon de me présenter aux gens lors de nos rencontres subséquentes. Par exemple, je sais maintenant qu'à la Chambre de Commerce, je suis "oui oui, celle qui fait de la gestion de courriels et qui a six enfants!".

J'aimerais savoir (parfois à mes risques et périls) si je pourrais maintenant devenir la divine femme en superbe tailleur noir, "vous savez, celle qui avait des mailles à ses bas de nylon et un ri-di-cu-le collier de pailles de plastique ?".

Je tente le coup devant le miroir et suis satisfaite de l'effet coloré dans mon cou. C'est p-a-r-f-a-i-t. Mes enfants seraient si fiers de savoir que je porte réellement les colliers qu'ils m'ont fabriqués avec tant de coeur". C'est délicieusement contrastant.

Je grimace d'envie... mais ce ne sera pas pour aujourd'hui. Je me dois d'être une solide entrepreneure plutôt qu'une excentrique incongrue et sans crédibilité.

Je vais finalement à mon dîner d'affaires le cou nu. Je souris aux gens, je serre des mains, je discute, distribue et empoche des cartes.

Je souris devant la courtoisie et la vitalité des échanges, devant la futilité de d'autres, devant certaines personnes qui cherchent à se donner une contenance encore malhabile (j'en fais assurément partie), devant les discours narcissiques des autres membres (aussi une de mes spécialités), devant le présentateur qui se donne toujours un mal fou à essayer d'être drôle et enthousiaste pour bien refléter le dynamisme économique municipal.

À ma table, des gens sympathiques, stimulants et drôles. Une femme et un homme qui s'offrent des yeux intéressés et doux. Pour illustrer ses propos et en guise d'une évidente complicité professionnelle, l'homme ose glisser ses doigts délicatement dans la nuque de la femme qui rit de plus bel en lui jetant un regard tiers-étonné/tiers pudique/tiers-rrrrwaarr!

Je suis indéniablement une observatrice amusée dans l'univers des tailleurs-cravates.

lundi, décembre 04, 2006

Neuf mois

Voilà neuf mois aujourd'hui que notre Thomas est décédé. Neuf mois plus un jour que j’ai bercé tendrement mon petit garçon brûlant de fièvre sans me douter que c’était la dernière fois. Neuf mois plus un jour qu’il s’est endormi paisiblement dans mes bras et que j’ai été touchée de tant d’abandon à mon égard. Neuf mois. Le symbole temporel de la Vie. Le laps de temps nécessaire pour construire un humain qui deviendra autonome.

Nous avons appris ce matin que la directrice-adjointe de l'école où mon homme enseigne venait de perdre sa fille de seize ans dans un accident de voiture.

C'est bouleversant de connaître trop intensément le calvaire qu'elle et sa famille vivent en ce moment. C'est atroce de savoir que deux parents de plus ont été contaminés par cette insoutenable déchirure qui fera désormais partie de leur histoire et de leur quotidien.

La vie est un guess. On investit temps, amour, espoirs dans un enfant et on ignore si tout ça nous filera entre les doigts ou si nos petits pourront construire sur tout le capital que nous voyons avec fierté s'accumuler chez eux.

Au colloque sur la mort subite du nourrisson auquel nous avons assisté en septembre dernier, nous avons rencontré un couple des plus inspirants. Ils avaient perdu leur petite fille de vingt-deux mois pendant son sommeil dix-huit mois plus tôt.

La femme était enceinte de huit mois et elle et son mari semblaient amoureux, complices, heureux, confiants en l'avenir. Ils étaient magnifiques à voir.

Ils nous ont expliqué que suite à la mort de leur Jasmine, ils avaient beaucoup cogité sur le sens qu'ils voulaient donner à la vie, sur la façon dont ils voulaient l'honorer.

Ils ont affirmé qu'en dépit de tous les risques de souffrance qui viennent avec la venue d'un enfant, ils avaient accepté de prendre ce risque à nouveau. Après la mort d'un enfant, on repousse souvent l'idée de poursuivre la construction de sa famille, redoutant la douleur dorénavant trop familière qui peut nous attendre au tournant. Quel écorché vif voudrait prendre le risque de s'achever en affrontant le même drame une seconde fois?

