Je commence à prendre goût à ces épisodes de réseautage d'affaires.
Tout d'abord, il faut démontrer de l'ouverture aux autres et de l'entregent. Avoir l'air solide et professionnel. Être à l'écoute, audacieux et opportuniste. Mais pour commencer, il faut être présentable ou encore mieux, jolie. J'enfile donc une robe noire class et mon tailleur tout ce qu'il y a de plus chic.
Je me résigne ensuite aux bas de nylon, sachant très bien que même si je quitte la maison avec des bas de nylon intacts, j'arriverai à coup sûr à destination avec des mailles.
Je cherche la délicate chaîne en or offerte par mon amoureux. Honte à moi, aucun des petits coffres à bijoux joliment décorés par mes enfants ne la contient. Je cherche partout, en vain. Merde.
Il n'y a que des colliers faits avec des bouts de pailles colorées, des grosses billes de bois et des animaux en pâte à sel.
Hmm. L'idée me séduit. J'ai vachement envie de l'incongruité...
C'est le genre de fantaisie qui m'amuse : un élément incongru, absurde, pas rapport dans un ensemble cohérent. Je souris par en-dedans en tentant de demeurer sérieuse (quasi impossible) et attends les réactions.
Je m'imagine très bien avec ce collier de pailles coupées afficher mon air forcément pseudo-professionnel serrer la main de mes compatriotes d'affaires tandis que les paires d'yeux déstabilisées de mes interlocuteurs se posent sur mon merveilleux collier sans trop oser de commentaires.
Arrgh, cela me titille!! J'aime observer l'impact de ma façon de me présenter aux gens lors de nos rencontres subséquentes. Par exemple, je sais maintenant qu'à la Chambre de Commerce, je suis "oui oui, celle qui fait de la gestion de courriels et qui a six enfants!".
J'aimerais savoir (parfois à mes risques et périls) si je pourrais maintenant devenir la divine femme en superbe tailleur noir, "vous savez, celle qui avait des mailles à ses bas de nylon et un ri-di-cu-le collier de pailles de plastique ?".
Je tente le coup devant le miroir et suis satisfaite de l'effet coloré dans mon cou. C'est p-a-r-f-a-i-t. Mes enfants seraient si fiers de savoir que je porte réellement les colliers qu'ils m'ont fabriqués avec tant de coeur". C'est délicieusement contrastant.
Je grimace d'envie... mais ce ne sera pas pour aujourd'hui. Je me dois d'être une solide entrepreneure plutôt qu'une excentrique incongrue et sans crédibilité.
Je vais finalement à mon dîner d'affaires le cou nu. Je souris aux gens, je serre des mains, je discute, distribue et empoche des cartes.
Je souris devant la courtoisie et la vitalité des échanges, devant la futilité de d'autres, devant certaines personnes qui cherchent à se donner une contenance encore malhabile (j'en fais assurément partie), devant les discours narcissiques des autres membres (aussi une de mes spécialités), devant le présentateur qui se donne toujours un mal fou à essayer d'être drôle et enthousiaste pour bien refléter le dynamisme économique municipal.
À ma table, des gens sympathiques, stimulants et drôles. Une femme et un homme qui s'offrent des yeux intéressés et doux. Pour illustrer ses propos et en guise d'une évidente complicité professionnelle, l'homme ose glisser ses doigts délicatement dans la nuque de la femme qui rit de plus bel en lui jetant un regard tiers-étonné/tiers pudique/tiers-rrrrwaarr!
Je suis indéniablement une observatrice amusée dans l'univers des tailleurs-cravates.
2 commentaires:
Ya Axel qui ne cesse de hurler dans ma tête : «Welcome to the jungle» !
Comme je les trouve assez moches, ces soupers-là, j'aurais bien aimé vous avoir dans mon comté, Grande Dame. Je m'y sens toujours un peu déphasée, et pourtant... j'ai les clés.
Moi qui danse en tutu rose dans ma tête pendant que vous pavanez le fantôme de collier de paille... deux femmes accomplies sirotant les cocktails gratos en imaginant que c'est de la potion magique... Une alliée rigolote, ce serait bienvenu à travers les cot-cot-cot !!!
Voilà une incongruité qui me plaît: danser en tutu rose sur Welcome to the jungle! :-P
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