mardi, octobre 31, 2006

Que se gratte le tyran

L'aîné de ma famille est Orgueil. Jamais il n'admet être en position de faiblesse, à l'exception des moments où cela peut lui éviter de devoir admettre ses torts . Il devient alors une victime. Sa pire hantise: se faire surpasser par ses frères.

Vis-à-vis eux, il aime être proclamé et reconnu Roi. Il se plaît à les qualifier textuellement d'esclaves, il se croit dur comme fer dans son jeu de pouvoir et considère avec mépris celui qui ne reconnaît pas la légitimité de son titre.

Hélas, devant une telle attitude, certains de ses frères sont asservis. En vieillissant, ils réalisent bien l'arnaque, mais ne se sort pas si facilement qui veut de ce malsain pattern.

Cela exige un appui indéfectible aux cadets de notre part afin de les protéger de la dictature de l'aîné et inévitablement un bémol de notre part à notre grand prétentieux.

Hier, une arme sournoise est tombée sous la main de mon second fils, charmant garçon de neuf ans au coeur d'or et à l'âme généreuse: de la poudre à gratter. Cette poudre n'aurait pu trouver plus juste belligérant.

Excité à l'idée de se venger de la tyrannie chronique de l'aîné, mon Charme de neuf ans fait une première tentative tout ce qu'il y a de moins subtile en tournant anormalement autour de lui et en finissant par saupoudrer dans son cou une pincée de poudre magique.

Sans succès.

Incapable de contenir sa fébrilité, vient à l'idée du Charme de partager son nouvel engouement pour sa poudre (jusque là tenu secret) avec ses frères. Toute la fratrie est emballée, on se parle ici d'une grrrande découverte. Chaque garçon réclame sa quantité de poudre pour en expérimenter l'effet, chacun convoite le cou de l'autre en protégeant ses arrières.

Une fois la foire calmée, mon Charme réfléchit, piétine sur place, se questionne sur la façon ultime d'utiliser son instrument de vengeance.

Il va et vient dans le couloir, monte, descend, vient me murmurer des idées à l'oreilles, repart....

............

Et finalement, eureka.

Il remonte me voir, l'air mi-triomphant/mi-cherchant du regard mon approbation et me sussurre à l'oreille son plan d'attaque. Avec le plus grand des plaisirs, je suis complice. Comment refuser de le couvrir, lui qui pourrait tout aussi bien se prénommer Bonté?

Peu à peu, la fratrie se met au lit, les petits d'abord...

.............

Vient l'heure de mon Charme. Il se torture l'esprit sur ce que sera la réaction de son frère, se met à douter du sort terrible qui l'attend si le tyran venait à découvrir... Il est dans son lit, m'interpelle, tergiverse, anxieux et fébrile. Il attend les foudres du Roi.

Je le rassure de mon mieux, discute avec lui, l'aide à peaufiner sa future réaction devant l'inévitable riposte. Je dois l'avouer, c'est aussi moi qui me venge de l'insupportable tyrannie de l'Autre à travers les gestes du Charme.

Je monte prendre mon bain...tandis que patiemment, il attend....

................

M'apprêtant à resdescendre pour aller lire dans mon lit, je fais un saut dans la chambre de mon cher tyran, qui se tourne et se retourne en maugréant dans son lit. Il s'asseoit net en se tortillant pour atteindre du bout des doigts le milieu de son dos, ses épaules, ses bras. "Maman, il s'est vengé dans mon lit. Ça me pîque partout, dit-il avec une grimace désespérée. C'est sûr que c'est lui. Ça pîîîîque!!!!! Mamaaaan!!!! Fais quelque chose!!! Il en a mis partout dans mon lit!! Vas-tu le chicaner?"

Je sens dans la chambre d'à côté l'angoisse qui tient en haleine mon Charme, qui entend tout de la discussion et qui s'en sort (pour l'instant) en simulant être à moitié endormi.

Je demeure silencieuse tandis que mon tyran essaie de tirer ses couvertures par-dessus la zone sinistrée de ses draps en continuant de pester au même rythme qu'il se gratte.

(très peu persuasive...plus pour la forme)-Voyons mon grand, je serais étonnée que le Charme ait fait ça. ... (silence).....Je vois toutefois que ça semble te pîquer... (en tentant de retenir mon fou rire)

Le sourire magnifique qu'il me fait à ce moment trahit son amusement et sa reddition (momentanée bien sûr)... Je comprends dans la malice de son oeil que déjà, il mijote sa vengeance.

Ce matin, après le départ pour l'école de l'aîné, le Charme se dandine dans la maison en chantonnant, triomphant : "Je suis le Sauveur de mes frères, han han, je suis le Ssssauveur de mes frères, han han, yeaaaaah! C'est moi, c'est moi le Sssssauveur, haaaan-haaanh!"

Le tyran répliquera-t-il?

À suivre...

dimanche, octobre 29, 2006

Importance hiérarchique

Une auxiliaire familiale du CLSC venue nous aider à la maison après le décès de notre fils: "Je peux vous aider à faire à manger, à balayer, à plier du linge, à nettoyer le comptoir, à laver la vaisselle. Je peux faire pour vous plusieurs petites tâches qui allègeront votre quotidien.

Mais attention, je ne SUIS PAS une femme de ménage."

Notre femme de ménage la semaine dernière: "Je passe l'aspirateur, je lave la salle de bain, j'époussette. Je peux laver le frigo, arroser les plantes, laver les ronds de poêle. Mais attention, je ne ramasse pas les traîneries; je ne SUIS PAS une bonne."

vendredi, octobre 27, 2006

Ironie, quand tu nous tiens...