Toutefois, le temps passe, adoucit parfois la perception de la souffrance. Prendre ce risque, pour un parent endeuillé, signifie aussi prendre le risque de tout le magnifique qui vient aussi avec la naissance d'un enfant. C'est là-dessus que le couple avait décidé de miser.

La certitude de tout ce beau peut sembler évident pour quiconque choisit d'avoir un enfant. Après tout, c'est la raison principale pour laquelle on choisit de concevoir un bébé. Et c’est bien ainsi pour assurer la survie de l’espèce : si nous avions la conscience absolue et viscérale de la douleur auquel on s’expose en faisant le choix de mettre au monde et de prendre sous son aile des poussinets que l’on ne peut immuniser à coup sûr contre toute agression, ne serions-nous pas terrifiés par notre propre impuissance? Cela pourrait affecter nos choix et avoir une grande incidence sur la prospérité de l’espèce humaine.

Après avoir pris malgré nous conscience que la mort et la souffrance sont aussi intrinsèques à la vie, on saisit doublement, je le crois, la valeur de chaque merveilleux moment qui nous est offert.

Ce couple avait repris confiance et était prêt à dealer avec les incertitudes et les coups bas de la vie. Leur attitude m'avait beaucoup touchée.

Je pense à présent à cette mère fraîchement endeuillée qui doit affronter la pire douleur qui soit. Je n'aurais que cette envie de lui offrir ma très perméable épaule pour qu'elle la mouille à volonté. Comme mes amies l’ont fait pour moi il y a neuf douloureux mois.

En tendant l’épaule, nous offrons une partie de notre force, mais également une partie de notre vulnérabilité. Ne pleure-t-on pas aussi ses propres blessures à travers la souffrance des autres? C’est peut-être ce que l’on appelle la compassion.

dimanche, décembre 03, 2006

Un vendredi soir


Du verglas. Une panne d'électricité. Un bébé affamé. Deux parents vont chercher du St-Hubert.

Un souper à la chandelle. Un bébé-ogre enfin rassasié. La maman le descend de sa chaise haute. Les deux parents continuent leur repas dans la quasi-obscurité.

Une fois repu, le père change de pièce. La mère fait quelques coucous au bébé, puis suit son homme. Le bébé pleurniche. La mère revient, le prend contre elle.

La mère, accotée sur un cadre de porte, discute avec le père dans l'obscurité.

Au bout de plusieurs minutes, odeur suspecte. Non, ce n'est rien d'organique. Le pantalon de bébé est humide, collant, a une drôle de texture. Mais quelle est donc cette odeur?

Le père éclaire le pantalon du bébé avec la lampe de poche. Il est bleu. Du même bleu que le mur de la cuisine. Les parents retournent sur les lieux du crime, éclairent le plancher. Une section du plancher de la cuisine est entièrement bleue.

Aux limites de l'immense flaque de peinture, des petites traces de pas bleues, de mignons orteils de bébé qu'on voudrait immortaliser là. Bébé s'est bien amusé on dirait.

Le père éclaire le visage de son fils. Il éclate de rire en voyant William Wallace. La mère rit de la situation. Bébé a la moitié du visage bleue, les vêtements bleus, les pieds et mollets bleus sous son pantalon.

Bébé est mis en quarantaine dans la chaise haute et le père et la mère se mettent à la tâche: chacun à quatre pattes, ils frottent vigoureusement la peinture avec le seul éclairage de la lampe de poche.

Soudain, le père renverse la mère dans la flaque de peinture et passionnément...Mais non, voyeurs, ils frottent toujours!! Pas le moment (snif snif) pour des fantaisies amoureuses colorées! ILS FROTTENT en ramassant les frites bleues autour de la zone sinistrée en rigolant.

Bébé, amusé de la situation, est joyeux dans sa chaise haute. Qu'il ait le visage rose, vert ou bleu n'a aucune importance pour lui: il a ses deux parents à ses pieds qui ramassent son dégât en lui faisant des coucous à la lueur de la lampe de poche. L'apogée du bonheur.