Je suis préparée. À 14h, la femme de ménage tant convoitée devrait sonner. Une première.

Depuis des semaines, je me prépare mentalement. Je me visualise enfin allégée de tout ce ménage qui me pèse tant. Je sens la fin du calvaire domestique tellement proche que l'entretien de la maison me semble moins lourd. Ça sent la Sauveuse au loin, avec un S majuscule SVP. Si elle me satisfait, je glorifierai cette femme.

Je n'avais qu'un fantasme en tête hier soir: dormir. C'était physique, émotif, viscéral. Mais une chose était encore plus puissante : la crainte que cette Sauveuse ne me plante là.

Et si elle trouvait ma maison trop bordélique pour accepter de m'aider? Et si les rénovations chroniques ici la rebutaient? Et s'il y avait tellement de jouets qui traînent qu'elle n'y voyait aucune possibilité de laver le plancher?

Merde, merde, merde. Ok, on respiiiiire.

Et on soupire pour un sprint final.

Je m'y mets. Je cours comme une folle dans la maison à 23h le soir, je fais du lavage, je descends des boîtes de linge d'enfant trop petit, je sors des retailles de bois du fin fond du sous-sol, je passe le balais, je jette des traîneries, de la paperasse inutile, je redécouvre la tonne de reliques accumulées sur le dessus du frigo.

Calmement, mon homme me demande: "Mais.... Pourquoi tu fais tout ça? Nous allons avoir une femme de ménage. C'est elle qui devrait tout se taper ça, tu ne penses pas?!".

-Erreur. Si la femme de ménage se pointe ici et constate l'ampleur du désastre, elle sera trop découragée et se sauvera en courant. Il faut mettre toutes les chances de notre côté.

-Tu es fatiguée, tu devrais lui laisser ça.

-Si je ne fais pas tout ça ce soir, elle sera terrorisée et je serai à nouveau seule avec tout le fardeau. Il FAUT minimiser l'impact visuel.

-Demain, je me lèverai avec toi et nous ferons tout ce qu'il faut avant qu'elle n'arrive.

Le matin venu, une fois les enfants partis pour l'école, mon homme et moi nous affairons à rendre notre maison somme toute séduisante pour la Reine à venir. C'est fou ce que les araignées travaillent fort la veille d'une visite importante! Je lave le plancher, allume des bougies parfumées, range les mille et unes traîneries.

Finalement, je m'arrête et regarde autour de moi. Je ne me rappelle plus la dernière fois que ma maison a été aussi propre (malgré le fait que j'aie tout de même pris soin de laisser de la poussière sur les cadres et du dentifrice dans le lavabo de la salle de bain... faut rester zen, quand même!).

Bon, ça y est, on sonne. Je prends une grande respiration.

Orgueilleuse, moi?

Naaa!

Juste heureuse de déléguer. :-)

jeudi, octobre 26, 2006

Le prix de la vanité

Un matin froid. Une maman bien reposée, patiente et mindée à être zeeeen pour le départ à l'école de ses mousquetaires.

Un petit garçon. Cinq printemps tout juste. Maman déclare que ce matin, tout le monde met son manteau d'hiver. Les deux grands de sept et neuf ans sont prêts et enfilent leur manteau sans rechigner.

Maman aide le Cinq-printemps à enfiler le sien.

Cinq-printemps, de par sa nature, est conservateur et insécur et ne reconnaît pas ledit manteau. Il recule, terrorisé à l'idée de mettre ce manteau rouge inconnu pourtant fort joli.

Les yeux remplis de panique, Cinq-printemps s'écrie : "Ce n'est pas mon manteau! "

Maman -Oui, c'est celui que tu porteras aujourd'hui.

Cinq-printemps, encore frais de sa crise précédente et au bord de la panique -Il est pas beeeeauuu!

Maman - Je le trouve très joli moi! En plus, tu es chanceux, c'est ton cousin Samuel qui te l'a donné!

Grand raisonnable de neuf ans, qui a déjà son sac sur le dos et qui attend patiemment la fin de la crise: "Wooow! Il est vraiment cool ton manteau. En plus, il a des poches! Regarde dans les poches, peut-être que Samuel a oublié des Légo dedans!"

Cinq-printemps, en sanglotant -Tout le monde va riiire de moi à l'écooole, tout le monde va penser que je suis grooos à cause de ce manteau!

Cinq-printemps soulève ses bras et les laisse retomber désespérément.

Maman -Tu n'es pas gros, tu le sais bien, c'est le manteau qui est fait comme ça.

Grand raisonnable de sept ans, tentant d'influencer à son tour la perception dudit manteau: "Moi je le trouve super ton manteau. Tu es vraiment chanceux, il est rouge! J'aimerais bien en avoir un comme ça!"

Maman fait de son mieux pour attacher le manteau et essuyer les larmes dans les petits yeux bleus remplis de détresse.

Cinq-printemps court à la salle de bain se regarder dans le miroir. Il revient en pleurant de plus bel, désespéré, ne pouvant se résoudre à accepter un tel accoutrement: "Je me suis REGARDÉ. Je me suis vuuu, je suis laid, je suis trrrès laid. Tout le monde va me trouver laid. Si une grande personne me voit, elle va aller dire aux petits de regarder comme je suis laid et tous les petits vont venir me voir pour me dire que je suis très laiiiiid et personne ne va vouloir jouer avec moi."

Maman, qui a déjà préalablement géré dix minutes de crise avec Cinq-printemps pour une histoire de muffins aux carottes dans le lunch plutôt que la barre tendre convoitée, commence à élever le ton: "ÇA SUFFIT. Je veux que tu arrêtes de t'inquiéter de ce que les autres vont penser. Aujourd'hui, TU PORTES ce manteau. Tu seras au chaud. Si les autres le trouvent laid.... tant pis pour eux. Ils ne sont pas obligés de te trouver beau."

Excédée, maman rajoute: "Et puis tu leur feras une grimace, tiens!"

Cinq-printemps -Non, je vais leur faire un doigt d'honneur.

Maman, indiscutable -NON.

Cinq-printemps -Oui. Et si tu m'obliges à porter ce manteau laid, je vais le jeter dans la rue.

Maman -...

Cinq-printemps -Écoute maman, je veux pas mettre ce manteau parce que il est très laid et si les amis rient de moi en disant "Ah-ah, Cinq-printemps est laid, ça va me rendre triste et fâché et quand je suis triste et fâché, j'ai envie de leur donner des coups de poing et tu aimes pas quand je donne des coups de poing."

Maman, épuisée -Les grands, allez nous attendre dehors.

Cinq-printemps -NOOON! Ne partez pas sans moi, attendeeez-moiiii!

Cinq-printemps regarde maman, le regard suppliant, les yeux encore humectés de son désespoir et de son humiliation précoce.

Calmement, maman conclut: "Tu le gardes pour aujourd'hui. Maintenant c'est l'heure de partir à l'école. Ce soir, nous sortirons tous les manteaux d'hiver qui te font et tu choisiras celui que tu préfères".

Cinq-printemps soupire. Maman trouve le compromis acceptable et envoie son petit mousquetaire rejoindre ses frères. Il se précipite vers la porte, inquiet de devoir courir pour les rattraper, puis s'arrête net. Il revient vers maman, l'embrasse et lui fait les yeux doux.

Maman essuie les vestiges de larmes et Cinq-printemps court rejoindre les grands qui attendaient patiemment la fin de la crise.

Maman regarde ses mousquetaires par la fenêtre. Elle le trouve bien charmant son Cinq-printemps, pourquoi s'inquiète-t-il autant? Bébé fait des bye-bye à ses frères avec sa délicieuse petite menotte.

Maman soupire intérieurement de penser à la gestion de crise évitée par le fait que les trois aînés ne soient pas si soucieux de leur apparence.

Et pas de fille dans la gang. Fiou.

mercredi, octobre 25, 2006

Portrait Junior

Hé l'ami! Oui toi...da-da-da-ta-ta-da-da-mamm-an, oui, c'est à toi que je parle! Bien que tu sembles fort occupé, j'ai quelques questions à te poser... sans vouloir avoir l'air trop suspicieux ni instrusif...

Je me demandais... Voià plusieurs fois que j'entre dans ton humble demeure et que ... Comment dire... Je ne sais plus où circuler. Vois-tu le plancher de la cuisine est recouvert de contenants de salades de fruits, de casseroles, de jus emballés, de boîtes de barres tendres, de plats de toutes sortes pêle-mêle.... Cela m'embarrasse, je n'ose avouer à ta mère à quel point le chaos de sa maison me rebute.

Tu as une idée de ce qui se passe? Elle ne ramasse jamais ou quoi? Elle se fâche en lançant des casseroles à travers la cuisine, c'est ça? Tu peux m'en parler...Elle ne vous blesse pas, toujours?

Peut-être cherche-t-elle souvent LE couvercle qui fitte avec LE plat... C'est vrai... ça expliquerait peut-être l'étendue du désastre...

Mais.... que fais-tu là? Bébé... non mais.... Wow, tu es vachement impressionnant! Et rapide!! Montre... Montre-moi encore ce que tu viens de faire? Tu parles!! Tu sais ouvrir des contenants de salades de fruits simplement en les lançant violemment à bout de bras sur des portes d'armoires! Tu es b-r-i-l-l-a-n-t !

Montre-moi encore comme ils glissent bien les tiroirs de votre nouvelle cuisine....


Ouvre-ferme-ouvre-ferme-ouvre...

Je vois que tu peux même t'asseoir aisément dedans... tes parents l'ont fait faire sur mesure pour toi? Plusieurs fois par jour, tu dis? Tu ranges tout toi-même ensuite?

Oh, je vois.... Tu as entendu à maintes reprises ta mère excédée demander à ton père d'installer des loquets et tu veux profiter à fond de ta liberté avant qu'il ne s'exécute...

Mais! Où vas-tu? Tu sembles pressé, les tiroirs ne t'intéressent plus? C'est parce qu'il n'y a plus rien à vider? Attends...


...........

Oh.

C'est vrai qu'elle est impressionnante cette bibliothèque. Tous ces livres étendus sur le plancher du bureau... ce sont tes parents qui cherchaient de l'information? Ils n'ont pas dû la trouver, à voir le bordel...

Hum.

Je vois... Tu es bien désolé de ne pas pouvoir atteindre les tablettes du haut. Tu sais la vider aussi rapidement que l'armoire à plats, hein? Honnêtement?

Non, pas vraiment, pas besoin de voir, je constate sur parole.

Le rack à souliers, c'est aussi ton oeuvre? Ne me regarde pas ainsi, je demandais ça comme ça...

................

Oh, pas vraiment non merci, je n'ai pas faim.... Toi si? Une fringale, tu dis?... Tu veux un biscuit? Parce que si tu veux, je peux... Quadrupède? T'es rendu où?...........


...........

Quadrupède?.....

Oh...........

......Tu as trouvé...

Euh...

Je ne suis pas vraiment familière avec la terre des plantes. Non non, je t'assure, même si elle est tropicale, ça ne m'allume pas plus que ça... Je te remercie quand même...

....Tu es sale un brin... Ta mère te lave parfois, dis-moi?

...............

lundi, octobre 23, 2006

Conseils stratégiques pour toi

Hé l'ami...Voici quelques conseils qui sauront agrémenter ta relation avec tes parents...

Tu as douze ans? Tu rentres de l'école avec ton meilleur ami en criant de délire à tue-tête? Attention l'ami, ta mère a peut-être son bureau à la maison, elle est peut-être au téléphone avec un client ou un fournisseur, elle serait peut-être en furie que tu prennes le risque de lui faire perdre sa crédibilité professionnelle par tes niaiseries sonores peu élégantes...

Supposons que tu ne l'es pas déjà au préalable....Sois plus discret, ta mère t'en sera sans doute reconnaissante.

Tu sais mon garçon, ta mamounet adorée pourrait avoir une majestueuse horreur de ressentir l'espace d'un instant de la honte à l'endroit de sa propre progéniture. Si tu veux impressionner ton ami par la puissance de tes rots, choisis ton moment....Tu veux bien?

Qui sait, peut-être serait-elle également moins rébarbative à tes incessantes demandes de te prêter son ordinateur pour te laisser télécharger quelques tounes sur ton mp3... La bonne volonté est très souvent un égard payant...

Ah, et autre chose: si jamais, par un curieux hasard, tu étais du genre à insister et harceler...et revenir à la charge encore avant d'insister à nouveau pour tes demandes... Saches que tu te tires dans le pied. Ce n'est probablement pas gagnant comme approche avec ce qui est probablement ton type de parent...

Chill, l'ami?

À répéter pour bien drainer

Un beau week-end comme celui que je viens de passer.

Que du précieux autour: ma famille, mon amoureux, la montagne, le dépaysement, un charmant B & B, un bon repas au resto, des douceurs.

Je me rends bien compte à quel point je suis fatiguée et à quel point mon lourd quotidien m'empêche de bien vivre mon deuil. Il suffit d'un week-end loin des responsabilités et des soucis pour que tout me ramène à mon petit homme. Dans ce pub où nous étions, l'ambiance était chaleureuse, le filet mignon divin, les yeux de mon homme brillants. Tout était parfait. Jusqu'à ce que les chansonniers -excellents- s'y mettent.

Malgré mon amour de la musique, ce fut suffisant pour gâcher ma sérénité du moment. Oups le romantisme. J'imagine que c'était correct aussi, il faut bien craquer de temps à autre pour drainer le chagrin. Je voyais bien, dans mon coeur, la petite jambe de mon bonhomme qui se serait mise à branler, je voyais bien le dandinement qu'il aurait eu dans sa chaise haute parce qu'inévitablement, il aurait été habité par le rythme, le bonheur et l'insouciance.

Il aurait tapé des mains, il aurait été complètement absorbé (je suis devenue bien malgré moi une inconditionnelle du conditionnel passé). Il aimait tellement la musique!

Impossible pour moi de dissocier la musique des émotions (la musique est un si beau mariage de la rationalité mathématique et du chaos des émotions!). C'est toujours si emportant...la guitare et l'accordéon de mon père et de mon oncle, les guitares, batteries, basses de mes cousins, le violon de mon amoureux, les réveillons du Jour de l'An chez mon oncle Paul où tout le monde joue aux carte, parle, chante, danse et rit.

L'an dernier, je revois si délicieusement vivant mon petit homme fasciné par la guitare d'oncle Paul, un peu intimidé par tous ces gens, un peu fièvreux, mais pas suffisamment pour l'empêcher de danser. Il était dans sa bulle de bonheur, les yeux rivés sur oncle Paul, son instrument et le son merveilleux qui en sortait.

Il dansait, timidement d'abord, c'était plus fort que lui, comme un appel de l'intérieur, il devait bouger. Il tapait du pied d'un rythme irrégulier, se dandinait les fesses, se penchait par en-avant, se redressait en dandinant encore ses adorables petites fesses, frappait des mains, hypnotisé par la déliciosité de la musique. Un pur moment de bonheur. Et toutes les tantes et les cousines autour complètement sous le charme de cet intense et magnifique petit garçon qui ne faisait rien d'autre que vivre intensément son moment présent. Il était beau, il était divin, il était magnifique.

Dans ce pub, sur ce son rythmé, c'était toute sa perfection que je voyais, la façon qu'il avait d'être captivé par ce qui le faisait vibrer.

Il me fallait partir, je n'aurais pu en tolérer plus, je n'aurais pu continuer de le voir si intensément vivant dans ma tête alors qu'en réalité, je ne peux plus l'entendre, le toucher ni le respirer. Et tant pis pour les dernières bouchées de filet mignon.

Je me questionne réellement sur le réveillon de cette année. Comment pourrais-je entendre la si essentielle musique d'oncle Paul dans les partys sans voir du même coup les purs moments de bonheur de l'an dernier, sans être confrontée au vide de cette année?

L'intensité des bons moments en famille avec l'indissociable vide ou l'isolement avec la si douloureuse absence pour tenter de l'apprivoiser pour cette première année?

Une longue méditation sur la question s'annonce pour nous.

Voilà la chicane qui débute entre mes chers amis les geais bleus. Tout ça pour des peanuts....

jeudi, octobre 19, 2006

L'arnaque du coin-coin


C'est avec beaucoup d'enthousiasme que je vous partage mes découvertes de la journée.

Complètement sous le charme des magnifiques oiseaux qui viennent se percher sur les échinacées de la plate-bande face à mon bureau, j'ai décidé d'apprendre à les connaître pour mieux pouvoir les nourrir par la suite.

Bon, je ne suis pas familière avec ces quelques espèces, mais ma patience devrait en venir à bout. Pour l'instant, ma culture ornithologique, je dois l'avouer, est assez limitée.

Avant aujourd'hui, je connaissais:

-Les mouettes (repoussantes et facilement identifiables près des poubelles ou sur les berges du lac Memphrémagog) ;

-Les pigeons (ils roucoulent et les mouvements de leur cou sont coordonnés avec ceux de leurs pas) ;

-Les geais bleus (quelles couleurs! quelle classe!) ;

-Les perruches (ben quoi?) ;

-Les outardes (j'adore leurs cris lorsqu'elles passent au-dessus de ma tête, je suis fascinée par leur organisation et leur cohésion sociale)

Avant aujourd'hui, j'avais la naïveté de croire que les oiseaux étaient séparés en deux catégories distinctes: ceux qui s'expriment par des pit-pit-pit et ceux qui sont plus confortables avec les cui-cui-cui.

Eh bien ce temps est r-é-v-o-l-u. À présent, je sais.

Ce matin, je me suis d'abord occupé des geais bleus. C'est fou la rapidité avec laquelle ils sont venus chercher mes peanuts. Les cinq beaux geais sont venus se servir à tour de rôle. De mon bureau, je les observais, admirative et enchantée.

Puis oh, en fin de journée, quelle divine gentillesse, mon amoureux est rentré du travail avec un guide d'initiation aux oiseaux pour satisfaire mon désir tout neuf de copiner avec la gente ailée de ma cour.

Je peux maintenant avoir l'air vraiment cultivé et vous impressionner un peu avec les cris typiques de quelques oiseaux. Mon oreille avisée commence même à capter des bribes de discussion ma foi, fort intéressantes.

Je sais maintenant et dorénavant que:

-Le plongeon huard chantonne ha-ou-ou en trémolo;

-La bernache mâle fait a-honk tandis que la femelle rouspète hink;

-Prétentieux, le canard branchu mâle soupire pfffuit et la femelle heureusement insolente rétorque wou-ik;

Au fil de ma lecture, j'ai également été désillusionnée sur le canard d'Amérique: moi qui ai toujours cru que les canards faisaient bêtement coin-coin, quelle stupéfaction de me rendre compte que non seulement j'étais dans l'erreur la plus totale, mais que pire encore, j'avais transmis cette fausse croyance à mes enfants.

Chers lecteurs, je vous informe en toute bonne foi que le canard ne fait point coin-coin et ne l'a jamais fait, contrairement à ce qu'on nous a toujours laissé croire. Le mâle crie plutôt whi whi whiou, ce auquel la femelle répond coua-ac (attention: le colvert, lui, fait arrmf, arrmf et le canard souchet fait touk-touk-touk...c'est à distinguer, car whi whi whiou peut être assez flatteur tandis que arrrmf arrmff peut être plus offensant pour le récepteur du message. On essaie d'éviter autant que possible les injures qui pourraient blesser les individus, pour la plupart assez susceptibles. Personnellement, un arrmff armfff surtout s'il est suivi d'un touk-touk heurte mon amour-propre et ne me donne pas envie de flirter).

Je poursuis...

-La sarcelle mâle fait tsip-tsip et fort ordinairement, la femelle ne lui répond qu'un vulgaire couac;

Quant au canard pilet, il s'efforce d'être original avec son prrrip-prrrip, mais lui non plus ne réussit à soutirer à la femelle rien de mieux qu'un simple couac.

Notons que la femelle sarcelle d'hiver innove par rapport à ses cousines avec son fantaisiste et ironique hin, hin.

Avec l'eider à duvet, on monte le standing d'un échelon: le mâle appelle aw-ouu-ourr et la femelle l'accote (enfin) aisément avec son kor-r-r.

J'ai appris, au cours de mes lectures, que la mouette tridactyle s'exprimait par des kaka-ouik ou des kitti-waak tandis que le goéland marin s'exprimait à grands coups graves de kiow et de âohk. Brrrr!

J'ai également mis fin à mon ignorance en ce qui concerne le goéland argenté, que je croyais à tort être une mouette. De mauvaise foi, mon oreille perfide a toujours cru entendre des waaaack-waccck en guise de cris. Détrompez-vous si vous le croyiez aussi car en vérité, le goéland argenté pousse des aillâk...aillâh...aillâk ou encore des yuk-yuk-yuk-yukl-yukll. Une telle méprise est impardonnable!

Je vous reviendrai bientôt avec quelques autres incontournables ainsi que des nouvelles de mes expériences ornithologiques. Il me semble de plus en plus essentiel de savoir bien communiquer avec les individus qui nous entourent.

J'ai déjà hâte à demain. L'idée d'échanger quelques onomatopées avec mes nouveaux amis me séduit littéralement. Avec un peu d'observation, je pourrais même trouver leurs noms. C'est réellement passionnant!

mercredi, octobre 18, 2006

Quand déclarer forfait?

J'ai discuté longuement de la logistique et de l'organisation de ma vie hier soir avec mon professeur de piano. C'est que malgré mon amour du piano, je n'avance pas aussi vite que je le voudrais. Je souffre d'une obsession de la performance. Dans toutes les sphères de ma vie....ce qui devrait donner quelque chose comme du 600% de façon optimale.

Je ne peux me résoudre à une seule passion et m'y consacrer corps et âme. Il me faut d'abord être une mère dévouée. De façon pragmatique, je mesure ma qualité de mère à la quantité de fois que je fais des biscuits ou des muffins dans une semaine. C'est rationnellement un indicateur merdique, mais c'est ça pareil. Une question de conscience, peut-être?

Que voulez-vous, c'est si doux de voir mon aîné rentrer de l'école et tenter de deviner, guidé par l'odeur, la sorte de biscuit qui cuit. C'est si tendre de les voir tous venir piger l'un après l'autre dans l'assiette de biscuits en tentant d'en prendre deux ou trois de plus que ce qui a été entendu en pensant passer inaperçus.

Mon temps de jeu avec mes enfants est le baromètre de la qualité de mon investissement personnel, qui fait royalement dur en ce moment, je m'en confesse bien bas à ma conscience maternelle. Quand est la dernière fois que j'ai joué au Stratégo avec ma Douceur de sept ans? Quand est la dernière fois que j'ai vu l'angoisse dans son regard lorsque mon colonel s'approche de son drapeau ou l'excitation et la fébrilité lorsque mon maréchal se dirige vers une de ses bombes?

Quand est la dernière fois que j'ai sorti le UNO et vu mon clown de neuf ans se tortiller de joie sur sa chaise à l'idée de faire piger quatre cartes à son grand baveux de frère? Et quand ai-je sorti le Mille Bornes et été amusée devant le désir de vengeance de mes enfants plus grand que celui d'accumuler des points?

Quand ai-je répondu à leur demande à l'ogresse que je suis de les dévorer tandis que je prépare le souper et qu'ils viennent m'agacer dans le but que je laisse momentanément mes légumes pour courir après eux qui courent illico se cacher en poussant des cris de bonheur?

Ces jeux sont le grand bonheur de ma marmaille, de tendres et précieux moments en famille. Je fais sacrement dur.

Je viens de m'inscrire à un nouveau cours à l'université. Suicidaire. Mais motivant. Honte à la mère que je suis, chapeau à la femme. Pire encore: je lutte contre ma folie pour ne pas succomber en plus un cours de tango pour m'emporter gaiement. Elle était si douce et si enivrante cette heure hebdomadaire de valse viennoise avec mon homme, droits et dignes, les yeux dans les yeux et la petite lueur d'envie réprimée...

Il y a aussi le comité de la commission scolaire, les réunions du conseil d'établissement, le travail, toutes les obligations domestiques. J'en oublie ma dernière soirée de massacre au Risk par mon stratégique d'amoureux et mes délectables victoires au Scrabble.

Comment condenser tant de passions dans une seule semaine? Quand prendrais-je le temps d'aller emprunter un livre sur l'ornithologie à la bibliothèque? Il me tarde de découvrir quels sont ces si magnifiques petits oiseaux qui viennent se percher sur mes échinacées pour manger les graines, quel est le nom de ces oiseaux qui viennent s'agripper à la vigne pour en manger les petits fruits?

Quand prendrais-je le temps de téléphoner à la mère d'Isabelle pour qu'elle m'aide avec la clé de Fa à l'accordéon? Les mélodies seraient tellement plus riches avec ces notes manquantes!

J'ai pensé que je faisais une mauvaise gestion de mon temps. Je pense maintenant qu'il manque simplement d'heures dans mes journées. Je ne peux plus couper, tout m'est précieux et j'ai une sainte horreur de devoir faire des choix et établir des priorités.

Il me faudra un jour penser à cesser d'empièter sur mes heures de sommeil.

dimanche, octobre 15, 2006

Donne-moi ta formule, je te dirais qui tu es

Il y eut un temps pas si lointain où le service à la clientèle était orienté civisme.

Dans les supermarchés, on nous apprenait à dire bonjour au client, à le vouvoyer, à nous intéresser minimalement à lui, à être attentif, à le regarder lorsqu'on lui parle, à avoir le sourire. On nous apprenait à peaufiner l'art de notre approche client, à adapter notre courtoisie naturelle au service à la clientèle.

À chacune de mes visites au supermarché, aujourd'hui, je suis rebutée par la sempiternelle formule pré-fabriquée de la caissière (bien sûr exemptée d'un "bonjour"
introductif): "Avez-vous des articles sous le panier?".

La caissière ne me regarde pas, parle avec sa collègue, ignore totalement ma présence, me lance un "48.21$, avez-vous la carte PC?") tellement diffus qu'il aurait pu s'adresser aussi bien à ladite collègue, au client suivant qu'à moi-même.

Elle me tend la facture avec autant d'empressement que de désintéressement et me lance mécaniquement son "Merci, vous auriez pu accumuler 4821 points". Et au suivant.

Mardi, jeudi ou dimanche, je retournerai à cette épicerie de quartier et on me servira toujours la même formule. Et fort probablement le même désintéressement. Standardisation des procédés. Et ce, peu importe à quelle caisse je passerai.

Les formules sont tellement standardisées que la caissière ne se mouille plus. Aucune ne se distingue par son sourire, son énergie ou sa familiarité. Tout est dans la formule, tout est dans le message devenu un outil marketing de mauvais goût. Déprimant.

Je vais régulièrement à plusieurs épiceries de mon plus large quartier. Et j'observe. Idem dans les pharmacies, boutiques et autres commerces. J'observe le civisme, le vouvoiement, la courtoisie, l'approche. Je peux aisément deviner quel supermarché accorde de l'importance à cette approche-client. Je paie plus cher, mais la caissière ne raconte pas durant toute ma transaction sa fin de semaine vraiment cool à son emballeur ou à sa voisine de caisse. Elle est attentive à moi et pense à sortir les suçons tant attendus qui feront la joie de mes enfants. Une attitude éveillée et chaleureuse, un nanane, un client qui paie plus cher et tout le monde est content.

Chaque jour, je m'invente patron et un de mes premiers soucis est de me payer le luxe pourtant nécessaire d'une formation en service à la clientèle pour mes employés. Ça ne semble plus naturel d'avoir un minimum de civisme. Oui à un petit atelier de formation qui pourraient faire toute une différence. Standardisation des qualifications.

Dans ma tête, je m'assure que mes clients soient capables d'avoir "le sourire dans la voix", de dire un vrai bonjour, et pourquoi pas, de demander comment ça va et que ça ait l'air naturel (au risque de me faire répondre ce que j'ai infligé en guise de réponse à la pauvre caissière du Jean Coutu qui a osé me poser la question le jour des funérailles de mon fils).

J'essaie de faire confiance à l'entregent et au professionnalisme de ceux que j'embauche en leur donnant des outils qui les suivront toute leur vie professionnelle durant au lieu de ces horribles formules mécaniques déshumanisantes.

"Avez-vous la carte Petro-Points?", "Avez-vous la carte du Club Z ?", "Avez-vous trouvé tout ce que vous cherchiez?", "C'est pour porter à votre compte HBC?", "C'est pour porter à votre compte Sears?".

Bien beau tant de promo, mais difficile d'être spontané pour une caissière qui doit se taper un double-rôle: celui d'apposer le sceau de vente sur la transaction et tenter de la pousser plus loin encore en y appliquant la formule de vente obligée. Et n'allez pas croire que j'excuse l'air nonchalant et exaspéré de la caissière sous prétexte qu'on lui exige beaucoup.

Lorsqu'il m'arrive d'aller dans un commerce où la caissière a une attitude particulièrement agréable, je lui fais le commentaire et lui mentionne ma satisfaction. Je suis doublement satisfaite si le patron est dans les parages et que je peux lui donner le miel de mon appréciation.

La cliente exigente que je suis est aussi juste, reconnaissante et loyale à ces trop rares employés-sourires.

mercredi, octobre 11, 2006

L'art de la pédagogie au mauvais public

Je l'avoue, je suis de ce type de mère qui tente de tout expliquer à ses enfants par souci du juste, y compris l'inexplicable, y compris ce qui pourrait être vulgarisé encore cinq ou six fois, et tente tant bien que mal de se sortir des cul-de-sac.

Le sujet de l'heure du dodo: la fausse-couche de maman

Fiston de 7 ans y va de sa question quotidienne: "Qu'est-ce que t'as fait aujourd'hui?"
(Moi) -J'ai passé encore beauuucoup d'heures à l'hôpital. Vous m'avez manqué, mes amours.
(Fiston de 7 ans) -Pourquoi?
(Moi) -Il fallait voir s'il restait beaucoup de sang dans l'utérus de...
(Fiston de 5 ans) -Oui mais mamaaaan, est-ce qu'il y a encore un bébé dans ton ventre?
(Moi) -Non Poupou, il n'y a plus de bébé.
(Fiston de 7 ans) -Oui mais pourquoi, le stérilet empêche les mamans d'avoir des bébés?
(Moi)-Euuh... En fait... C'est un petit instrument que l'on met dans le ventre des mamans lorsqu'elles ne veulent pas avoir d'autres bébés tout de suite...ça empêche de s'accro....
(Fiston de 7 ans) -Oui mais ça ressemble à quoi?
(Moi) -À un T.
(Fiston de 7 ans)- Un T majuscule ou un t minuscule? Parce que si c'est un t minuscule, ça pourrait ressembler aussi à un x.
(Moi) -C'est vrai.
(Fiston de 5 ans) -Oui mais le bébé, il était gros comment?
(Moi) -Très très petit. Minuscule. Plus petit qu'un pépin d'orange.
(Fiston de 7 ans) -Mais comment le stérilet peut faire pour empêcher le bébé de s'accrocher (en imitant un bébé désespéré qui tente tant bien que mal de s'agripper avec ses mains crispées)
(Moi) -Euh... En fait.....Euh... Le stérilet est fait...euh...avec un matériau....
(Fiston de 5 ans)- Et sa tête, elle était grosse comment?
(Moi) -Très petite.
(Fiston de 5 ans) -Grosse comme un ballon? Grosse comme quoi? Han maman?
(Fiston de 7 ans) -Mais non, si son corps est gros comme un pépin, sa tête ne peut pas être grosse comme un ballon!
(Moi) -Sa tête était vraiiiment minuscule.
(Fiston de 7 ans) -Comme une fourmi?
(Fiston de 5 ans) -Comme un noyau de cerise?
(Moi) -Les garçons.... Il était juste vraiment vraiment petit, il n'avait pas encore de bras et de jambes et il ne s'est rendu compte de rien.
(Fiston de 7 ans) -Oui mais il fait comment pour s'accrocher s'il n'a pas de bras ?
(Moi) -Euh... En fait.... Il est un peu.... collant! Il se colle à l'intérieur du ventre de la maman, un peu comme quand on pile sur un morceau d'orange et qu'il nous colle au pied.
(Fiston de 7 ans) -Ah.
(Fiston de 5 ans) -Ah. Mais ça se peut pas un bébé qui est gros comme un pépin d'orange. Un bébé, c'est plus gros que ça.
(Moi) -...

Assez patiné pour ce soir. Leçon suivante dans quelques années. J'ai le temps de peaufiner mes méthodes d'ici là.

vendredi, octobre 06, 2006

Grand-maman est bizarre

Grand-maman a la solution à tout. Ce n'est jamais la solution traditionnelle, mais c'est quand même une solution.

Grand-maman se soigne avec des feuilles de choux. Elle "tire" différents maux avec de l'argile, y ajoute parfois quelques gouttes d'huiles essentielles en nous expliquant soigneusement les propriétés de chacunes. Elle nous soigne avec son énergie. "Elle est un peu comme une sorcière".

Grand-maman arrive toujours à la maison avec des trucs inusités: des huiles (pressées à froid évidemment), des granules pour le système immunitaire, les os et les dents, des pommades aux plantes, des crèmes m-e-r-v-e-i-l-l-e-u-s-e-s, des échantillons de produits naturels, des capsules de yogourt, des shampoings bio.

Elle tient dans son immense sac qu'elle traîne partout toutes les essences imaginables des Fleurs de Bach, des compresses pour tout type d'accident improbable qui pourrait survenir, des capsules et des comprimés de toutes les formes et de toutes les couleurs. Trouvez-vous n'importe quel bobo, grand-maman aura pour vous le petit miracle qui vous remettra sur pieds.

Lorsqu'elle vient en visite, on se rue toujours sur elle pour lui demander si elle a des surprises. C'est l'espoir qui nous tient en haleine.

On déchante toutefois rapidement lorsqu'elle nous offre avec bienveillance des sirops qui goûtent pas bon, des gouttes mystérieuses qui vont dans on ne se souvient jamais quel orifice, des huiles, des vitamines, du magnésium, du calcium pour les petits os qui se sont fracturés deux fois, de l'esther C, de l'échinacée, des Oméga 3-6-9, des sels rares et appréciés. (C'est toujours un casse-tête de se rappeler les capsules rondes et vertes sont pour quel enfant, quelle carence et doivent être prises avant ou après les repas avec possibilité ou pas de croquer et à quelle fréquence les ingurgiter. )

Lorsque le constat est fait que la surprise dans le sac de grand-maman n'est pas un jouet, on perd tout intérêt et on fait de notre mieux pour s'éclipser discrètement pour ne pas trop être impoli. Parfois, on a aussi du mal à cacher sa déception.

Parfois, hourra, la surprise n'est pas une nouvelle sorte de vitamine révolutionnaire. On est emballé lorsque ça se mange et que ça a des allures de gâterie.

On déchire le paquet avec empressement, on prend une bouchée, on grimace, puis on met de côté en osant un commentaire: "Ça ne goûte pas vraiment le chocolat, grand-maman...."

-Bien sûr que non mon chéri, c'est du caroube et c'est biologique.

-J'aime pas vraiment ça...

Grand-maman sourit. Elle connait bien sa réputation et l'assume entièrement.

Méfiants, les garçons demandent toujours, avant un souper chez grand-maman, ce qu'on va manger, "parce que chez grand-maman, on mange toujours des choses qui goûtent bizarre".

L'avant-dernière fois, on a eu droit à du pop corn. Yessss! Enfin une vraie cochonnerie! Impossible de trafiquer cette gâterie avec quoi que ce soit de naturel....

....Quelle déception de voir grand-maman saupoudrer de la levure alimentaire et du sel marin dans son pop corn sauté dans une huile d'excellente qualité. Mais bon, on en a tout de même redemandé! Ce n'était pas si mal...

***

Ce soir, grand-maman nous attendait pour le dessert. Pleins d'espoir, les garçons ont pensé y échapper. Après tout, il s'agissait d'un dessert et un dessert devrait toujours être cochon...

On s'installe à table après notre belle soirée au Bal des Citrouilles, tout le monde a un petit creux. Au milieu de la table, quelque chose d'incroyable: deux petits gâteaux au caramel Vachon entre des muffins grano et des galettes épeautre et chocolat.

Les quatre garçons se battent pour le seul emballage de gâteaux au caramel, se bousculent, se l'arrachent des mains pour échapper au jeûne. Fiou! Grand-maman en avait un autre paquet de caché, toutes les papilles, tous les estomacs ont été épargnés...

Grand-maman propose un chocolat chaud. Yeessss, c'est la fête, on y a échappé ce soir! Les quatre enfants acceptent...et déchantent tous après la première gorgée. "Grand-maman, il goûte bizarre ton chocolat chaud"....

-Bien sûr mon chéri, c'est du chocolat naturel et c'est biologique. Tout est biologique ici. Tu veux peut-être que je te rajoute un peu de sucre naturel?

On s'éclipse doucement en balbutiant un semblant de réponse en espérant passer inapercu....

Shit. On s'est encore fait avoir.

mercredi, octobre 04, 2006

Le temps est venu

Il y a quelques semaines, en relaxant dans mon bain, il y eut un premier mystère. Tandis que je réfléchissais, une petite masse bleu fluo attirait mon attention au plafond de la salle de bain. Une question fort simple habita alors mon esprit: "Comment un motton de dentifrice a-t-il pu se retrouver à cet endroit?"

Il y a deux jours, en discutant avec mon amoureux, je dus interrompre mon discours pour confirmer l'identité du long spaghetti collé au mur. Encore une fois, les interrogations pullullèrent.

Je vous épargne les traces mystérieuses de pieds sur les murs, la télécommande de la télé dans la cage du lapin, les tomates du jardin dans la piscine (si, je vous assure!) et autres incongruités.

La question mijote depuis de nombreux jours, mais c'est entièrement mûr ce matin et j'ai fait le move: j'ai téléphoné à une femme de ménage. J'ai reconnu et accepté ma largement atteinte limite. Rendue là, c'est une question de survie.

Alleluia.